Le Cadre européen commun de référence pour les langues, aussi appelé Cadre européen des langues, a été conçu en 2001 par le Conseil de l’Europe pour généraliser les niveaux de maîtrise d’une langue étrangère, à l’échelle du continent. Ces paliers de connaissances constituent à présent une référence dans l’apprentissage et l’évaluation linguistiques, en Europe et au-delà. Comment fonctionne ce cadre européen des langues ? Quels sont ses objectifs et ses avantages ?

Cadre européen des langues : un projet ambitieux

Le Cadre européen commun de référence pour les langues, publié en 2001, relève d’un projet audacieux initié par le Conseil de l’Europe, consistant à identifier les aspects théoriques de l’apprentissage d’une langue pour simplifier l’apprentissage et l’évaluation dans toute l’Europe.

Un concept novateur

La principale révolution introduite par ce cadre européen consiste à proposer une échelle d’évaluation de la maîtrise des langues, neutre et adaptée à toutes les langues, par opposition aux autres systèmes d’évaluation adaptés à une seule langue.

Il s’agit d’un « guide » de principes théoriques et de référence, qui suggère une base commune pour mettre en place les programmes d’apprentissage et d’examens partout en Europe (voire dans le monde). Pour parvenir à ce but, le Cadre européen des langues dégage des actes de communication utiles et les organise selon des échelles thématiques à 6 niveaux. Ce système détaillé est suffisamment général pour s’adapter à la diversité de chaque langue.

Une volonté de développer les échanges et la mobilité

Le Cadre européen des langues a vu le jour dans le but premier de servir l’économie européenne, en simplifiant la mobilité des personnes et des compétences. En effet, si le commerce international concerne par définition tous les pays, quelle que soit leur taille ou leur situation géographique, les échanges se font en majorité dans trois langues; en anglais et en espagnol, langues les plus parlées en Amérique, et en mandarin standard, langue officielle de la Chine. De son côté, l’Europe, historiquement morcelée, compte une cinquantaine de pays parlant environ autant de langues. Comme il s’agit de nations indépendantes, aucune langue commune n’a été imposée au cours de l’Histoire. Ce « patchwork » politique et linguistique, associé à la nécessité de peser sur l’échelle internationale, a largement encouragé la recherche d’un système d’évaluation commun pour simplifier les échanges de biens, de connaissances et les déplacements humains.

Un système d’apprentissage et d’évaluation commun à tous

En standardisant l’apprentissage des langues européennes et en lui apportant plus de transparence, le Conseil de l’Europe a permis la diffusion de niveaux standardisés, classés de A1 à C2, des échelles de compétences et d’un système d’évaluation global. L’analyse des compétences d’un apprenant, de ses forces et de ses lacunes, permet ainsi de mieux analyser son profil et de mettre en place, si besoin, les outils nécessaires à sa progression.

Les critères d’auto-évaluation se définissent comme suit :

  • A1 : Niveau introductif ou découverte
  • A2 : Niveau intermédiaire ou de survie
  • B1 : Niveau seuil
  • B2 : Niveau avancé ou indépendant
  • C1 : Niveau autonome pour un usage régulier dans des contextes de difficulté raisonnable
  • C2 : Niveau maîtrise

Cadre européen des langues : un concept qui transcende les frontières

Né en Europe, le Cadre européen commun de référence pour les langues s’est diffusé au-delà du continent pour franchir les frontières américaines et asiatiques. Il existe actuellement 39 versions linguistiques du cahier des charges de ce cadre :

  • 33 appliquées aux langues européennes (albanais, allemand, arménien, basque, bulgare, catalan, croate, danois, espéranto, estonien, finlandais, français, frioulan, galicien, géorgien, grec, hongrois, italien, langue macédonienne, lituanien, moldave, néerlandais, norvégien, polonais, portugais, russe, serbe (version iékavienne), slovaque, slovène, suédois, tchèque, turque et ukrainien) ;
  • 4 appliquées hors de l’Europe (arabe, chinois, coréen, japonais) ;
  • et 2 appliquées à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe : l’anglais et l’espagnol.

De cadre européen, le processus s’est mué en étalon universel pour enseigner et estimer les compétences linguistiques d’un pays à l’autre. En pratique, un Français ayant étudié le Coréen peut indiquer son niveau (B2, C1, C2,…) sur son CV et être parfaitement compris par les recruteurs sur place. Un concept plus clair et plus précis que les termes « notions »,  « courant », « bilingue » ou « écrit, lu et parlé » qu’on trouve parfois sur les candidatures, et qui ne donnent finalement pas d’idée concrète du niveau de la personne.

En effet, les grades de compétences mentionnés par le Cadre européen des langues ont l’avantage d’être totalement objectifs, et vérifiables par une certification. Une garantie à ne pas négliger, lorsque l’on sait que la maîtrise des langues étrangères est désormais un critère plus important que l’expérience professionnelle et apparaît au deuxième rang des critères des recruteurs au moment d’attribuer un poste.