Tous les mois, nous vous présentons un film disponible en version originale, un moyen idéal de pratiquer une langue étrangère. Nous inaugurons notre série mensuelle CinéAssimil avec un grand film de Shôhei Imamura, l’adaptation du roman de Masuji Ibuse, Pluie Noire (Kuroi Ame).
Pluie Noire de Shôhei Imamura (1989) est un des rares films japonais qui évoquent les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki (6 et 9 août 1945) et leurs conséquences sur les populations. Le film s’ouvre sur d’impressionnantes scènes apocalyptiques à Hiroshima. M. Shizuma, accompagné de son épouse et de sa nièce, ont reçu la pluie noire (la pluie radioactive qui a suivi l’explosion et le rayonnement) sans être directement irradiés et ils traversent les décombres de la ville. Entre les cadavres carbonisés, les survivants qui errent tels des morts-vivants, tout n’est qu’horreur et désolation. Cinq années plus tard, on retrouve les Shizuma et leur nièce Yasuko dans le calme de leur village de campagne. Yasuko peine à trouver un mari, et le fait qu’elle soit une hibakashu (littéralement une « victime de la bombe ») n’arrange rien. En effet, un doute permanent pèse sur son état de santé et tous les « irradiés d’après » ne tardent pas à se découvrir des problèmes de santé plus ou moins graves…
Un montage magistral
Film historique sur le bombardement d’Hiroshima, pamphlet anti-nucléaire, chronique intime et familiale des irradiés, mélodrame sans pathos excessif, adaptation réussie d’un classique : Pluie Noire, filmé en noir et blanc, est tout cela à la fois. Grand lecteur de Masuji Ibuse dont il appréciait l’humour particulier, Imamura souhaitait adapter Pluie Noire au cinéma depuis plusieurs années. Le film, montré à Cannes, n’obtiendra pas la Palme d’Or cette année-là (Imamura l’a obtenue deux fois : en 1983 pour La Ballade de Narayama et en 1997 pour L’Anguille) mais il est accueilli par une critique élogieuse et unanime partout où il est distribué. Le récit se déroule selon un tempo parfait (ellipses, flashbacks, etc.) rendu par un montage magistral qui donne à l’ensemble un vrai souffle romanesque. La mise en scène, comme toujours chez Imamura, refuse le spectaculaire et s’autorise très peu de mouvements de caméra. Le style est épuré jusqu’à l’os, et le sens du cadre, véritable marque de fabrique des cinéastes japonais, se vérifie à chaque plan.
Index thématique (remerciements à Catherine Garnier)
戦争 sensô : guerre
原子 genshi : atome
原子爆弾/原爆 genshibakudan/genbaku : bombe atomique
原爆 投下 genbaku tôka : largage de la bombe atomique
原爆 炸裂 genbaku sakuretsu : explosion de la bombe atomique
原子雲 genshi.un : nuage atomique
爆 心地 baku shinshi : centre de l’explosion
爆 風 baku fû : souffle d’une explosion
放射 線 hôsha sen : radiations
残留 放射能 zanryû hôshanô : retombées radioactives
被爆者 higaisha : victimes
直接 被害者 chokusetsu higaisha : victimes directes
二次 被害者 niji higaisha : victimes indirectes (des retombées radioactives, « pluies noires »)
火傷 yakedo : brûlure
生存者 seizonsha : survivants
救護 活動 kyûgo katsudô : les secours
Pluie Noire (Kuroi Ame), un film de Shôhei Imamura (Japon, 1989, 123 minutes). Disponible en DVD chez Films Sans Frontières. Les sous-titrages sont disponibles en français et en anglais.
Le site de Films Sans Frontières : http://www.films-sans-frontieres.fr/
Pluie Noire sur IMDB
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