Parlé majoritairement en Roumanie et en Moldavie, le roumain est une langue qui prend ses racines dans le latin vulgaire. Il appartient à la famille des langues indo-européennes et plus précisément au groupe de langues romanes orientales. Zoom sur son héritage linguistique.
Expansion de l’empire romain et racines du roumain
Le roumain prend son origine des guerres menées par l’empereur Trajan au début du IIe siècle, pour agrandir l’empire romain. Trois provinces sont alors envahies : la Dacie – correspondant à la Roumanie actuelle, la Mésie et l’Illyrie. Le latin se diffuse dans ses régions et les populations thraco-daces abandonnent leur langue au profit du latin. Dès le IIIe siècle, de nouveaux envahisseurs se succèdent, forçant les populations locales à se réfugier dans les Carpates. Le latin résiste. Mais un peu plus d’un siècle après la soumission de la Dacie, les Romains décident d’abandonner la province alors en proie aux invasions germaniques. Les arrivées des Huns à la fin du IVe siècle, puis des Slaves au VIIe siècle finissent d’éradiquer les derniers vestiges de l’héritage romain : structures politiques, villes et villages, notamment. Si le latin parvient à se maintenir malgré ces invasions, il n’échappe pas à quelques influences linguistiques des différents envahisseurs. C’est le cas notamment du slave qui fait évoluer le latin parlé en Dacie.
À lire aussi : Le roumain, Ionesco et la méthode Assimil : entretien avec Vincent Ilutiu
Une langue initialement orale, qui s’écrit et se normalise
L’histoire du roumain n’est pas si récente, et pourtant, cette langue est restée longtemps orale. Le premier document écrit en roumain remonte au XVIe siècle seulement. Il s’agit d’une lettre à un marchand, écrite en alphabet cyrillique.
Cette absence de traces écrites s’explique par le fait que les élites n’écrivaient pas en roumain, mais en hongrois, en allemand ou en grec. Mais de nouveaux textes vont être rédigés par la suite – notamment des textes religieux et la Bible.
Difficile de savoir si l’alphabet latin avait été utilisé avant l’alphabet gréco-cyrillique qui apparaît dans ces premiers écrits. Quoi qu’il en soit, l’alphabet cyrillique roumain, utilisé jusqu’à la moitié du XIXe siècle, est composé de 44 caractères. Certains groupes de lettrés de Roumanie militent en faveur de l’introduction de l’alphabet latin. Une courte période de transition s’opère pendant laquelle les deux alphabets cohabitent. Puis, l’alphabet latin prend le dessus en 1860.
Fondée en 1866, l’Académie Roumaine tient un rôle important dans la normalisation de la langue roumaine. Après avoir abandonné l’alphabet cyrillique au profit de l’alphabet latin en 1860, il reste encore à établir une orthographe officielle des mots roumains. La toute première réforme officielle entre en vigueur en 1881. Deux clans s’opposent : ceux qui veulent une orthographe étymologique et ceux qui veulent une orthographe basée sur la phonétique du roumain. C’est cette dernière option qui finit par s’installer en Roumanie, au fil du temps, après plusieurs réformes orthographiques opérées dans le but de simplifier la langue.
À lire aussi : les bonnes raisons d’apprendre le roumain
Une langue qui sait assimiler
Le lexique roumain est donc en toute logique, multiculturel. Selon une statistique datant de la fin des années 1980, environ un tiers des mots roumains ont été transmis du latin, et environ 10 % prennent leurs racines dans le slave commun et le vieux slave. Les langues des pays voisins comme le bulgare, le grec, le hongrois et le russe, participent également à l’évolution de la langue roumaine. Au XIXe siècle, ce sont les langues romanes occidentales, telles le français ou l’italien, qui s’ajoutent au mélange et qui rappellent les racines latines du roumain. Au total, les mots d’origine latine et romane représentent près de 3/4 du vocabulaire roumain actuel. Mais le roumain n’a de cesse d’évoluer et depuis la chute du mur de Berlin, les mots anglophones s’invitent de plus en plus dans la langue roumaine. Une preuve supplémentaire de la malléabilité de cette langue, qui malgré les différentes influences qu’elle a subies au fil des siècles, n’a jamais perdu son héritage latin puisqu’elle en conserve certaines règles de base comme la forme neutre ou encore la déclinaison des substantifs. C’est pourquoi la langue roumaine est souvent considérée comme la plus latine des langues romanes.
