Si les Italiens sont connus pour « parler avec les mains », chaque langage à travers le monde s’appuie sur la communication non verbale, en usant de signes, de gestes et d’expressions du visage pour créer un échange. Alors que certaines de ces expressions sont universelles, d’autres sont propres à une partie du monde, voire à un seul pays. Tour d’horizon de ces signes à travers le monde qui composent le langage corporel.
Le langage corporel, inné et universel ?
L’histoire, la culture, les déplacements et les rencontres entre les peuples ont donné naissance à une multitude de langues à travers le monde. Toutefois, il y a 20 000 ans, le langage corporel des hommes était identique partout sur le globe et répondait à un objectif fondamental : celui de rester en vie. Signaler un danger, prendre la fuite, se nourrir, s’abriter : autant de nécessités exprimées par les mêmes signaux. Les millénaires qui ont suivi ont vu les peuples évoluer différemment selon leur culture et leurs rites, les incitant à adapter leur comportement gestuel.
Pour autant, comme le montre les études de Desmond Morris, docteur en zoologie à l’université d’Oxford, il existe une « grammaire gestuelle », inconsciente et universelle, basée sur ces signaux ancestraux. Le docteur en psychologie Paul Ekman, pionnier dans l’étude des émotions, démontre qu’il existe sept émotions exprimées de la même manière à travers le monde. Il s’agit de la joie, la tristesse, la colère, le dégoût, la peur, la surprise, et le mépris.
Ces émotions passent en grande partie par le visage, les yeux et la bouche. Ainsi, un sourire de joie, des yeux écarquillés par la surprise, une bouche qui se tord de dégoût, ou un visage qui s’affaisse sous le poids de la tristesse seront interprétés de la même façon, que vous soyez en Australie, en Laponie ou au cœur de l’Amazonie. Inné et commun à tous les peuples, ce langage non verbal outrepasse le langage oral et écrit pour créer un lien entre les hommes du monde entier.
La communication non verbale et ses variations dans le monde.
Chaque pays, chaque peuple se distingue par une histoire, une culture, des rites et des coutumes, une religion parfois, qui conditionne son langage, mais aussi sa gestuelle. Un véritable « code de conduite identitaire » s’instaure alors et donne naissance à des gestes parfois compris dans un seul pays ou une seule région. De la même manière, un élément de langage corporel peut exister dans deux pays distincts et revêtir une signification totalement différente d’une contrée à l’autre. Ces gestes, marqués culturellement et propres à un pays ou à un peuple, sont appelés « emblèmes ». Ces emblèmes, qui ont une forme fixe, sont l’équivalent des expressions idiomatiques ou régionales à échelle de la gestuelle ; chaque culture en possède environ 200.
Parmi les éléments de langage corporel typiquement français, on peut citer :
- Être ivre (en mettant son poing devant son nez et en le faisant tourner) ;
- Passer sous le nez (qui s’exprime sans grande originalité, en passant son doigt ou sa main sous son nez) ;
- C’est rasoir (en passant de manière répétée le dos de sa main sur sa joue) ;
- Mon œil (en plaçant son index sur sa paupière inférieure).
Le pouce en l’air, le V de la victoire formé avec l’index et le majeur ou le moins glorieux doigt d’honneur, s’ils sont très courants en France et plus largement en Occident, n’ont pas le même sens partout dans le monde. Certains de ces éléments de communication non verbale sont même commun à deux cultures mais adoptent des sens différents suivant l’endroit où l’on se trouve. Par exemple, joindre son pouce et son index pour former un cercle signifie « tout va bien » aux États-Unis. En France, ce symbole est utilisé pour dire zéro alors qu’autour de la Méditerranée, le geste est utilisé pour faire allusion à l’homosexualité, et à l’argent au Japon.
De la même manière, en Occident, le geste faisant référence au suicide est formé en plaçant son pouce et son index sur sa tempe, pouce ver le haut. En Nouvelle-Guinée, on placera sa main sur sa gorge et au Japon, on placera son poing sur son ventre pour exprimer la même idée.
Ces emblèmes, également appelés gestes autonomes, sont la plupart du temps traduisibles par une phrase ou un mot. Ils peuvent accompagner la parole, ou exprimer à eux seuls une idée. Cette théorie est confirmée par Paul Ekman et Adam Kendon. Spécialisé dans l’étude de la gestuelle, ce dernier s’est penché sur les gestes emblèmes rencontrés à Naples, l’une des régions les plus riches en matière de communication non verbale. Il en ressort que ces emblèmes se manifestent dans trois domaines sémantiques, à Naples, et partout dans le monde :
- Le contrôle sur autrui (menaces, excuses, refus, ordres) ;
- L’expression d’une humeur (fatigue, énervement, félicitations) ;
- Les commentaires à propos d’un tiers (il est ivre, il est fou…).
Prudence donc lorsque vous visitez un pays étranger : le geste amical que vous esquissez pourrait être mal interprété !
Assimil vous accompagne ….
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