Une langue internationale, simple à apprendre et à utiliser, pour permettre aux hommes et aux femmes du monde entier de communiquer entre eux. Utopique ? Pas tant que ça. Cette langue universelle, l’espéranto, existe depuis 1887 et compterait 3 à 10 millions de locuteurs. Qu’est-ce que l’espéranto ? Comment est née cette « langue internationale » et comment fonctionne-t-elle ?
Qu’est-ce que l’espéranto ?
Créé de toutes pièces, l’espéranto est une langue proposée en 1887 par un médecin polonais, le docteur Ludwik Zamenhof. Son objectif : simplifier la communication entre les peuples et faciliter les échanges d’un pays à l’autre. Son projet baptisé « langue internationale » sera publié sous le pseudonyme « Doktoro Esperanto », soit « le docteur qui espère ».
C’est ce patronyme fictif qui donnera son nom à la langue bien réelle qu’il crée. Imaginé comme une langue universelle, l’espéranto n’est la langue officielle d’aucun État ni d’aucune communauté, faisant de cette langue un moyen de communication neutre sur le plan politique, commercial, culturel ou encore social.
Le médecin n’invente pas l’espéranto par hasard. Né en 1859 au cœur de la communauté pluriethnique de Bialystok, entouré de Polonais, d’Allemands, de Juifs et de Russes, Zamenhof a l’idée d’une langue universelle, qui permettrait à tous de communiquer sans difficulté. Une langue dénuée de tout socle historique, à la fois efficace et pacifique.
En 2017, 130 ans après sa création, l’espéranto est utilisé comme une langue véhiculaire, c’est-à-dire une langue employée comme moyen de communication entre interlocuteurs n’ayant pas la même langue maternelle. On estime que la langue compte 3 à 10 millions de locuteurs, originaires d’au moins 120 pays. Si le nombre exact est difficile à déterminer, le Guinness world des records en comptabilise 6 millions. Facile, pratique, humaniste, la langue n’a pas pour but de remplacer les langues existant dans les différents pays du monde, ni d’imposer son hégémonie comme l’anglais, devenu progressivement la langue de la politique, de l’économie et des technologies.
Construit de A à Z, l’espéranto n’est officiellement rattaché à aucune famille de langues. Toutefois, une grande partie de son vocabulaire, ainsi qu’une partie de sa structure grammaticale en font une langue proche des langues indo-européennes. C’est effectivement de ce groupe linguistique que Ludwik Zamenhof s’est inspiré pour créer sa langue artificielle.
Apprendre l’espéranto : un jeu d’enfant ?
L’espéranto est souvent présenté comme une solution à la fois efficace et économiquement équitable pour remédier aux problèmes de communication qui se posent entre deux personnes n’ayant pas la même langue maternelle (ou ne maîtrisant pas de langue en commun).
Apprendre l’espéranto serait plus facile qu’apprendre n’importe quelle autre langue. C’est même l’essence de ce langage : pour faciliter son utilisation et sa diffusion, son créateur a volontairement créé une langue simple et rapide à assimiler. Chaque lettre représente invariablement un seul phonème.
Mais qu’appelle-t-on concrètement, une langue « facile à apprendre » ? Si l’on décortique l’espéranto, on remarque tout d’abord que sa grammaire obéit à des règles régulières, sans exception. Autre signe distinctif : l’espéranto est constitué de mots qui se combinent pour générer un vocabulaire à la fois précis et très riche, à partir d’un nombre limité de morphèmes et de racines lexicales. On parle de langue agglutinante.
Deux particularités qui rendent l’apprentissage de l’espéranto accessible à tout âge et qui offrent à la langue une flexibilité quasiment infinie. Pour autant, l’espéranto n’est pas une langue « facile à apprendre », car elle nécessite des efforts et de la pratique, comme tout apprentissage. Il serait plus juste de dire qu’elle est moins difficile à apprendre que les autres langues.
En constante évolution lexicale et grammaticale, l’espéranto s’enrichit chaque jour ou presque. Deux entités veillent sur la langue :
– l’Académie d’espéranto, qui contrôle l’apparition de nouveaux mots ;
– l’Association mondiale anationale, qui publie le plus grand dictionnaire reconnu en espéranto.
Pour savoir à quoi ressemble l’espéranto, en voici un extrait du discours de Zamenhof, son créateur, en 1905 :
L’espéranto, une langue universelle mais encore peu usitée
Générant un engouement non négligeable à ses débuts, la langue s’est rapidement développée dans les années qui ont suivi son apparition. Les premières méthodes d’apprentissage en ligne, à l’aube des années 2000, ainsi que les sites proposant des cours d’apprentissage de masse et les réseaux sociaux ont offert une nouvelle légitimité à l’espéranto comme langue universelle.
À l’heure actuelle, l’espéranto est reconnu comme la seule langue à fonctionner sur les cinq continents et dans plus de 100 pays, et est l’une des langues officielles reconnue par l’Académie internationale des sciences de Saint-Marin. En Hongrie, l’université Loránd Eötvös propose un cursus d’enseignement de l’espéranto, dont le diplôme est reconnu par le cadre européen commun de référence pour les langues. De la même manière, quelques universités en Chine, en Slovaquie, en Roumanie, en Pologne, en Bulgarie ou encore au Brésil proposent des cycles d’études en espéranto.
En France, la langue universelle a longtemps souffert d’un manque de considération, de la part des politiques, de l’enseignement et des entités culturelles. Un désamour qui pourrait être corrigé : Florence Robine, n°2 du ministère de l’Éducation nationale, a indiqué le 12 avril 2017 (à l’occasion du centenaire de la mort de Zamenhof) qu’elle était favorable à l’idée de rencontrer de directeurs d’école désirant proposer aux élèves une initiation à l’espéranto dans leur enseignement. Un premier pas timide, qui a le mérite d’être fait.
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