L’apprentissage du bilinguisme reste vecteur de beaucoup de fantasmes : il intéresse, interpelle, fait rêver mais peut aussi, à l’inverse, inquiéter ou décourager certains. Au point de voir certaines croyances, pour la plupart fausses, circuler. Pour rétablir une certaine vérité, retrouvez 10 idées reçues sur le bilinguisme et ses réels avantages et intérêts.
1. Le bilinguisme ne concerne que peu de personnes dans le monde
L’une des plus grandes idées reçues sur le bilinguisme est sans doute la croyance qu’elle n’est qu’une exception, alors que le monolinguisme est la norme. Cela risque d’en surprendre plus d’un mais plus de la moitié des habitants de la planète sont bilingues, voire multilingues. 40% d’entre eux parlent plus d’une langue quotidiennement.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène : une situation familiale où plusieurs langues cohabitent – c’est le cas des familles immigrées, par exemple –, une vie frontalière, des études à l’étranger ou une mobilité professionnelle, une scolarisation en langue étrangère, etc.
2. Être bilingue, c’est maîtriser parfaitement deux langues
Une autre idée reçue sur le bilinguisme consiste à croire que cela implique de maîtriser à la perfection deux langues, voire les deux cultures qui vont avec. Là encore, cette croyance est fausse. Dans les faits, ce que l’on qualifie « d’équilinguisme » reste très rare. Chez les personnes bilingues, il y a toujours une langue dominante. Par conséquent, le parfait équilibre entre les deux langues, comme c’était par exemple le cas pour l’écrivain franco-irlandais Samuel Beckett avec le français et l’anglais (qui parlait aussi l’allemand et l’italien, entre autres), demeure une exception.
Plus simplement, être bilingue implique surtout de pouvoir communiquer facilement dans deux langues, et de pouvoir passer de l’une à l’autre en fonction des situations. Il est donc tout à fait possible de bien parler une langue et de se faire comprendre sans maîtriser l’ensemble des règles d’orthographe ou de conjugaison.
Il en est de même pour la culture des deux pays. Attention à ne pas confondre bilingue et biculturel. Une personne peut maîtriser une langue sans maîtriser les valeurs et pratiques du pays.
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3. Pour apprendre une deuxième langue, il faut en maîtriser parfaitement une
Un peu dans la lignée du point précédent, une autre idée reçue sur le bilinguisme consiste à penser qu’avant d’apprendre une seconde langue, il est nécessaire d’en maîtriser parfaitement une. C’est faux. Par exemple, qui peut avoir la prétention d’affirmer qu’il maîtrise parfaitement le français et toutes ses règles ? Probablement personne.
On continue d’apprendre sa langue maternelle tout au long de sa vie. Il serait donc embêtant de devoir attendre de la maîtriser parfaitement avant d’en apprendre une nouvelle. Toutefois, ce qui est vrai, c’est qu’il est toujours intéressant de se reposer sur les acquis dans une première langue pour progresser dans une autre. Et, à l’inverse, l’apprentissage de la deuxième langue peut tout à fait enrichir la maîtrise de la première.
4. On ne peut pas devenir bilingue en apprenant une langue tard
Voilà l’une des grandes idées reçues sur le bilinguisme et, même plus généralement, sur l’apprentissage des langues d’une manière générale. Une croyance qu’il est temps de jeter aux oubliettes une bonne fois pour toutes : il n’est jamais trop tard pour apprendre une langue et, par extension, pour devenir bilingue.
La recette est simple pour apprendre une langue de manière efficace : de la motivation, une pratique régulière et une exposition à la langue. Sur le long terme, vous maîtriserez une nouvelle langue et pourrez vous exprimer sans problème. Et ce, que vous ayez 20, 40 ou 60 ans : l’important, c’est de vous sentir prêt et de vous impliquer.
5. Un enfant doit avoir un parent bilingue pour le devenir
Toujours dans les croyances autour de l’âge, l’extrême inverse existe aussi. D’ailleurs, énormément d’idées reçues circulent sur le bilinguisme chez les enfants. À commencer par le fait que si un petit garçon ou une petite fille souhaite entamer un apprentissage bilingue, au moins l’un de ses deux parents doit l’être.
