En 90 ans d’existence, la collection Sans Peine a fait de nombreux adeptes. Le dramaturge Eugène Ionesco a appris l’anglais avec le tout premier ouvrage de la collection. Il en a même tiré l’inspiration pour écrire sa première pièce, La Cantatrice chauve ! Aujourd’hui, des polyglottes comme Alexandre Arguelles collectionnent ces petits livres. La collection Sans Peine est un concentré d’efficacité : comment en tirer profit au maximum ?
Suivez le guide !
Pour un apprentissage efficace, faites confiance à la pédagogie de la méthode : elle est spécialement étudiée pour vous accompagner vers la maîtrise de la langue.
Soyez réguliers
Chaque ouvrage de la collection Sans Peine comporte une introduction, qui explique comment utiliser la méthode. Le principal mot d’ordre : régularité ! Mieux vaut planifier de courtes séances de pratique quotidienne, plutôt qu’une longue séance hebdomadaire. Espacer les apprentissages permet de retenir plus en moins de temps. En 1885, Hermann Ebbinghaus a mené des expérimentations sur lui-même pour comprendre le fonctionnement de l’oubli. Il a mémorisé des suites de syllabes à différents intervalles de temps. Il a constaté qu’il les retenait deux fois plus rapidement en espaçant les périodes de mémorisation sur une période de trois jours, plutôt qu’en les regroupant sur une seule journée. Alors soyez feignants : travaillez chaque jour !
Imprégnez-vous des dialogues
Répéter les phrases des dialogues peut vous donner l’impression d’apprendre des tournures « par cœur », plutôt que d’apprendre à vous exprimer librement. Pas d’inquiétude, cependant : vous êtes sur la bonne voie ! Les jeunes enfants qui apprennent leur langue maternelle recourent au même processus. Ils utilisent souvent des expressions complexes, qu’ils n’ont pas élaborées eux-mêmes. Ils les emploient toutes faites, en répétant les phrases entendues autour d’eux. Les phrases des dialogues jouent le même rôle pour vous. Elles vous servent de modèle pour vous exprimer. Vous pouvez ainsi formuler des phrases complexes avant même d’être capables d’assembler les mots rapidement. On oppose souvent la maîtrise automatique de structures à la créativité. En réalité, connaître des structures « par cœur » assure une aisance qui permet une expression plus libre : l’accent peut être mis sur le contenu, plutôt que sur la forme.
Prenez la peine de répéter à haute voix : apprivoiser les sons de la langue demande de la pratique. Soyez indulgents avec vous-mêmes. Rappelez-vous que les enfants déforment les sons de leur langue pendant de longs mois, voire des années, avant de parvenir à une prononciation correcte !
Ne faites pas l’impasse sur les exercices
Une fois le dialogue étudié, vous pouvez avoir l’impression d’avoir assimilé toutes les nouvelles tournures. Ne refermez pas votre méthode trop vite ! Les exercices font partie intégrante de la leçon. On se rend compte de ce que l’on ne sait pas en mettant ses connaissances à l’épreuve de la réalité. Se confronter à ses lacunes permet de les combler efficacement. Pour le philosophe Alain, « il faudrait apprendre à se tromper de bonne humeur » car « penser, c’est aller d’erreur en erreur ».
Pour apprendre efficacement, il faut être acteur de son apprentissage, expérimenter par soi-même. En 1963, les chercheurs Held et Hein ont réalisé une expérience avec des chatons tout juste nés. Ces derniers étaient attachés à un système qui les faisait se déplacer dans une pièce. Un des deux chatons pouvait se mouvoir par lui-même : il était actif. Le second était placé dans une nacelle qui le transportait passivement d’un endroit à l’autre. Après quelques dizaines d’heures d’expérience, le chaton actif avait développé des compétences d’exploration visuelle normales, alors que le chaton passif manifestait des troubles importants. Ne vous contentez pas d’absorber passivement ce qui vous est présenté : manipulez vos connaissances !
La révision, une étape essentielle
Chaque semaine, une leçon de révision vous est proposée. Elle peut sembler ennuyeuse : elle ne vous apprend rien de nouveau. Prenez néanmoins le temps de l’étudier. Elle est essentielle à la bonne acquisition des connaissances ; elle tisse le lien entre les notions apprises au cours des six leçons précédentes. Les notes de bas de page sont importantes aussi. Certaines attirent votre attention sur la similarité entre une expression nouvellement présentée et une expression déjà rencontrée au cours des leçons précédentes. L’information est ainsi mise en lien avec vos connaissances antérieures. De quoi constituer un socle solide pour construire le reste de vos connaissances !
