Fait marquant au sein de la Commission Européenne post-Brexit : son président, Jean-Claude Juncker, a choisi le 5 mai 2017 de s’exprimer en français et de délaisser ainsi l’anglais. Or depuis son entrée dans l’Union Européenne en 1973, le Royaume-Uni a vu sa langue principale s’imposer au sein des institutions européennes. Le retrait de l’UE voulu par la majorité des Britanniques aurait donc un impact direct sur cette suprématie. Pourquoi ? Quelles sont les causes possibles d’un tel changement de statut ?
L’Union Européenne et ses langues officielles
À ses débuts en 1957, la Communauté économique européenne (CEE, l’ancêtre de l’Union Européenne) comptait quatre langues officielles et de travail : le néerlandais, le français, l’allemand et l’italien. Depuis, le nombre des langues de l’Union Européenne a augmenté suivant l’adhésion de nouveaux pays.
Comment devenir une langue officielle de l’UE ?
Les langues officielles d’un pays sont décidées selon des règles internes. Un pays comme la Belgique reconnaît 3 langues officielles : le français, l’allemand et le néerlandais. La règle au sein de l’Union Européenne est toutefois différente puisque seulement une seule langue peut être reconnue comme officielle du pays. Ceci explique d’ailleurs pourquoi il y a une différence entre le nombre de langues officielles et celui des États membres puisque certains d’entre eux partagent la même langue. On retrouve sur cette liste par exemple le finnois ou le letton, mais le luxembourgeois n’y figure pas, bien que le Luxembourg soit un des pays fondateurs de la CEE.
Pourquoi une liste de langues officielles ?
Alors que l’anglais est inscrit dans les mœurs comme langue de travail, il est légitime de s’interroger sur la pertinence d’une liste de langues officielles de l’Union Européenne. Au-delà de permettre aux pays de mettre en avant leurs racines, la reconnaissance de toutes ses langues a deux fonctions principales. Dans un premier temps, elle permet à n’importe quel habitant d’un État membre d’avoir accès aux documents officiels de l’Union Européenne dans sa langue natale. Dans un second temps, elle facilite les échanges et permet à tout un chacun de pouvoir plus facilement correspondre avec la Commission Européenne.
Genèse de la place de l’anglais dans l’Union Européenne
Suite à l’adhésion à la CEE du Royaume-Uni en 1973, l’anglais est devenu une des langues officielles de l’organisation. Toutefois, la langue anglaise ne s’est pas immédiatement imposée comme la langue principale de communication. En effet, durant une trentaine d’années, le français et l’allemand tenaient tête à la langue de Shakespeare.
L’entrée de 10 pays d’Europe centrale en 2004 a été un tournant pour la communication des institutions européennes. La raison ? Dix nouvelles langues font leur apparition parmi les langues officielles de l’UE. L’anglais s’impose ainsi comme langue commune et dépasse alors les autres langues.
Langue de travail à l’échelle européenne mais aussi mondiale, l’anglais est aussi perçu comme un outil de traduction. Il permet par exemple d’être le pivot entre deux langues rares comme le suédois et le portugais.
Effet du Brexit : pourquoi la place de l’anglais est-elle remise en cause ?
Alors qu’une arrivée dans l’Union Européenne peut s’accompagner de l’inscription d’une nouvelle langue parmi les langues officielles de l’UE, qu’en est-il d’un départ ? Le choix des Britanniques de répondre favorablement au Brexit pose un nouveau problème et met l’Union Européenne face à une situation inédite. Dans le cas où la liste des langues officielles se met à jour automatiquement lorsqu’un pays se retire, l’anglais devrait disparaître. Or, comme évoqué précédemment, l’anglais est une langue de travail et un dénominateur commun entre un grand nombre de pays.
L’unique pays de l’anglais comme langue officielle de l’UE n’est plus
Grâce à la présence du Royaume-Uni dans l’Union Européenne, l’anglais se plaçait deuxième au classement des langues maternelles les plus parlées. Une fois le Brexit appliqué, la langue anglaise va reculer de 15 rangs, atterrissant en 17e position. Ce recul se chiffre en pourcentage : avec la Grande-Bretagne, 13 % de la population de l’Union Européenne a l’anglais comme langue maternelle. La sortie du Royaume-Uni de l’UE entraîne automatiquement une baisse du nombre de ces personnes. Ainsi, il restera moins de 1 % de locuteurs anglophones dans l’organisation.
Toutefois, du point de vue des institutions européennes, la pratique de l’anglais devrait normalement prospérer… D’autant plus si l’un de ses deux derniers représentants change sa langue officielle. En effet, l’Irlande et Malte sont deux pays anglophones. Pourtant, ce n’est pas l’anglais qu’ils ont plébiscité auprès de l’Union Européenne. Quand pour l’un, l’Irlande, a demandé à inscrire le gaélique comme langue officielle, le second a opté pour le maltais. Ces deux pays ont préféré mettre en avant leurs racines.
Le français ou l’allemand, en place pour succéder à l’anglais ?
Dès l’annonce du Brexit, certaines personnalités se sont exprimées quant à la place de l’anglais au sein des institutions européennes. Pour certains, il est évident que cette langue n’a plus sa place, d’autant plus qu’elle ne sera la langue officielle d’aucun pays. Alors quel avenir pour la langue anglaise ? Peut-elle devenir une langue neutre et garder sa suprématie au sein de l’UE ? Si tel n’est pas le cas, le français ou l’allemand sont deux langues qui pourraient jouer leur va-tout. L’une d’elle pourrait en effet devenir la langue de communication des institutions européennes. Mais un problème subsiste : l’anglais est la langue étrangère la plus parlée au sein de l’UE. Selon un rapport officiel de 2006 « Les Européens et leurs langues », l’anglais arrive en effet en première position avec 38 % des personnes déclarant le maîtriser comme autre langue. Le français arrive bien loin derrière (12 %) tout comme l’allemand (11 %)*.
* Chiffres à retrouver sur le rapport disponible en ligne : http://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/archives/ebs/ebs_386_fr.pdf
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