Objet de toutes les réflexions et recherches depuis plus de trois siècles, le mystère des origines des Indo-Européens s’achève : une équipe de chercheurs russes et finnois vient de mettre au jour un important site datant du IVe millénaire avant notre ère à proximité du cercle polaire, qui comporte également des inscriptions en proto indo-européen.
Cette découverte archéologique bat en brèche toutes les thèses avancées pour situer le point-origine du peuple indo-européen (steppes de l’Ukraine, Anatolie, Inde, rives de la Baltique, etc.).
C’est également un démenti de taille pour les sceptiques, au premier rang desquels on trouve l’historien et archéologue Jean-Paul Demoule, qui vient de publier Mais où sont passés les Indo-Européens ? (Seuil) et qui nous avait accordé un entretien en janvier dernier. Joint par téléphone, Jean-Paul Demoule n’a pas souhaité, à ce stade, commenter cette information. Rappelons que Jean-Paul Demoule conteste l’existence d’un peuple indo-européen et le concept du foyer d’origine.
Nous reproduisons ici la dépêche de l’agence ITAR-TASS in extenso :
Dépêche 2015-03-27337 – Agence ITAR-TASS,
Информационное телеграфное агентство России, 31 mars 2015 (traduit du russe par nos soins).
Dès 1903, l’érudit indien Bâl Gangâdhar Tilak avait proposé avec de bons arguments scientifiques, notamment astronomiques à partir d’une étude minutieuse des védas et de l’avesta, une localisation au Pôle Nord de l’habitat du peuple indo-européen originel. Une équipe archéologique conjointe russe (de l’université de Tcheliabinsk) et finnoise (de l’université de Turku) a découvert une importante nécropole préhistorique datée par le carbone 14 du IVe millénaire avant notre ère et située à proximité immédiate du cercle polaire. Les individus, hommes et femmes, sont inhumés en position allongée, accompagnés de nombreuses offrandes (poteries, haches en cuivre, pointes de flèche en silex). Il s’agit d’une population de grande taille, dont les premières analyses par ADN montre qu’elle avait très majoritairement les yeux et les cheveux clairs, contrairement aux populations actuelles de la région. Le sol gelé a permis dans plusieurs cas la conservation exceptionnelle de fragments de textiles. Il s’agit de vêtements colorés à l’ocre rouge. Une personne visiblement importante, corpulente et d’un âge déjà avancé, portait en outre un couvre-chef conique de même couleur et était entouré de nombreuses petites figurines d’animaux et d’humains taillées dans des ossements d’ours.
Le village situé à proximité, entouré d’un large fossé et d’une palissade, regroupait de nombreuses habitations rectangulaires, ressemblant aux isbas actuelles. Plusieurs fosses à détritus sont en cours de fouille et montrent que les habitants consommaient essentiellement des rennes, lesquels étaient également utilisés comme animaux de trait. Plusieurs patins de traineaux en bois ont d’ailleurs été retrouvés. Certaines omoplates de rennes comportaient des inscriptions fragmentaires gravées. En cours de déchiffrement par les linguistes de l’université de Tcheliabinsk, les caractères de cette écriture ressemblent beaucoup aux runes germaniques connus à date plus récente en Scandinavie. Quelques mots déjà restitués évoquent très fortement la langue proto-indo-européenne telle qu’elle peut être reconstruite aujourd’hui. Les linguistes russes donnent en exemple les mots « akvam », « vagam » ou encore « manum ». Il s’agirait donc bien de la découverte, cette fois indiscutable, du foyer originel et polaire des Indo-Européens, d’où ce peuple s’est dispersé ensuite sur une grande partie de l’Eurasie en plusieurs vagues successives.
Plusieurs autres sites comparables semblent avoir été également détectés grâce à des prospections aériennes au moyen de drones. Interrompues par l’hiver, les fouilles archéologiques dont on attend encore beaucoup, doivent reprendre très prochainement.
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