Le roumain au XXIe siècle
Pour rappel, le roumain est la langue officielle de la Roumanie. Il s’agit de la langue maternelle de plus de 90 % de la population roumaine. Elle est également parlée en Moldavie. Au total, dans le monde, environ 28 millions de personnes parlent roumain, soit en tant que langue maternelle, soit en tant que langue secondaire. Outre la Roumanie et la Moldavie, on trouve des locuteurs roumains dans d’autres pays, comme les États-Unis, l’Ukraine ou encore Israël.
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Merci pour cet article
Bonjour,
La Roumanie étant voisine de la Bulgarie, j’ouvre une parenthèse à tous les slavistes:
Qui a étudié le bulgare avec la méthode ASSIMIL ?
(Le bulgare « sans peine » + guide de conversation « Le
bulgare de poche ») ?
Quels sont vos impressions en terme d’apprentissage et
de progression?
Pour moi c’est une très bonne méthode, mais qui devrait
être réactualisée.
Le bulgare (avec le macédonien) a des spécificités
grammaticales qui le différencie des autres langues
slaves, et il n’existe que peu d’ouvrages francophones
pour apprendre le bulgare qui est parlé par environ 10
millions de personnes au sein de l’Union Européenne.
Là je m’adresse spécifiquement à Michel BELLON:
Je pense que tu dois connaître le livre « Manuel de
langue bulgare à l’usage des étrangers » de S.Guinina, Tz.
Nikolova, et L. Sakazova (1965 réédité en 1972).
Hormis son âge et sa grande proximité avec la Bulgarie
communiste de l’époque, que penses tu de cet ouvrage
en terme de didactique et de pédagogie ?
(Je t’ai peut-être déjà posé la question il y a un certain temps, mais je ne me rappelle plus, et il est impossible de retrouver facilement les anciens commentaires de ce blog !)
Pour les personnes qui s’intéressent à la Bulgarie, à sa
culture et à son histoire, je ne peux que conseiller le
roman « Sous le joug » d’Ivan Bazov (1850-1921) traduit
en français par Marie Vrinat-Nikolov (co-auteure du
bulgare « sans peine » et professeur à l’INALCO) dont le
titre original est « Под игото » (Иван Вазов).
L’étude de ce roman historique est obligatoire dans tous
les lycées de Bulgarie, ainsi que le poème « Аз съм
българче » du même auteur.
???
Bonjour Chris,
Mon avis sur le Bulgare sans peine est très positif. Je regrette seulement que ce que les auteures appellent, selon la tradition grammaticale française, le « mode médiatif » (dit « mode narratif », преизказно наклонение en bulgare), ne soit pas présenté d’une manière plus complète, car la formation et surtout l’emploi de ce mode sont des points assez difficiles de la grammaire du bulgare. Mais il faut remarquer que la plupart des méthodes disponibles à l’étranger négligent aussi cette question, qui n’est pas toujours abordée de façon très claire et approfondie (on est là un peu dans une situation comparable à celle du traitement des accents et tons du croate, par exemple). De ce point de vue, ni Routledge dans son Colloquial Bulgarian, ni Teach Yourself dans son Bulgarian ne font vraiment mieux. La leçon 84 du Bulgare sans peine énumère bien la plupart des cas d’emploi du médiatif, mais les exemples proposés et ceux qu’on trouve dans les textes où des verbes sont employés à ce mode mériteraient d’être mieux analysés, me semble-t-il.
Je connais bien le Manuel de langue bulgare à l’usage des étrangers de Stefana Tsvetanova Guinina, Tsvetana Nikiforova Nikolova et Liouba Anastasova Sakăzova. C’est à l’aide de ce livre, étudié de bout en bout, que j’ai (re)travaillé la langue lors de mon premier séjour professionnel en Bulgarie, en 1981, et d’ailleurs avec sa version en russe, Учебник болгарского языка для иностранцев, puisque je n’avais à ce moment-là autour de moi que peu de collègues francophones susceptibles de m’aider dans cette tâche. L’apprentissage en immersion est d’une efficacité sur laquelle il me semble inutile d’insister. Je n’ai acquis qu’un peu plus tard la version en français de l’ouvrage, et il en existait aussi une en anglais ainsi peut-être qu’en allemand et en espagnol, mais j’en suis moins sûr car je n’ai jamais eu l’occasion de les voir. Ce manuel, qui reflète une époque disparue, a longtemps constitué le « passage obligé » pour les étrangers étudiant le bulgare dans les cours organisés par les universités du pays, notamment ceux plus spécialement destinés aux étudiants pendant l’été. Mon opinion est là encore très positive, comme elle l’est par exemple pour les ouvrages conçus dans le même but en Tchécoslovaquie (Čeština pro cizince – Le tchèque sur la base du français, de Václav Vlasák, Milan Šára, Jitka Šárová et Antonín Bytel) ou en Roumanie (Cours de langue roumaine de Boris Cazacu). Dans le manuel de bulgare, la question du mode narratif n’est abordée principalement que dans trois leçons, dans la seconde partie du cours. Il faut dire que même les grammaires de la langue écrites en bulgare, qui s’adressent donc avant tout aux bulgarophones de naissance, sont elles aussi parfois assez succintes sur le sujet. Mais la progression d’ensemble du Manuel est bien pensée, et l’aspect « idéologique » moins pesant que ce qu’on pourrait redouter.
