Inventé il y a près de 200 ans, le braille permet aux aveugles malvoyants du monde entier de pouvoir lire et écrire malgré leur cécité. Plus que cela, ce système d’écriture basé sur le toucher offre aux déficients visuels un accès à la connaissance et à l’enseignement. Origines, fonctionnement, lecture et écriture, apprentissage : retrouvez tout ce que vous devez savoir sur le braille.

Quelles sont les origines du braille ?

Le braille a été inventé par Louis Braille, un jeune homme originaire de Seine-et-Marne, devenu aveugle accidentellement dès l’âge de 3 ans. Aujourd’hui universel, ce système d’écriture et de lecture pour personnes aveugles et malvoyantes a été mis au point et perfectionné entre 1825 et 1829. Mais d’autres systèmes existaient déjà auparavant.

Dès le XVIIe siècle, on comprend que le toucher peut être utilisé pour aider les aveugles et malvoyants à lire. En 1670, l’Italien Francesco Lana de Terzi met au point le système Lana, basé sur le principe de toucher des formes en relief. Des lignes et des points viennent former les lettres de l’alphabet dans un système comprenant trois fois trois cases.

Il faut attendre le XVIIIe siècle pour voir apparaître un moyen plus fiable pour les personnes aveugles et malvoyantes d’accéder à l’instruction. Valentin Haüy imagine un système de caractères spéciaux et mobiles en relief, que les élèves peuvent toucher et donc lire. C’est ce que l’on appelle le système de « relief linéaire ». 

Il sera notamment utilisé dans l’école ouverte par Valentin Haüy à Paris, en 1785 : l’Institution Royale des Jeunes Aveugles, devenu aujourd’hui l’Institut National des Jeunes Aveugles (INJA). Une structure que rejoindra Louis Braille dès l’âge de 10 ans.

En 1821, Louis Braille et ses camarades de l’institution expérimentent la méthode Barbier, du nom de son inventeur, l’ancien militaire Charles Barbier de la Serre. Ce système, appelé sonographie, permet de reproduire des sons grâce à douze points en relief, en deux colonnes de six points de haut. La méthode est vite plébiscitée car elle s’avère beaucoup plus simple à lire que les lettres en relief.

C’est ce qui servira de base à Louis Braille qui, s’il préfère également la méthode Barbier, la trouve incomplète. D’une part, la hauteur des points ralentit la lecture au doigt. Également, ce système ne retranscrit pas les signes de ponctuation, les chiffres, les symboles mathématiques ou les notes de musique. Mais surtout, la méthode Barbier repose sur la phonétique et non sur l’orthographe. Braille estime que ce non-respect de la langue française n’offre aux aveugles et malvoyants qu’un accès tronqué à la connaissance.

C’est à partir de ce postulat que Braille va mettre au point, pendant 4 ans, le système d’écriture qui porte son nom, et qui est encore aujourd’hui utilisé dans le monde entier.

Le braille, comment ça marche ?

Le braille, tel qu’il est utilisé aujourd’hui dans les alphabets du monde entier, fonctionne grâce à une cellule braille constituée de six points en relief, en deux colonnes de trois points. Pour faire simple, une cellule braille se compose de cette manière :

Point 1 ∙  ∙ Point 4

Point 2 ∙  ∙ Point 5

Point 3 ∙  ∙ Point 6

Chaque lettre ou symbole correspond à une combinaison formée par ces six points, soit 64 combinaisons possibles pour le braille standard. Par exemple, le A se constitue du point 1, le B des points 1 et 2, le C des points 3 et 4.

Une image contenant texte, clavier, équipement électronique

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Source : Fédération des Aveugles de France

On retrouve les 26 lettres de notre alphabet traditionnel, auxquelles viennent s’ajouter 14 autres signes correspondant aux lettres accentuées, au C cédille et au oe lié, comme dans le mot œuvre. Les chiffres sont, eux, annoncés par un préfixe constitué du seul point 6.

