Parlé majoritairement en Roumanie et en Moldavie, le roumain est une langue qui prend ses racines dans le latin vulgaire. Il appartient à la famille des langues indo-européennes et plus précisément au groupe de langues romanes orientales. Zoom sur son héritage linguistique.
Expansion de l’empire romain et racines du roumain
Le roumain prend son origine des guerres menées par l’empereur Trajan au début du IIe siècle, pour agrandir l’empire romain. Trois provinces sont alors envahies : la Dacie – correspondant à la Roumanie actuelle, la Mésie et l’Illyrie. Le latin se diffuse dans ses régions et les populations thraco-daces abandonnent leur langue au profit du latin. Dès le IIIe siècle, de nouveaux envahisseurs se succèdent, forçant les populations locales à se réfugier dans les Carpates. Le latin résiste. Mais un peu plus d’un siècle après la soumission de la Dacie, les Romains décident d’abandonner la province alors en proie aux invasions germaniques. Les arrivées des Huns à la fin du IVe siècle, puis des Slaves au VIIe siècle finissent d’éradiquer les derniers vestiges de l’héritage romain : structures politiques, villes et villages, notamment. Si le latin parvient à se maintenir malgré ces invasions, il n’échappe pas à quelques influences linguistiques des différents envahisseurs. C’est le cas notamment du slave qui fait évoluer le latin parlé en Dacie.
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Une langue initialement orale, qui s’écrit et se normalise
L’histoire du roumain n’est pas si récente, et pourtant, cette langue est restée longtemps orale. Le premier document écrit en roumain remonte au XVIe siècle seulement. Il s’agit d’une lettre à un marchand, écrite en alphabet cyrillique.
Cette absence de traces écrites s’explique par le fait que les élites n’écrivaient pas en roumain, mais en hongrois, en allemand ou en grec. Mais de nouveaux textes vont être rédigés par la suite – notamment des textes religieux et la Bible.
Difficile de savoir si l’alphabet latin avait été utilisé avant l’alphabet gréco-cyrillique qui apparaît dans ces premiers écrits. Quoi qu’il en soit, l’alphabet cyrillique roumain, utilisé jusqu’à la moitié du XIXe siècle, est composé de 44 caractères. Certains groupes de lettrés de Roumanie militent en faveur de l’introduction de l’alphabet latin. Une courte période de transition s’opère pendant laquelle les deux alphabets cohabitent. Puis, l’alphabet latin prend le dessus en 1860.
Fondée en 1866, l’Académie Roumaine tient un rôle important dans la normalisation de la langue roumaine. Après avoir abandonné l’alphabet cyrillique au profit de l’alphabet latin en 1860, il reste encore à établir une orthographe officielle des mots roumains. La toute première réforme officielle entre en vigueur en 1881. Deux clans s’opposent : ceux qui veulent une orthographe étymologique et ceux qui veulent une orthographe basée sur la phonétique du roumain. C’est cette dernière option qui finit par s’installer en Roumanie, au fil du temps, après plusieurs réformes orthographiques opérées dans le but de simplifier la langue.
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Une langue qui sait assimiler
Le lexique roumain est donc en toute logique, multiculturel. Selon une statistique datant de la fin des années 1980, environ un tiers des mots roumains ont été transmis du latin, et environ 10 % prennent leurs racines dans le slave commun et le vieux slave. Les langues des pays voisins comme le bulgare, le grec, le hongrois et le russe, participent également à l’évolution de la langue roumaine. Au XIXe siècle, ce sont les langues romanes occidentales, telles le français ou l’italien, qui s’ajoutent au mélange et qui rappellent les racines latines du roumain. Au total, les mots d’origine latine et romane représentent près de 3/4 du vocabulaire roumain actuel. Mais le roumain n’a de cesse d’évoluer et depuis la chute du mur de Berlin, les mots anglophones s’invitent de plus en plus dans la langue roumaine. Une preuve supplémentaire de la malléabilité de cette langue, qui malgré les différentes influences qu’elle a subies au fil des siècles, n’a jamais perdu son héritage latin puisqu’elle en conserve certaines règles de base comme la forme neutre ou encore la déclinaison des substantifs. C’est pourquoi la langue roumaine est souvent considérée comme la plus latine des langues romanes.
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Le roumain au XXIe siècle
Pour rappel, le roumain est la langue officielle de la Roumanie. Il s’agit de la langue maternelle de plus de 90 % de la population roumaine. Elle est également parlée en Moldavie. Au total, dans le monde, environ 28 millions de personnes parlent roumain, soit en tant que langue maternelle, soit en tant que langue secondaire. Outre la Roumanie et la Moldavie, on trouve des locuteurs roumains dans d’autres pays, comme les États-Unis, l’Ukraine ou encore Israël.
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