Écoutez vos envies
Respecter le cadre fourni par la méthode est important. N’oubliez pas de prêter attention à vos besoins et envies pour autant. L’apprentissage doit rester un plaisir !
Chacun son rythme
La méthode préconise d’étudier une leçon par jour. Commencez par suivre cette recommandation, mais n’hésitez pas, après quelques leçons, à vous demander si ce rythme vous convient. Si vous ressentez le besoin de vous attarder davantage sur chaque leçon, autorisez-vous à étaler l’étude d’une leçon sur deux jours. L’apprentissage d’une langue est un marathon : démarrer à un rythme qui vous épuise réduit vos chances d’atteindre la ligne d’arrivée ! Le rythme doit aussi vous stimuler : si votre étude quotidienne vous ennuie, vous pouvez envisager d’augmenter la cadence.
Ne vous sentez pas incompétent si vous ne parvenez pas à aller aussi vite que le recommande la méthode. Elle s’adresse à la fois à des débutants et des faux débutants : le public est hétérogène. Les faux débutants ont déjà quelques connaissances dans la langue. Même parmi les débutants, chaque apprenant vient avec son propre bagage. Maîtriser une langue de la même famille que la langue étudiée représente par exemple un avantage certain. La méthode est conçue pour convenir au mieux à tous : n’hésitez pas à l’adapter à votre profil particulier.
Apprenez du vocabulaire personnalisé
La méthode propose une progression finement étudiée. Il est important de la suivre pour ne pas s’éparpiller. Néanmoins, autorisez-vous aussi des moments d’exploration. Vous pouvez, par exemple, choisir d’apprendre quelques mots qui vous tiennent particulièrement à cœur chaque semaine. Consignez-les sous le format qui vous semble le plus pratique : petit carnet, notes de votre téléphone… Sachez qu’il existe des sites web et applications mobiles spécialement conçues pour apprendre du vocabulaire. Quizlet, par exemple, permet de créer des flashcards — cartes mémoire — en ligne et de vous tester n’importe où. Anki est une solution encore plus élaborée : ce site web vous permet non seulement d’enregistrer le vocabulaire sous forme de flashcards, mais aussi de l’apprendre de manière optimale. Un algorithme de répétition espacée prend en compte vos erreurs pour vous présenter les mots à la fréquence la plus adaptée à votre rythme.
Chaque apprenant se lance dans l’étude d’une langue pour des raisons particulières : savoir communiquer dans le cadre professionnel, lire des ouvrages en langue originale, s’expatrier… Recentrer votre apprentissage sur ce qui vous importe vraiment permet de construire les compétences dont vous avez besoin et d’entretenir votre motivation sur le long terme. N’oubliez pas : il faut terminer le marathon !
Que disent les sciences cognitives ?
Intégrez la langue dans votre vie quotidienne
Les dialogues de la méthode Assimil présentent le vocabulaire dans des situations concrètes. On s’imagine facilement les scènes décrites. Cette approche permet de stimuler l’ensemble des sens : vision, audition, toucher… Le souvenir est riche, distribué dans différentes régions du cerveau. Vous pouvez renforcer encore davantage votre mémorisation en intégrant la langue dans votre vie quotidienne. Si vous ne craignez pas les décorations excentriques, accrochez quelques post-it sur vos meubles et objets du quotidien, en inscrivant leur nom dans la langue que vous apprenez. Vous pourrez réviser sans effort, à travers vos activités habituelles. Si vous venez d’apprendre des termes qui se rapportent aux aliments, n’hésitez pas à les répéter à haute voix quand vous préparez votre dîner. Vous vous en souviendrez d’autant mieux quand vous serez amené à cuisiner avec un natif ! La similarité des contextes aide à restituer les informations. Une étude menée en 2007 par la chercheuse Katinka Dijkstra de l’université de Floride a montré qu’on se souvenait plus en détail de notre dernier rendez-vous chez le dentiste lorsqu’on est installé sur un fauteuil inclinable, plutôt que debout.
Mimez les dialogues de votre méthode
Pour vous immerger encore plus dans la situation et consolider vos souvenirs, essayez de mimer les actions décrites dans les dialogues, comme si vous participiez à une pièce de théâtre. On sépare souvent le corps et le mental. Pourtant, selon une idée appelée le chauvinisme moteur, le corps a un impact important sur notre cognition : notre cerveau aurait évolué pour nous permettre de nous déplacer dans notre environnement.
