L’expression « langue maternelle » désigne la première langue apprise par un enfant au sein du foyer. Est-il possible de l’oublier totalement en grandissant ?

L’oubli de la langue maternelle chez les bilingues tardifs

Il est tout à fait possible d’oublier sa langue maternelle au fil du temps. Ce phénomène survient notamment lorsque l’exposition à la langue concernée diminue de manière drastique. Cela peut par exemple être le cas lorsque l’on émigre ou que l’on s’expatrie. La langue maternelle est délaissée au profit de la langue du pays d’adoption qui devient la principale langue utilisée au quotidien.

L’oubli de la langue maternelle se manifeste généralement de manière concrète et est bien souvent un processus progressif. Le locuteur se rendra compte au fil du temps qu’il a de plus en plus de difficultés à former des phrases ou à mobiliser son vocabulaire aux moments opportuns.

En pratique, cette évolution est la manifestation de la réorganisation cérébrale qui s’opère. Le cerveau remplace petit à petit la structure de la langue maternelle par une autre, qui devient la langue de référence. Le niveau d’oubli varie d’un individu à un autre.

On notera toutefois qu’une nouvelle exposition prolongée à sa langue natale peut permettre un retour progressif des connaissances. La réussite tient toutefois à l’âge du locuteur au moment où la seconde langue est devenue dominante.

Autre point important, bien que le locuteur puisse avoir le sentiment d’avoir oublié sa langue maternelle, il n’est pas rare que cette dernière parvienne à se frayer un chemin et à investir son quotidien sans crier gare. Intonations, lapsus, expressions idiomatiques que l’on traduit mot à mot, jeux de mots et même les rêves si l’on en croit certains psychanalystes : la langue maternelle peut se manifester de manière inopinée et de nombreuses manières.

Le saviez-vous ?

On parle d’attrition pour désigner le phénomène de perte de tout ou partie d’une langue (lorsqu’il ne résulte pas d’une pathologie).

Le cas des langues maternelles apprises durant la prime enfance

La langue maternelle laisserait une trace indélébile dans le cerveau et ne serait ainsi jamais oubliée par celui-ci même si on ne la pratique plus en grandissant. C’est en tout cas ce que démontrent les résultats d’une étude menée par l’Institut Neurologique de Montréal, publiés en 2014 dans la revue PNAS.

L’étude réalisée portait sur un groupe de 48 jeunes filles d’origine chinoise âgées de 9 à 17 ans, dont une partie étaient adoptées. Elles ont été divisées en 3 groupes :

  • des filles nées et élevées au Canada, dans un environnement uniquement francophone ;
  • des filles adoptées en bas âge ne parlant pas chinois et n’y ayant jamais été exposées ;
  • des filles bilingues qui ont continué à parler/apprendre leur langue maternelle.

Chaque sujet a été exposé à des sons en chinois et il s’est avéré que les mêmes régions du cerveau étaient sollicitées chez les sujets bilingues et les sujets adoptés. Les jeunes filles adoptées ont donc des souvenirs inconscients de leur langue maternelle.

Reste à savoir si ces informations enfouies pourraient faciliter un apprentissage de la langue.

Le saviez-vous ?

Il existe une journée internationale de la langue maternelle. Cette dernière a vu le jour en novembre 1999 et été célébrée pour la première fois le 21 février 2000.

Cette journée vise essentiellement à rappeler l’importance de la langue maternelle pour l’acquisition des compétences de base, que cela soit en lecture, en calcul mais également en écriture. Chaque année, un thème est choisi ; celui de l’édition 2017 était « Vers des avenirs durables grâce à l’éducation multilingue ».

Et vous, parlez-vous votre langue maternelle ?

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