Au milieu des langues romanes, germaniques ou slaves, le hongrois fait figure de langue isolée au milieu de l’Europe. Mais où le magyar trouve-t-il son origine ? Et quelles sont ses particularités et curiosités de cette langue qui paraît difficile à maîtriser ? Retrouvez tout ce que vous devez savoir sur la langue hongroise et sa place au cœur de l’Europe centrale.
Sommaire :
- Quelles sont les origines du hongrois ?
- Le hongrois, une langue singulière
- Quelques curiosités de la langue hongroise
Quelles sont les origines du hongrois ?
Le hongrois, ou magyarul en version originale, reste la seule langue d’Europe centrale et occidentale… à ne pas venir d’Europe. Au milieu de toutes les langues indo-européennes — dont sont notamment issus le français, l’anglais, l’espagnol ou l’allemand — le hongrois appartient, lui, à la famille des langues finno-ougriennes, au même titre que le finnois ou l’estonien.
Mais d’où vient cette langue à part en Europe ? Si ses lointaines origines sont encore entourées de mystère et prêtent encore sujet à discussion, il semblerait que le hongrois prenne ses plus anciennes racines, au nord de l’Europe, il y a 15 000 ans, dans les tribus paléosibériennes.
Ces dernières ont été amenées à se déplacer en raison des conditions climatiques ou pour trouver de nouvelles ressources. D’abord unies, ces tribus ont fini par se séparer en plusieurs, certaines continuant leurs mouvements vers les climats du sud, d’autres préférant retrouver le nord.
Les tribus magyares, qui nous intéressent plus particulièrement, se sont installées dans le bassin des Carpates aux alentours du IXe siècle, en provenance de la Volga et de l’ouest de l’Oural.
La séparation des tribus paléosibériennes a logiquement donné naissance à différentes langues ou branches de langues. Durant leur migration, les Magyars ont bénéficié de l’influence d’autres peuples semi-nomades, notamment les Khazars, turco-mongoles. La langue hongroise puise donc ses origines et influences du turc et de langues altaïques.
En 1001, Etienne Ier crée le Royaume de Hongrie, stabilisant définitivement la présence de son peuple dans le bassin des Carpates, adoptant également le christianisme. Le hongrois entre en contact avec les langues slaves et latines, qui l’influencent également. Pas étonnant, donc, que l’alphabet hongrois soit une forme adaptée de l’alphabet latin.
Le hongrois, une langue singulière
Au cœur de l’Europe, la langue hongroise est pour le moins bien entourée, presque enclavée, par les langues slaves — parlées en Slovaquie, Ukraine, Serbie, Croatie, et Slovénie —, romanes en Roumanie et germaniques en Autriche. Pour ne rien gâcher, au-delà de son image de langue à part, le hongrois apparaît également comme particulièrement difficile à apprendre.
Ainsi, le hongrois se présente comme une langue agglutinante, c’est-à-dire qui a recours à l’ajout d’affixes — préfixe, suffixe ou infixe — dans des mots pour exprimer des nuances et des rapports grammaticaux.
Également, cette langue se distingue par son harmonie vocalique. En hongrois, elle consiste à opposer, en fonction de la position de la langue, deux types de voyelles :
- les voyelles d’arrière ou voyelles sombres : a, o, u, á, ó, ú ;
- les voyelles d’avant ou voyelles claires : ö, ü, ő, ű (voyelles arrondies), e, é, i, í, (voyelles non-arrondies).
En tout, l’alphabet hongrois, fixé en 1832, compte 40 lettres : celles de notre alphabet latin, auxquelles s’ajoutent les variantes de voyelles détaillées ci-dessus, et les consonnes suivantes :
- Cs ;
- Dz ;
- Dzs ;
- Gy ;
- Ly ;
- Ny ;
- Sz ;
- Ty ;
- Zs.
Près de 11 millions de personnes parlent le hongrois à travers le monde. Si 85% des locuteurs vivent en Hongrie, on en retrouve également dans les pays proches ainsi que certaines petites diasporas comme aux États-Unis, au Canada ou en Australie.
Apprendre le hongrois semble alors très difficile par sa construction grammaticale. Pourtant, grâce à son alphabet majoritairement proche du latin, et une prononciation plus simple que certaines langues germaniques ou slaves, cette langue peut être maîtrisée plus aisément qu’il n’y paraît. Mais comme toutes les langues, cela demande un entraînement régulier et de la pratique.