Écoutez des chansons
La musique favoriserait la mémorisation. Elle stimule de nombreuses structures cérébrales, notamment celles responsables du traitement des émotions et celles qui permettent la motricité. Elle laisse donc un souvenir distribué à travers plusieurs zones cérébrales. Les chansons ont souvent l’effet d’une madeleine de Proust : elles nous rappellent une période particulière de notre vie de façon puissante. Apprendre des chansons dans la langue étudiée permettrait de retenir les structures et le vocabulaire en un rien de temps !
Tirez profit de votre sommeil
Non, non, il ne s’agit pas d’écouter vos enregistrements audio en dormant ! Le cerveau endormi n’apprend rien de nouveau. Par contre, il consolide et organise les informations apprises. Pendant certaines phases de sommeil, les neurones qui ont participé aux apprentissages se réactivent à grande vitesse. Ce processus renforcerait la mémorisation des informations. Le sommeil permettrait aussi de mettre nos connaissances en perspective. Une étude de 2015, menée par les chercheurs Friedrich, Wilhelm, Born et Friederici, révèle que le sommeil joue un rôle important pour l’acquisition du vocabulaire chez le bébé. Avant une période de sommeil, un bébé qui apprend un nouveau mot à partir d’images associe ce mot à ces images en particulier. Par exemple, si on lui apprend le mot « chat » en lui montrant deux images de chat, il associe ce mot uniquement à ces deux images. Après avoir dormi, il est capable d’associer le mot « chat » à de nouvelles images de chat. Ce résultat suggère que le sommeil permet une généralisation des apprentissages. Le souvenir est retravaillé.
Selon les recherches récentes sur le sommeil, l’idéal serait d’apprendre le soir et de restituer les informations le matin, une fois que le sommeil les a organisées. Si votre rythme de vie le permet, vous pouvez étudier le dialogue de votre leçon quotidienne le soir et effectuer les exercices à votre réveil.
Que faire une fois la méthode terminée ?
Vous avez enfin tourné la dernière page de votre méthode Assimil. Félicitations ! Mais comment ne pas oublier ce que vous avez appris et continuer à progresser ?
Passez à la collection Perfectionnement
Pour certaines langues, comme l’anglais, le russe, l’italien ou encore l’arabe, Assimil propose une suite à la collection Sans Peine : la collection Perfectionnement, qui vous permet de poursuivre votre apprentissage sur un modèle similaire. Vous pourrez atteindre jusqu’au niveau C1 du cadre européen des langues.
Procurez-vous des livres dans la langue apprise
Ne paniquez pas trop vite ! Il ne s’agit pas de vous jeter dans le grand bain hâtivement. Vous pouvez commencer par lire des ouvrages que vous avez déjà lus et relus dans votre langue maternelle. De nombreux polyglottes recourent à cette technique. Le célèbre Giuseppe Mezzofanti, religieux italien du XIXe siècle, s’appuyait sur les versions étrangères des prières catholiques pour discerner le vocabulaire et les structures des langues qu’il apprenait. Léon Trotski a appris plusieurs langues à partir de versions étrangères de la Bible, pour « ne pas perdre une seule minute en étant obligé d’utiliser un dictionnaire ».
Les romans bilingues constituent aussi un choix intéressant. Ils permettent de poursuivre l’acquisition de connaissances en suivant une méthode d’apprentissage par la traduction, comme la collection Sans Peine. Le recours à la traduction est très ancien : les Romains apprenaient le grec à partir de dialogues bilingues. Aujourd’hui, l’approche par la traduction est remise en question. Il faudrait apprendre les langues étrangères sans se référer à sa langue maternelle, pour éviter toute confusion. Pourtant, traduire permettrait de souligner les différences entre les langues et de prévenir les erreurs. Les enfants bilingues traduisent constamment. Ils comparent leurs deux langues, plutôt que de les consigner chacune dans un espace séparé. Ce mécanisme les aiderait à passer d’une langue à l’autre sans interférence et à bien les distinguer. Tant que vous avez besoin d’une traduction, ne vous en privez pas ! Elle approfondira et accélèrera votre apprentissage de la langue.
Lila Lumière
Lila Lumière est étudiante en sciences cognitives à l’université Lumière Lyon 2.
Quelques ouvrages pour aller plus loin :
– DEHAENE Stanislas. Apprendre ! : Les talents du cerveau, le défi des machines (Odile Jacob, 2018).
– VERSACE Rémy, BROUILLET Denis et VALLET Guillaume. Cognition incarnée : Une cognition située et projetée (Mardaga, 2018).
– BUTZKAMM Wolfang et CALDWELL John AW. The bilingual reform: A paradigm shift in foreign language teaching (Narr Francke Attempto Verlag, 2009).