Pour les non-initiés, le braille peut ressembler à un code mystérieux et indéchiffrable. Mais dans les faits, la structure de l’alphabet braille est nettement moins compliquée qu’il n’y paraît. Les 40 lettres détaillées ci-dessus se divisent en 4 séries de 10 caractères :

  • La première série (lettres A à K) ne comporte que des combinaisons réalisées avec les 4 points du haut de la cellule braille, soit les points 1, 2, 4 et 5.
  • Pour la deuxième série (lettres K à T), il suffit d’ajouter le point 3 aux combinaisons de la première série. La lettre A (point 1 seul) se transforme en K avec les points 1 et 3.
  • Pour la troisième série (lettres U à Z), il faut ajouter le point 6 aux combinaisons de la deuxième série. Une exception existe pour le W, très peu utilisé à l’époque de l’invention du braille et qui a été ajouté ailleurs dans l’alphabet.
  • Pour la quatrième série, le point 6 est ajouté aux combinaisons de la première série.

Il existe une cinquième série pour les signes de ponctuation qui se forment en reprenant les combinaisons de la première série, décalées vers le bas. Par exemple, l’apostrophe se calque sur le A. Le point 1 du A glisse donc d’un cran, sur le point 2 pour former l’apostrophe.

Bon à savoir

Pour répondre aux besoins de personnes aveugles ou malvoyantes travaillant dans certaines disciplines scientifiques, il existe une cellule de braille à 8 points. Cela permet à toutes ces personnes de pouvoir suivre des études très spécialisées malgré leur cécité. 

Comment lire et écrire le braille ?

La lecture du braille s’effectue de gauche à droite, en utilisant la pulpe des index pour parcourir les points en relief. On parle de lecture bimanuelle : les deux index commencent à parcourir la même ligne. Arrivée au milieu de cette dernière, la main droite continue sur sa lancée pendant que la main gauche va se placer au début de la ligne suivante.

Cette méthode permet de lire le braille plus rapidement. Toutefois, cela demande un exercice mental plus important, de la concentration. Et la lecture du braille reste généralement plus lente que pour un voyant avec de « l’écriture noire », le terme utilisé en opposition au braille.

En ce qui concerne l’écriture, grâce aux progrès technologiques, il est aujourd’hui possible de trouver des claviers d’ordinateur en braille, ce qui permet aux personnes aveugles et malvoyantes d’utiliser un PC avec plus de facilité. En parallèle, les textes en braille peuvent être imprimés sur un équipement spécial appelé une embosseuse, reliée directement à l’ordinateur.

Également, les personnes aveugles et malvoyantes peuvent utiliser un bloc-notes braille comme les modèles Esytime ou Braille Sense. Ce matériel ressemble à un ordinateur traditionnel équipé d’une plage braille et offrant à son utilisateur une grande liberté d’utilisation et une belle autonomie pour travailler. Toutefois, les blocs-notes braille sont généralement coûteux et demandent une très bonne maîtrise du braille et de l’informatique. 

Parmi les méthodes les plus répandues pour écrire le braille, on retrouve la machine à écrire mécanique, la plus utilisée restant la machine Perkins. Elle se présente comme une machine à écrire traditionnelle mais n’est constituée que de 6 touches correspondant aux points de la cellule braille et une barre d’espace. Le scripteur doit donc appuyer simultanément sur les touches nécessaires pour « imprimer » le caractère souhaité en relief sur une feuille.

Enfin, de manière plus manuelle, il est possible d’utiliser une tablette. Rien à voir avec les écrans tactiles, il s’agit d’une plaque en métal ou en plastique creusée de sillons et de trous correspondant à des cellules braille. La personne aveugle écrit alors à l’aide d’un poinçon à insérer dans les cases. Mais cette technique est particulièrement fastidieuse puisqu’il faut écrire de droite à gauche pour pouvoir lire ensuite au verso. La tablette est généralement utilisée par les personnes plus âgées qui ont appris le braille avec cette technique.

Comment apprendre le braille ?

Il est possible d’apprendre le braille à tout âge, que vous soyez aveugles, malvoyants ou même voyants. Si cela peut s’apparenter à l’apprentissage d’une langue avec un nouvel alphabet, le braille demande néanmoins beaucoup de concentration afin de combiner le toucher et la compréhension. Cela demande plusieurs mois, voire des années pour parfaitement maîtriser ce nouveau mode de lecture et l’utiliser avec aisance.

Pour apprendre le braille, il est conseillé de se tourner vers des structures spécialisées. Comme son nom l’indique, l’Institut National des Jeunes Aveugles offre un enseignement spécialisé aux jeunes déficients visuels.

De son côté, l’association Valentin Haüy organise des ateliers et des formations à Paris et dans certaines villes de Province, et propose également des cours par correspondance.
Enfin, le braille a sa journée mondiale annuelle, le 4 janvier.


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