Dans l’extrême nord de l’Europe, aux abords du cercle polaire, la langue same est parlée par 35 000 Samis, parmi lesquels l’incontournable Père Noël. Découvrez toutes les particularités de cette langue et son histoire pour devenir incollable sur ce dialecte de Laponie et glisser, pourquoi pas, un petit mot au Père Noël dans votre liste de cadeaux.
La langue same, une langue plurielle
Parlée par environ 35 000 Samis en Laponie, la langue same est un dialecte appartenant à la famille des langues finno-ougriennes. Les Samis formant un peuple transfrontalier, leur territoire n’est pas rattaché à un état en particulier. Il s’étend du centre de la Suède à la péninsule de Kola en Russie, en passant par le nord de la Norvège et de la Finlande.
Le peuple sami se compose de différents groupes, unis par leur culture, leur histoire et leur territoire, mais se distinguant par des variantes au niveau du langage. Concrètement, cette langue de Laponie se divise en deux groupes :
- les langues parlées par le groupe same de l’ouest (same du sud, de Ume, de Lule, de Pite et du nord) ;
- les langues parlées par le groupe same de l’est (same Skolt, Same de Ter, de Kildin, d’Akkala, d’Inari et de Kemi aujourd’hui éteinte)
Le same du nord est la forme la plus parlée, avec 30 000 locuteurs estimés. On lui doit notamment le mot « toundra », qui désigne les vastes prairies des pays froids, gelées en profondeur, peuplées de rennes et d’élans et parsemées de lichens et d’arbres nains. On dit que, pour désigner l’aspect d’un renne, cette langue dispose d’environ 400 mots.
Si les similitudes sont nombreuses entre les langues de chaque groupe, il convient de considérer les « variantes du same » comme plusieurs langues distinctes mais reliées entre elles. Cependant, les variations sont majeures entre l’est et l’ouest, plus importantes que les différences qui existent entre le danois, le norvégien et le suédois par exemple. Une variété qui fait toute la richesse de cette langue de Laponie malheureusement menacée.
La langue de Laponie au bord de l’extinction ?
Sur les 11 langues sames répertoriées historiquement, 9 d’entre elles seraient encore parlées actuellement. Ce chiffre tombe à 8 si l’on considère que le same d’Akkala est très probablement éteint depuis le début du XXIe siècle. Le same de Ter est quant à lui en danger puisqu’il ne compterait qu’une demi-douzaine de locuteurs tous très âgés. Même le same du nord, pourtant parlé par 30 000 locuteurs, est considéré comme une langue en danger selon l’Unesco.
En 2011, l’Onu a publié un rapport afin que les gouvernements suédois, norvégiens et finlandais redoublent d’efforts pour sauvegarder ces précieuses langues de Laponie. Des efforts ont été amorcés depuis, en plus de ceux fournis depuis le milieu du XXe siècle.
La préservation des langues sames
Différentes initiatives et textes officiels ont été adoptés pour reconnaître, préserver et pérenniser l’usage des langues sames dans leur diversité.
La constitution norvégienne de 1988 stipule que l’État doit « créer les conditions permettant à ce peuple autochtone de préserver et développer sa langue ». À son tour, la Finlande inscrit dans sa constitution, en 1992, sa volonté de garantir aux Samis le droit d’utiliser leur langue pour communiquer avec les autorités locales et nationales. En 2002, la Suède reconnaît quant à elle le same comme l’une des 5 langues minoritaires du pays.
Depuis 1979, dans les 3 pays, les administrations scolaires, l’enseignement, les textes officiels, les radios, la télévision et la presse écrite emploient le same du Nord, la langue same la plus parlée, pour assurer sa promotion. Elle bénéficie de presque tous les efforts des institutions pour la valoriser au détriment parfois des autres langues de Laponie.
De leur côté, les Samis ont essayé de protéger eux-mêmes leur patrimoine linguistique dès 1956 en créant le Conseil nordique, une union d’associations sames de Norvège, de Suède et de Finlande. Rejoint en 1992 par une association same de Russie, le Conseil nordique devient le Conseil sami. Sur le plan politique, des parlements sames existent depuis les années 1990 et exercent leur autorité en particulier dans l’enseignement, la langue et la culture au sein des trois pays scandinaves.
Si les initiatives se poursuivent pour préserver le same, de nombreux efforts restent à faire pour valoriser la langue dans toute sa diversité et lui permettre de survivre à travers les années.
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