Bonjour,
Je recommence la méthode de norvégien, je m’étais arrêter vers la leçon 25 découragé, et là je ne suis qu’à la 13 et déjà depuis quelques leçon je soupir de découragement!
Je trouve que la difficulté augmente trop vite, mais peut être que c’est parce que je m’y prends mal…
J’ai dans l’idée que je suis sensé connaître quasiment par coeur les mots et règles d’une leçon pour passer à la suivante, ai-je tors?
Et est-ce utile, pas utile, voir pas bon de noter dans Anki tous les nouveaux mots, verbes, etc. dès la phase passive ?
Bien cordialement,
Aurel
Les lecons Assimil deviennent vite tres lourdes. Ainsi, les premiers jours, on parvient tout joyeux a faire une lecon par jour, mais effectivement, vers la lecon 25, cela devient injouable, a moins d’y passer plusieurs heures par jour. Adieu l’apprentissage d’une langue en dix minutes par jour. Et, decu, on referme le livre.
Est-il preferable d’avoir des lecons calibrees de 10 minutes par jour, afin de preserver l’entrain et l’illusion que l’on apprend efficacement la langue? Pas certain. La plupart des concepts d’une langue demande beaucoup plus.
Apprendre une langue reste une activite lourde, et la joie de faire semblant de savoir la parler en connaissant quelques phrases ne doit pas occulter l’immense travail que demande sa maitrise.
Alors comment faire face au decouragement?
C’est tres simple. Il suffit de ne pas y penser. A partir de la 25eme lecon, des phenomenes frustrants apparaissent: On s’apercoit que l’on a oublie des choses apprises serieusement pourtant. On a l’impression de tout melanger, conjugaisons, declinaisons, vocabulaire… Et bien, CE N’EST PAS GRAVE DU TOUT. Il faut accepter que le cerveau n’est pas une piscine a remplir, c’est juste un paquet de tuyaux qui se vident en permanence, mais qu’on on peut alimenter et ranger.
Il suffit effectivement de continuer son labeur chaque jour, et je pense que la duree doit etre comprise entre 45 et 60 minutes, et meme si on ressent des frustrations, la regularite ne peut mener ailleurs qu’a la reussite. Si on a du mal a apprendre une langue, ce n’est pas parce qu’elle est difficile, c’est parce qu’on a referme le livre.
Je fais entre 15 et 120 minutes par jour 90% des jours. Les 10% restants, je fais zero. C’est deja une regularite exceptionnelle et suffisante. Je progresse inexorablement. Il est impossible de ne pas progresser comme cela. Au bout d’un an, on atteint sans probleme le niveau B1.
On se decourage, on cesse de travailler: La, c’est certain, on ne progresse pas, et on trouve ca difficile?!
On ne reflechit pas, on continue de travailler, alors il est impossible de ne pas progresser. C’est mecanique, meme si on ne mesure pas le progres avec precision. Le but n’est pas de mesurer sa progression, c’est juste de parler la langue.
Il est vrai qu’Assimil enjolive un petit peu. Pour apprendre une langue, il faut tout de meme une bonne raison et de la determination. Si la seule bonne raison est d’impressionner dans les diners, c’est sans espoir et une perte de temps. Expatriation, etudes ou mariage…
Un des bons cotes d’Assimil c’est la diversite. La methode touche a tout et encourage le touche a tout. Elle ne pretend pas etre exhaustive: Il faut toucher aussi hors assimil. Lire des contes, des nouvelles, aller au cinema, trouver des interlocuteurs, ecouter les nouvelles, faire des themes et des versions par ecrit.
En phase active (deuxieme vague) je traduis toutes les lecons par ecrit, depuis la langue vers le francais, et je me fais un Assimil exclusivement dans la langue, sans le francais, avec toutes les expressions, coujugaisons etc. des notes.
Lorsque l’on apprend une langue avec ASSIMIL, on apprend également à l’écrire…
Dans la collection des cahiers d’écriture, est-ce qu’il serait envisageable de faire un cahier pour l’alphabet khmer et pour l’alphabet arabo-persan (avec l’enseignement de la forme Nastaʿlīq utilisée dans la calligraphie persane) ?
Pourquoi pas ? le potentiel paraît faible, mais la collection continue à se développer.
Un cahier d’écriture pour le khmer aurait certainement un meilleur potentiel, ne serait-ce que pour compléter la méthode de khmer « sans peine » (qui je l’espère sera bientôt réimprimée avec la nouvelle charte graphique).