Il y a une petite coquille dans ton texte, dans la translittération du nom d’Ivan Vazov (Иван Вазов), le « patriarche de la littérature bulgare ». C’est exactement le genre d’inattentions que je commets moi-même (comme récemment encore !) et qui me rendent furieux quand je m’en aperçois, trop tard… 😀
Bonne soirée,
Michel.
Bonjour Michel,
Une refonte du bulgare « sans peine » est prévue normalement pour mai 2020.
D’après une des auteures (Marie Vrinat-Nikolov), l’étude du mode médiatif (formation et conditions d’utilisation) sera plus approfondie que dans la version actuelle publiée en 2001.
Bonjour assimil,
y a t-il une chance de voir publier au moins une nouvelle mise à jour de l’ hindi ? au minimum
Cordialement
Merci Michel,
Effectivement, je fais souvent ce genre de coquille lorsque je passe rapidement de l’alphabet cyrillique à l’alphabet latin
en passant par l’alphabet grec, et ce malgré ma vigilence… ?
Je recommande également le film bulgare « Тютюн » (« Tabac », 1961) tiré du roman de Димитър Димов / Dimităr Dimov (1909-1966).
En outre, la bibliographie et le nombre de publications de Marie Vrinat-Nikolov (co-auteure du bulgare « sans peine », 2001) disponibles sur le site de l’INALCO sont impressionants.
Sans vouloir « vendre la mèche » trop tôt ni dévoiler des secrets éditoriaux;
oui, je crois savoir qu’une refonte du bulgare et du hindi sont en cours d’écriture pour les éditions ASSIMIL.
A suivre de près…
Je trouve que le roumain facile à apprendre vu que cette langue est latine et qu’il y a des mots qui ressemblent à l’italien, au Français et à l’espagnol donc je suppose avec la méthode Assimil, aucun problème
Le roumain n’est pas aussi simple à apprendre;
il y a des conjugaisons assez complexes à l’instar des autres langues néo-latines et à la différence des autres langues de cette même famille, il y a des cas de déclinaison et un système d’article défini postposé.
Enfin, si 90% des mots roumains sont d’origine latine,
les 10% restants sont des mots d’origine slave, hongroise, grecque, et turque.
le roumain vient du prelatin, le latin tire ses racine dans le preroumain et pas l’envers. Voici ce que le consiliere de Pape dit:
https://youtu.be/duxk_EJAwo0
Bonsoir Decebal,
Ce que dit ce monsieur fait partie des élucubrations qui encombrent l’histoire des langues. Un rapide coup d’œil à la chronologie, en dehors même de toute considération linguistique, suffit pour comprendre l’incohérence de ses affirmations.
D’autres ont en leur temps cru que toutes les langues dérivaient de l’hébreu, ou bien que le grec, le latin ou l’arabe avaient été les premières langues de l’humanité. Heureusement, les progrès accomplis depuis près de deux siècles dans la connaissance de l’histoire linguistique permettent de se faire une idée plus juste de la réalité.
Bonne soirée,
Michel.
Hi there would you mind sharing which blog platform you’re working with?
I’m planning to start my own blog soon but I’m having a tough time deciding between BlogEngine/Wordpress/B2evolution and Drupal.
The reason I ask is because your layout seems
different then most blogs and I’m looking for something unique.
P.S Sorry for being off-topic but I had to ask!
Hi, we’ve just changed our theme. The previous one was developed in WP but was a commissionned one.
Regards
Bonsoir,
Encore une modification sur le site qui semble entraîner au passage la destruction de certains des commentaires les plus récents… C’est un peu désespérant, surtout qu’aucune annonce de ce changement n’avait été faite.
Élie a posté hier ici-même un message intéressant, qui n’existe plus. Pourra-t-il être récupéré ? J’avais l’intention de lui répondre (ainsi qu’à Chris pour son commentaire du 4 avril), raison pour laquelle j’en ai fait ce matin une copie. Je serais donc en mesure de reposter son message d’origine, mais je dois bien avouer que je vais maintenant attendre avant d’envoyer quoi que ce soit, au moins quelques jours, pour ne pas être encore confronté à ce problème de disparition des messages…
Bonne soirée,
Michel.