L’enseignement bilingue se destine à tous les enfants, sans se soucier si la famille maîtrise plusieurs langues ou non. Et surtout, la réussite de son apprentissage ne dépend pas exclusivement du niveau et des compétences des parents dans une langue. On peut toutefois reconnaître que si l’enfant est plus souvent exposé à la langue qu’il apprend – donc en dehors de l’école – il est susceptible de progresser plus vite.
Pour rappel, on parle de bilinguisme précoce simultané lorsque l’enfant apprend deux langues de manière simultanée, dès sa naissance. Cela a généralement pour effet sur le long terme de donner un bilinguisme très fort. Pour les enfants qui ont déjà partiellement acquis une première langue et qui en apprennent une deuxième lorsqu’ils sont encore très jeunes – avant 7 ans –, on parle de bilinguisme précoce successif.
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6. Seuls les bons élèves peuvent devenir bilingues
Autre idée reçue sur le bilinguisme : il faudrait nécessairement être un élève brillant pour réussir à maîtriser deux langues. S’il est vrai que certains établissements scolaires bilingues basent leurs sélections sur le niveau des candidats, d’une manière plus générale, l’enseignement de plusieurs langues se destine à tous les enfants, sans distinction de niveau ou de compétences.
Au contraire, tout le monde peut trouver un intérêt propre dans le bilinguisme. Et il n’est d’ailleurs pas rare que le passage d’une langue à l’autre crée un déclic et aide un enfant à passer outre des difficultés scolaires et à mieux apprendre.
7. Il faut éviter de parler plusieurs langues en classe
En réalité, c’est tout l’inverse : un apprentissage bilingue permet de développer les deux langues en complémentarité. C’est un bel atout pour l’enseignant qui peut alors mettre en place des stratégies pédagogiques adaptées, en prenant en compte le niveau des différents élèves.
Concrètement, qu’est-ce que le bilinguisme apporte en classe ? Il est bénéfique de passer d’une langue à l’autre. Cela permet d’alterner et de croiser les points de vue, d’analyser des concepts ou des documents dans la langue originale. Et pour les élèves, étudier en deux langues contribue à stimuler la réflexion, la mémorisation ou même la conceptualisation.
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8. Il ne faut pas apprendre une matière dans une langue que l’on ne maîtrise pas
Là encore, il s’agit d’une idée reçue sur le bilinguisme et son apprentissage à l’école. Apprendre une discipline comme les mathématiques, l’histoire ou la géographie dans une langue étrangère n’implique pas d’être déjà bilingue. Tout comme ne pas être parfaitement bilingue ne signifie pas pour autant que la discipline ne sera pas comprise. Étudier une matière dans une nouvelle langue permet aux élèves de pratiquer un peu plus cette langue, dans des contextes différents et d’enrichir le vocabulaire.
Évidemment, dans le même temps, l’enseignant doit adapter les cours au niveau de ses élèves. Si besoin, avec des débutants par exemple, il est tout à fait envisageable d’incorporer des passages de cours dans la langue maternelle afin de faciliter la compréhension du plus grand nombre.
9. Étudier deux langues complique l’apprentissage
On pourrait croire, notamment pour les plus jeunes, que suivre une scolarité bilingue présente davantage de risques pour l’élève de s’emmêler les pinceaux et de nuire à son apprentissage. C’est faux. Les bilingues ne présentent pas plus de difficultés ou de mauvais résultats que les monolingues.
La seule difficulté qui peut exister concerne les jeunes enfants, dans le cas de figure où, au moment de leur entrée à l’école, ils ne maîtrisent aucune des langues. Cette situation rare peut effectivement conduire un enfant bilingue précocement à rencontrer des difficultés dans son apprentissage.
10. Être bilingue n’apporte que des avantages linguistiques
Factuellement, le bilinguisme implique des bénéfices d’un point de vue linguistique. C’est indéniable, mais un peu réducteur. Car les avantages de l’apprentissage et de la maîtrise de deux ou plusieurs langues sont nombreux. Tout d’abord, cela offre une meilleure connaissance des langues et des cultures associées. Une manière de voir le monde différemment, à travers plusieurs prismes.
Également, la capacité à parler plusieurs langues et à passer de l’une à l’autre favorise la souplesse mentale, entraîne une plus grande autonomie et augmente la capacité de la personne bilingue à résoudre les problèmes.
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