Concentration, curiosité, écoute, réflexion : le fait de parler plusieurs langues stimule le cerveau de bien des manières, chez l’enfant comme chez l’adulte, peu importe la langue acquise. Comment fonctionne un cerveau bilingue ? Quels sont ses spécificités et ses avantages par rapport au cerveau d’une personne unilingue ?
Être bilingue, un « améliorateur » cérébral
L’apprentissage d’une langue sollicite deux aires cérébrales particulières dans notre cerveau : l’aire de Wernicke, qui permet de comprendre les langues, et l’aire de Broca, qui permet de s’exprimer à l’oral. Au-delà de ces spécificités cognitives, être bilingue permet au cerveau de fonctionner de manière plus efficace.
En effet, l’obligation de jongler entre deux langues, la langue maternelle et la langue apprise, offre aux personnes bilingues un meilleur contrôle des fonctions exécutives de leur cerveau. En d’autres termes, les facultés d’attention, de mémoire, de raisonnement développées par l’apprentissage de la langue sont renforcées. Un avantage pour l’apprenant, qui peut ainsi traiter chaque information plus rapidement et s’adapter plus efficacement à l’évolution d’une situation dans leur vie quotidienne, par exemple. Les aptitudes de contrôle cognitif, la flexibilité mentale, la capacité à exécuter des tâches demandant des changements, le suivi et le contrôle de conflit sont ainsi plus aisés pour une personne bilingue.
Ce constat est étayé par l’étude menée en 2015 par des chercheurs de l’université de Georgetown. Ces chercheurs se sont penchés sur le cortex préfrontal, qui joue un rôle majeur dans la gestion des fonctions exécutives du cerveau. Grâce à l’imagerie médicale, ils ont pu constater que le volume de matière grise du cortex préfrontal d’un cerveau bilingue est plus important que pour un cerveau unilingue. La preuve par la science que les personnes bilingues ont des fonctions exécutives plus importantes que la moyenne.
Être bilingue présente donc un atout de taille pour le cerveau, chez les enfants comme chez les adultes et les personnes âgées. L’avantage pour les enfants se situe au niveau du fonctionnement de la mémoire visuospatiale et verbale, plus performante que chez un enfant unilingue.
Le cerveau bilingue, mieux armé contre les maladies cérébrales ?
Cet avantage du cerveau bilingue au niveau des fonctions exécutives pourrait avoir des effets sur le long terme, en prévenant l’apparition de maladies neurodégénératives.
La maladie d’Alzheimer, qui engendre la perte progressive et irréversible des neurones, impacte directement les fonctions mentales et la mémoire. S’il n’existe pas de remède pour empêcher son apparition et son développement, l’apprentissage des langues et la pratique régulière de celle-ci tout au long d’une vie permettrait de retarder l’apparition des symptômes jusqu’à 5 ans. C’est en tout cas ce que montrent les études d’une équipe de chercheurs de l’Institut Rotman de Toronto. En examinant les dossiers médicaux de 200 personnes atteintes de la maladie, il apparaît que le bilinguisme permettrait de créer des « réserves cognitives », retardant l’apparition de la maladie.
Stimuler son cerveau en permanence, en faisant appel à des connaissances acquises, en apprenant, en écoutant, en lisant, en parlant une autre langue, permet de solliciter ses neurones au quotidien et de mieux les préserver du vieillissement… À condition de coupler cette pratique avec une alimentation équilibrée, la pratique d’une activité sportive et un rythme de vie raisonnable. Un esprit sain dans un corps sain, en somme.
Tous les cerveaux bilingues ne se ressemblent pas
En fonction de leurs expériences propres, de l’âge d’apprentissage d’une autre langue et de leur environnement, les personnes bilingues présentent des différences au niveau de la structure neurologique de leurs cerveaux.
Il existe deux types de bilinguisme : le bilinguisme simultané, lorsqu’une personne apprend deux langues dès la naissance, et le bilinguisme d’acquisition, quand une personne acquiert une seconde langue au cours de sa vie et a donc une langue dominante (sa langue maternelle).
Chez les personnes ayant acquis deux langues dès leur plus jeune âge, on constate que le volume de matière grise du cortex pariétal inférieur gauche est accru. C’est cette partie du cerveau qui permettrait à ces personnes d’équilibrer leurs connaissances dans une langue comme dans l’autre, et de passer de la première à la seconde sans difficulté.
Le volume de matière blanche (des faisceaux de fibres qui connectent la matière grise et transmettent les informations entre les cellules nerveuses) est également plus important dans un cerveau bilingue. On peut donc en déduire que parler plusieurs langues peut modifier la façon dont les structures neurologiques traitent une information, comme l’atteste une étude menée par Viorica Marian, directrice du département de Communication Sciences Disorders de l’université Northwestern et par Anthony Shook, à Chicago.
Chez les enfants comme chez les adultes et les seniors, le bilinguisme revêt des effets positifs sur le développement du cerveau et permet même de retarder son vieillissement. Une raison de plus, s’il en fallait une, d’apprendre une langue à tout âge !
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