Quelques curiosités de la langue hongroise
On l’a dit, le hongrois est une langue agglutinante. C’est ainsi que son mot le plus long compte 44 lettres : Megszentségteleníthetetlenségeskedéseitekért, qui pourrait se traduire par « Pour que vos biens ne soient pas profanés ». On retrouve le noyau Szent, « Saint », auquel viennent se greffer de multiples affixes.
À l’origine influencé par le khazar, le magyar a, au fil des siècles, également puisé des inspirations dans les langues indo-européennes. Il n’est donc pas étonnant de retrouver des mots très proches du français, que vous devriez comprendre sans trop de problèmes. Par exemple :
- Antik : antique ;
- Bizsu : bijou (mais de piètre qualité) ;
- Butik : boutique ;
- Dezsávü : déjà-vu ;
- Garázs : garage ;
- Randevú : rendez-vous (plutôt galant), etc.
Si on pense le hongrois hermétique aux autres langues car « isolée » au cœur de l’Europe, on assiste à un phénomène de plus en plus répandu dans la langue natale de Pulitzer. Ainsi, il n’est pas rare de « hongrifier » ou « magyariser » des mots étrangers aux dépens de leur équivalent hongrois depuis des siècles.
Par exemple, le verbe « préférer », ou to prefer en anglais, se traduit par preferálni en hongrois. Un mot qui remplace l’expression utilisée auparavant, jobban szeretni. Il en est de même pour difference, qui donne differencia au lieu de különbség.
Un dernier exemple plus surprenant et amusant : depuis peu, le mot lájkolok est utilisé. Il s’agit d’une retranscription phonétique de I like, pour signifier que vous aimez une publication sur les réseaux sociaux. Alors que, pour désigner la même action, il aurait été possible d’utiliser le mot tetszik.
En résumé
Comment est née la langue hongroise ?
Le hongrois aurait vu le jour il y a 15 000 ans, dans les tribus nomades paléosibériennes, et notamment les tribus magyares. La langue hongroise a de multiples influences : turques, altaïques, slaves et latines. Elle fait partie de la famille des langues finno-ougriennes.
Quelles sont les caractéristiques linguistiques du hongrois ?
Le hongrois est une langue agglutinante, ce qui signifie que pour nuancer des expressions ou exprimer des rapports grammaticaux, on ajoute des préfixes, suffixes et infixes aux mots. Par ailleurs, l’alphabet hongrois est constitué des 26 lettres de notre alphabet latin, auxquelles s’ajoutent 14 variantes de voyelles.
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Bonjour,
Ce qui fait la difficulté du hongrois c’est surtout la différence avec la structure des langues indo-européennes.
Néanmoins, le hongrois reste une langue assez logique et une fois que l’on maîtrise l’utilisation des suffixes et les règles de l’harmonie vocalique, on peut comparer la langue hongroise à un jeu de construction de par sa structure agglutinante.
Bien qu’appartenant à la famille ouralienne/finno-ougrienne à l’instar du finnois et de l’estonien,
la localisation géographique en Europe centrale de la Hongrie a fait que le hongrois s’est développé au cours des siècles avec des influences et des mots d’emprunt slaves, germaniques, et parfois turcs.
Par conséquent le hongrois s’est éloigné de ses « cousins » estoniens et finnois ce qui fait qu’hormis des racines communes dans certains mots, finnois/estonien et hongrois ne sont pas mutuellement intelligibles, tandis que le finnois et l’estonien sont beaucoup plus proches.
🇭🇺🇫🇮🇪🇪
Bonjour,
Chris, heureux de te lire et de voir enfin un peu d’activité sur ce blog (faute de nouveautés il faut bien dire). J’attends toujours les nouveaux titres dans la collection Objectif Langues avec impatience (puisque nous savons au moins qu’un titre en basque était envisagé). Cet article sur le hongrois est un signe (après le tchèque et le serbe)? 😉
Concernant l’article, je trouve un peu surprenant la formulation « des mots très proches du français » alors que ce sont juste des emprunts évidents au français (de l’époque où toutes les langues de l’Europe centrale et orientale le faisaient). Je voulais justement mentionner le célèbre groupe pop hongrois Pa-dö-dő (pas-de-deux donc) qui a localement popularisé cet autre gallicisme.
Bon dimanche, Yann