Michel, nous n’avons pas vu passer le moindre commentaire d’Elie sur l’administration du blog. Tout cela est très étrange.
Merci Michel,
Bonjour Assimil,
Je confirme la disparition, à deux reprises, de mon post du 12 novembre :
Présent le 13/11 et …….. disparu ensuite, reposté le 15/11 et redisparu le 17/11.
Et cela, après avoir passé l’obstacle (légitime) de la modération.
C’est un peu décevant et plutôt dissuasif quant à la participation à ce forum.
Cordialement.
Elie
Votre demande du 16 novembre :
« Bonjour Assimil,
Vous serait’il possible d’effacer le commentaire ci-dessus afin que je puisse le recopier à la bonne place. Eh oui, lorsqu’on découvre, on tâtonne un peu.
Merci d’avance.
Elie »
Bonjour,
Nouvelle disparition de mon commentaire, reposté le 15/11 et redisparu le 17/11.
Et cela, après avoir passé l’obstacle (légitime) de la modération.
C’est un peu décevant et plutôt dissuasif quant à la participation à ce forum
Cordialement.
Elie
Elie, nous tentons de comprendre ce qui se passe. Vous nous avez demandé, le 16, de supprimer un post. Ce que nous avons fait. Peut-être nous sommes nous trompés de post ?
Par ailleurs, il ne s’agit nullement d’un bloc-notes, mais d’une zone de commentaires, pas du tout idéal pour échanger rapidement comme dans un service de chat ou de messagerie instantané.
Rebonjour Edition Assimil,
Moi aussi je tente de comprendre le fonctionnement de ce blog.
J’ai été un peu perturbé par la disparition inexpliquée de mon post du 12/11 qui traitait de sur la facilité/difficulté d’apprendre le roumain.
J’avais signalé cette disparition mon commentaire du 15/11 à 14h14. Mais, comme ce commentaire n’était pas sous la bonne arborescence, je vous avais en demandé la suppression. J’ai bien compris que je n’aurais pas dû et je vous promets de ne pas recommencer
Je vais donc tenter de republier, pour la troisième fois, mon post initial.
Peut-être sera-ce la bonne.
Bien cordialement.
Elie
Bonjour Editions Assimil,
La disparition inexpliquée d’un post a généré un certain nombre de commentaire. Le problème ayant, apparemment, été réglé, ces publications n’ont plus lieu d’être.
En outre, elles parasitent la lecture de ce blog. Cela me semble dommageable car il contient des informations extrêmement intéressantes mais, malheureusement, noyées dans la masse.
Je vous propose de me contacter afin de réfléchir ensemble à un « élagage » de façon à revenir à la clarté initiale? Vous pouvez, sauf erreur de ma part, accéder à mon adresse email (même si elle n’apparaît pas , et ne doit pas, apparaître en ligne).
Bien cordialement.
Elie Ferra
Elie, évitons les solutions de modération trop compliquées : on a vu quels malentendus ont pu naître la dernière fois que vous nous avez demandé de retirer un de vos commentaires. Nous l’avons dit et répété, les zones de commentaire d’articles de blog n’ont pas pour vocation première à devenir une zone de chat. C’est la raison pour laquelle de nombreux sites et blogs ont décidé de fermer cette fonctionnalité, qui devenait un véritable pandémonium. En d’autres termes on ne peut pas nous demander de publier vos échanges puis ensuite devoir les supprimer un par un, on ne va plus s’en sortir. A titre d’information, nous recevons environ 150 commentaires par jour qui sont des spams et que nous devons trier et supprimer. Je pense qu’il serait plus simple et plus adapté d’échanger entre vous par messagerie ou sur des groupes constitués sur les réseaux sociaux et de réserver les zones de commentaires aux remarques et aux réactions. Merci de votre compréhension.
Bonjour à tous,
Merci Michel,
Je confirme la disparition de mon post du 12 novembre.
Présent le 13/11 et …….. disparu ensuite.
Etrange, dites-vous?
Cordialement.
Elie
Bonjour Assimil,
Vous serait’il possible d’effacer le commentaire ci-dessus afin que je puisse le recopier à la bonne place. Eh oui, lorsqu’on découvre, on tâtonne un peu.
Merci d’avance.
Elie
Ah oui, je me souviens de votre commentaire, que nous avons approuvé. Et il a disparu ensuite ?
Bonjour,
La seule chose que je peux vous assurer c’est que je ne l’ai pas effacé.
Bonne soirée
Ce qui est bizarre c’est, que tout de suite après que j’aie validé l’envoi, le commentaire a disparu au lieu de passer en attente de modération.
Il est ensuite réapparu ………………. pour mieux redisparaître.
Bonjour,
Je vais apporter de l’eau au moulin de Chris K pour sa publication du 04/04/2019.
Connaissant, peu ou prou, 5 langues romanes (Français, occitan, espagnol, italien, catalan), je me suis longtemps vanté de mon savoir « quasi encyclopédique » dans ce domaine.
Et puis, un jour, j’ai déchanté. Je venais d’entendre parler roumain sans comprendre un traître mot. Remise à l’heure des pendules! Descendez, on vous demande!
Langue romane orientale, le roumain présente plusieurs particularités. J’en conserverai deux, pour compléter ce qu’écrit Chris:
1 – Influences totalement différentes de ce que nous connaissons en Europe de l’ouest: Religion orthodoxe: alphabet cyrillique et la liturgie slavonne (ancêtre de toutes les langues slaves, un peu comme notre latin).
2 – Traitement phonétique différent de la source latine originale. Je citerai le mot « pământul » la terre. Comment deviner que ce terme vient du latin « pavimentum », le pavage, les pavés (https://fr.wiktionary.org/wiki/pavimentum).
Rien de tel que la musique et les chansons pour découvrir une langue. Je vous en propose ma sélection :
– Populaire remastérisé:
Cântă cucu: https://www.youtube.com/watch?v=DFVbCgmJ_IQ
– Rock des années 1970 – Groupe Phoenix (qui a eu pas mal de soucis sous le régime communiste).
Fata verde: https://www.youtube.com/watch?v=xtvZnteTTFM
Une autre version, toujours par Phenix : https://www.youtube.com/watch?v=msrO0j3HFgE
La même par Delia: https://www.youtube.com/watch?v=D92xCvRhF7k
Sinon, je confirme que le manuel Assimil est très bien, Je l’utilise depuis six ans. Attention seulement à la version. La mienne est de 1989 et ne tient pas compte des dernières réformes orthographiques de l’ère Ceaucescu (écriture du « i » dur avec « â » et non plus avec « î »)
Voila, poftiți (enjoy).
Elie
Bonsoir Élie et Chris,
Pour ma part, je ne serais pas aussi catégorique au sujet des particularités et difficultés – certes, bien réelles – du roumain face à celles des autres langues romanes.
On peut ainsi nuancer un peu les choses en examinant, du point de vue de la morphologie, deux des points principaux de la grammaire roumaine.
1) Système verbal
Regardons combien de temps et modes différents possèdent les six langues romanes les plus importantes par le nombre de leurs locuteurs.. Je précise que, d’une part, je ne prends en compte que les temps et modes « simples », car ceux qui sont composés à l’aide d’un auxiliaire ne constituent pas d’un point de vue morphologique une forme particulière ; et de l’autre, dans un but de simplification, j’aligne les différentes appellations de ces temps et modes sur leurs noms en français en me basant sur leur fonction plutôt que sur leur désignation dans chacune des langues concernées. Ainsi, j’identifie au « passé simple » de notre conjugaison ce qui est plus précisément appelé en espagnol et en portugais « prétérit parfait simple » (pretérito perfecto simple – pretérito perfeito simples), en italien « passé distant » (passato remoto), et en roumain « parfait simple » (perfect simplu). Seul le catalan utilise pour ce temps un nom identique à celui du français, « passé simple » (passat simple). De la même façon, le terme de « participe présent » recouvre ce qui est appellé « gérondif » par les autres langues (es. gerundio, pt. gerúndio, cat. gerundi, ro. gerunziu), sauf l’italien qui possède des formes distinctes de « participe présent » (participio presente) et de « gérondif » (gerundio).
Et donc, le nombre de ces temps et modes simples est de
– 11 en français : indicatif présent, indicatif imparfait, indicatif passé simple, indicatif futur, subjonctif présent, subjonctif imparfait (d’un emploi aujourd’hui très limité), conditionnel, impératif, infinitif, participe présent, participe passé.
– 14 en portugais : indicatif présent, indicatif imparfait, indicatif plus-que-parfait (très concurrencé par une forme composée), indicatif passé simple, indicatif futur, subjonctif présent, subjonctif imparfait, subjonctif futur, conditionnel, impératif, infinitif, infinitif personnel, participe présent, participe passé.
– 13 en espagnol : indicatif présent, indicatif imparfait, indicatif passé simple, indicatif futur, subjonctif présent, subjonctif imparfait (ayant 2 formes), subjonctif futur (d’un emploi aujourd’hui très limité), conditionnel, impératif, infinitif, participe présent, participe passé.
– 12 en italien : indicatif présent, indicatif imparfait, indicatif passé simple, indicatif futur, subjonctif présent, subjonctif imparfait, conditionnel, impératif, infinitif, participe présent, participe passé, gérondif.
– 11 en catalan : indicatif présent, indicatif imparfait, indicatif passé simple, indicatif futur, subjonctif présent, subjonctif imparfait, conditionnel, impératif, infinitif, participe présent, participe passé.
– 9 en roumain : indicatif présent, indicatif imparfait, indicatif plus-que-parfait, indicatif passé simple, subjonctif présent, impératif, infinitif, participe présent, participe passé.
On constate par conséquent que le système verbal du roumain est en fait moins complexe que celui de ses langues-sœurs. S’il peut donner l’impression contraire, c’est peut-être parce qu’il a recours dans ses temps composés à des éléments plus variés que dans les autres langues. En effet, les cinq premières se servent principalement de deux auxiliaires, « avoir » et « être », accompagnés d’un participe, tandis que le roumain en utilise trois, « avoir », « être » et « aller »**, qui possèdent certaines formes particulières employées uniquement dans le paradigme de ces temps composés et qui se combinent, selon les cas, avec un participe ou bien l’infinitif.
**« aller » en tant qu’auxiliaire (de même que « venir » ou d’autres verbes), n’est cependant pas totalement inconnu dans les cinq langues dont il est question.
Rappelons qu’en latin les verbes ont un total de 27 temps et modes simples, abondance due en partie au fait que leurs formes passives de base ne sont pas construites avec l’auxiliaire « être » comme dans les langues romanes modernes, mais à l’aide de terminaisons spécifiques.
2) Système nominal
Comme le rappelle Chris, le roumain se distingue nettement par le fait qu’il est la seule langue romane à avoir conservé un système de déclinaisons. Les autres n’en ont plus que des vestiges, visibles dans le système pronominal, comme par exemple en français avec le pronom personnel « nominatif » ILS, EUX face à l’« accusatif » LES et au « datif » LEUR, ou bien le pronom relatif « nominatif » QUI face à l’« accusatif » QUE et au « génitif » DONT (forme supplétive, au demeurant). Le roumain maintient également la distinction entre les trois genres d’origine du latin, bien que le neutre n’ait pas une spécificité morphologique très clairement marquée.
Toutefois, ce système n’est pas aussi compliqué qu’on pourrait le croire à première vue. Tout d’abord, il s’est considérablement réduit par rapport au latin et ne compte plus que trois cas : nominatif-accusatif, génitif-datif et vocatif. Seuls les deux premiers sont réellement vivants, le vocatif n’ayant de forme particulière que pour une partie des noms (de personnes, notamment) et étant de toute façon remplacé de plus en plus souvent par le nominatif-accusatif, ce qui indique qu’il est en voie de disparition.
Par ailleurs, si on excepte ce vocatif assez peu important, les substantifs n’ont que deux formes non articulées : pour les masculins et neutres, une de singulier et une de pluriel, et pour les féminins une de nominatif-accusatif singulier et une commune au génitif-datif singulier et aux cas du pluriel.
Un petit « tableau » sera sans doute plus parlant :
masculin (FIU « fils » – POM « arbre »)
N-A + G-D sg : fiu / pom
V sg : fiule / –
N-A + G-D pl : fii / pomi
V pl : fiilor / –
neutre (ANIMAL « animal »)
N-A + G-D sg : animal
N-A + G-D pl : animale
V sg et pl : –
féminin (FIICĂ « fille » – CASĂ « maison »)
N-A sg : fiică / casă
G-D sg et N-A + G-D pl : fiice / case
V sg : fiică (ou fiico) / –
V pl : fiicelor / –
Au pluriel (et donc aussi au G-D sg du féminin), un certain nombre d’alternances vocaliques ou consonantiques peuvent se produire : masculins bărbaT « homme » > bărbaȚi, urS « ours » > urȘi, ghiD « guide » > ghiZi, liceAn « lycéen » > liceEni, muntEAn « montagnard » > muntEni –– neutres cuvÂnt « mot » > cuvInte, mijlOc « moyen » > mijlOAce –– féminins gAră « gare » > gĂri, sEAră « soir » > sEri, nOApTe « nuit » > nOpȚi, muSCă « mouche » > muŞTe, etc. Mais ces changements, d’origine phonétique, répondent presque tous à des règles fixes.
Les formes articulées paraissent plus complexes dans la mesure où l’article défini postposé a une forme différente par cas : au masculin -ul (N-A sg), -ului (G-D sg), -i (N-A pl) et -lor (G-D pl) ; au neutre -ul (N-A sg), -ului (G-D sg), -le (N-A pl) et -lor (G-D pl) ; au féminin -a (N-A sg), -i (G-D sg), -le (N-A pl) et -lor (G-D pl). Il s’agit là des formes de base, mais en fonction de la finale du mot, ou pour des raisons phonétiques, d’autres sont possibles, par exemple au masculin sg, l’article peut avoir la forme -le au N-A, ou bien les mêmes formes que le féminin aux deux cas, et au féminin sg il a parfois la forme -ua au N-A.
C’est donc avant tout avec les formes articulées qu’on peut rencontrer des difficultés, mais elles sont assez facilement surmontables une fois qu’on a identifié et séparé du radical du mot la partie correspondant à l’article.
Voyons maintenant ce qu’il en est de la phonétique et du vocabulaire.
Les mots latins, par les traitements phonétiques qui les ont transformés en mots roumains, n’ont pas subi plus de modifications qu’en se transformant en mots français. C’est même plutôt l’inverse qui est vrai, car le français, comme le portugais (surtout à l’oral pour ce dernier), a singulièrement « raboté » la structure phonétique du latin. L’exemple cité par Élie (pământ boire, mandūcāre > manger, fīcātum > foie, cătēna > chaîne, sabbătī dĭēs > samedi, (dĭēs) dŏmĭnĭcus > dimanche, intĕgĕr > entier, mŏnastērĭum > moustier, forme ancienne qu’on retrouve dans le nom de Moustiers-Sainte-Marie (pour les deux derniers exemples, il faut bien sûr mentionner aussi « intègre » et « monastère », qui sont des « relatinisations », emprunts savants fait au Moyen Âge ou à la Renaissance, d’où l’existence de nombreux doublets dans notre langue), et que dire de formes composées comme vĭdēre hăbĕō > (je) verrai !
Enfin, si l’influence culturelle slave (et dans une moindre mesure hongroise) est bien réelle, elle est perceptible, sur le plan linguistique, surtout dans le lexique. Mais contrairement à ce qu’on croit souvent, les emprunts les plus nombreux en roumain proviennent du français, à partir du XIXe siècle, et c’est en quelque sorte par eux que la langue a alors entrepris elle aussi un processus de « relatinisation ». Ils représentent actuellement un peu moins du quart du lexique roumain, c’est-à-dire qu’ils y occupent la deuxième place après les mots d’héritage latin, mais avant les emprunts plus récents au latin, et ceux aux différentes langues slaves (vieux-slave, bulgare, russe…) qui sont à peu près deux fois moins nombreux.
Notons pour finir que le fait que le roumain ait été noté à l’aide de l’alphabet cyrillique (parfois mâtiné d’un peu de grec) pendant à peu près les deux tiers de son histoire en tant que langue écrite n’a joué qu’un rôle négligeable : l’écriture est un élément essentiellement externe d’une langue, et on aurait aussi bien pu transcrire le roumain à l’aide des alphabets arabe ou hébraïque, ou bien, une fois faites les adaptations nécessaires, des caractères chinois, voire des hiéroglyphes égyptiens, sans que cela modifie sa structure en profondeur.
En conclusion, je dirais que bien que le roumain présente un certain nombre de particularités par rapport aux autres langues romanes, son apprentissage me semble loin d’être l’un des plus ardus pour un locuteur de ces dernières. D’autres langues parlées dans la même aire géographique, comme l’ukrainien, le bulgare, le grec, l’albanais, le hongrois ou le turc, représentent des défis autrement plus difficiles à relever.
Bonne fin de soirée,
Michel.
neutre (ANIMAL « animal »)
N-A + G-D sg : animal
N-A + G-D pl : animale
V sg et pl : – animale, animalule ! animalelor !
Rebonsoir,
Le copié-collé inattentif, après m’avoir un temps épargné, a frappé à nouveau ce soir dans mon précédent message, rendant incompréhensible, à partir de sa 4ème phrase (« L’exemple cité par Élie… »), une partie du paragraphe qui commence par « Voyons maintenant ce qu’il en est de la phonétique et du vocabulaire ».
Je rétablis donc ce passage dans sa forme correcte :
L’exemple cité par Élie (pământ boire, mandūcāre > manger, fīcātum > foie, cătēna > chaîne, sabbătī dĭēs > samedi, (dĭēs) dŏmĭnĭcus > dimanche, intĕgĕr > entier, mŏnastērĭum > moustier, forme ancienne qu’on retrouve dans le nom de Moustiers-Sainte-Marie (pour les deux derniers exemples, il faut bien sûr mentionner aussi « intègre » et « monastère », qui sont des « relatinisations », emprunts savants fait au Moyen Âge ou à la Renaissance, d’où l’existence de nombreux doublets dans notre langue), et que dire de formes composées comme vĭdēre hăbĕō > (je) verrai !
Désolé, et bonne nuit cette fois,
Michel.
Bis repetita…
Je pense que le problème ne venait pas en fait d’une inattention de ma part, car il n’a pas été réglé.
Je recopie le paragraphe fautif en supprimant cette fois un caractère typographique qui est peut-être en cause :
L’exemple cité par Élie (pământ issu de păvīmentum) montre en effet un « écrasement » de l’étymon latin, mais s’il nous frappe, c’est principalement parce que le roumain n’est pas notre langue maternelle. Si on regarde ce qui se passe en français, on trouve le même phénomène, et dans un très grand nombre de mots, parmi les plus courants. Il suffit de citer quelques exemples pour s’en convaincre : bĭbĕre > boire, mandūcāre > manger, fīcātum > foie, cătēna > chaîne, sabbătī dĭēs > samedi, (dĭēs) dŏmĭnĭcus > dimanche, intĕgĕr > entier, mŏnastērĭum > moustier, forme ancienne qu’on retrouve dans le nom de Moustiers-Sainte-Marie (pour les deux derniers exemples, il faut bien sûr mentionner aussi « intègre » et « monastère », qui sont des « relatinisations », emprunts savants faits au Moyen Âge ou à la Renaissance, d’où l’existence de nombreux doublets dans notre langue), et que dire de formes composées comme vĭdēre hăbĕō > (je) verrai !
Bonjour,
J’ai commencé à apprendre le roumain avec la méthode Assimil de M. Iluțiu que je trouve très bien. Qui sera appliqué et régulier fera des progrès et en sera peut-être même surpris d’en faire autant.
Alors certes je vais tirer sur l’ambulance dans ce qui suit parce que l’on trouve très peu de dictionnaires autant papier qu’en ligne bilingues avec le roumain (dict Lingea: fr-ro, Langenscheidt: de-ro, Pons: de-ro) mais ils n’ont visiblement aucune idée de ou aucune considération pour la langue dont ils traitent car il n’y a jamais indication du pluriel (ayant plusieurs formes possible) du mot, ni des alternances phonétiques (parfois sur plusieurs syllabes du mot), ni de l’accentuation du mot, ni des infixes (ez, esc, ăsc) de verbe, ni son participe passé. Pour l’avoir feuilleté lors d’un passage en France, même le propre dictionnaire de M. Iluțiu (édité à la maison du dictionnaire) ne donnait pas (dans mon souvenir) les pluriels des substantifs !
Le seul qui tient la route sur TOUS les points listés plus haut est logiquement un site roumain, celui du dictionnaire DEX. Ce site est une vraie bible que je ne peux que recommander. On y trouve même les provenances étymologiques ! Pour une langue aussi bariolée que le roumain, c’est intéressant de voir d’où vient quel mot en effet. Malheureusement ce dictionnaire n’est pas bilingue.
Enfin bref du coup quand est-ce que les autres se décideront à corriger le tir ?
Concernant les difficultés de la langue, la conjugaison ou le système de cas (bien plus simple qu’en allemand en comparaison) ne sont pas un réel obstacle (pour moi) comme semble indiquer certains commentaires.
Par contre dans la grammaire j’ai encore bien du mal avec l’utilisation du pronom avec quand même l’objet auquel il se réfère dans la même proposition et aussi avec la préposition pe lorsqu’elle indique l’objet (enfin c-à d quand elle n’indique pas le sens «sur»), ça, c’est vraiment particulier. Connaissant bien l’italien et l’allemand, leur grammaire comme la notre n’ont pas ce genre d’originalités dont je ne saisis toujours pas la nécessité.
Salutations
Yann
Bonjour PPN,
Je ne trouve qu’aujourd’hui par hasard ton commentaire du 12/9 (sous le mien, le premier du 19/6/20), car il n’est pas toujours facile sur ce site de les voir tous étant donné que seul les cinq plus récents apparaissent…
Merci d’avoir complété le tableau. J’ai mis du temps à pouvoir faire passer le message correctement. Je suppose donc qu’à un moment ou un autre quelque chose s’est perdu, et comme je n’ai pas été très attentif dans ma relecture… 🙂
Cela dit, la forme correcte de vocatif singulier serait ‘‘animalule’’ et non pas ‘‘animale’’, puisque le vocatif présente la particularité (sauf pour le féminin singulier) d’être une forme articulée, ce qui est d’ailleurs relativement contre-intuitif. Et n’oublions pas que ce cas est très peu usité avec les noms communs et qu’il est, de façon générale, en cours de disparition.
Bon après-midi,
Michel.