Les lecteurs de ce blog au Canada sont nombreux et, comme 95 % des articles sont en français, ces lecteurs canadiens sont naturellement québécois pour une grande part. Mais du côté anglophone, on trouve aussi des bilingues lecteurs de ce blog. Pascal Virmoux-Jackson est de ceux-là : c’est un assimiliste de la première heure, qui a travaillé pour le Gouvernement du Yukon, Whitehorse, en tant que traducteur et réviseur, et ce en anglais comme en français. Il se présente volontiers comme « un polyglotte qui vit dans un monde de langues » et qui « pense à contre-courant et en dehors de la boîte ». De façon très spontanée, et dans le cadre des 90 ans d’Assimil, il nous a proposé de rédiger un article pour témoigner de son apprentissage des langues avec notre méthode. Nous le publions avec enthousiasme et vous encourageons à suivre son compte Twitter, dans lequel il distille des conseils, « des orientations, des solutions et des axes de réflexion en traduction ».
Oui, il est de ces personnes qui ont le « don » des langues.
Et il est des méthodes de langues qui encouragent, accompagnent et subliment ce don.
C’est le cas d’Assimil.
Et pour en parler le plus objectivement possible, je ne trouve pas de meilleur moyen que de remonter dans mon histoire personnelle.
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En fait, c’est en scrutant les étagères du rayon Langues d’une petite librairie locale que je découvre, un mercredi matin, un livre au titre énigmatique : « Le grec sans peine ».
C’était au tout début des années 1970, j’avais alors six ans.
Fascination.
C’est certainement le mot qui convient le mieux pour décrire mon sentiment de petit garçon en feuilletant ce livre d’apprentissage au format bilingue : le grec à gauche, le français à droite.
Les premières pages m’interpellent immédiatement.
Avide, curieux, presque fébrile, je parcours du regard et de l’index, sourcils froncés, cet alphabet un peu étrange, mais que la transcription phonétique me permet de prononcer approximativement dans ma tête.
Il me faut absolument ce livre. Ma grand-mère n’est pas loin et je la convaincs de me l’acheter.
De retour à la maison, je me mets tout de suite à l’étude de l’idiome hellène. Bon, même si cet engouement ne fut que de courte durée (quelques semaines tout au plus, je ne pense pas avoir dépassé la dixième leçon… mais le fait de ne pas avoir à disposition les enregistrements – à l’époque sur disques ou cassettes, je crois – a dû avoir raison de ma motivation), il reste que j’avais, dès lors, irrémédiablement contracté le « virus Assimil ».
Il faut dire que, de mère française et de père américain, mon cerveau était sans doute de facto prédisposé pour les langues (ou plutôt : ‘hardwired for languages’), même si j’ai été élevé loin des frontières et des autres langues européennes, dans la région de ma belle ville natale, Bourges.
Assimil répondait d’ores et déjà à toutes mes attentes, fort exigeantes, de polyglotte en devenir. Après le grec, j’achète, à sept ans, le latin, dans la même collection « sans peine ».
Ensuite viennent grossir les rangs de ma glossothèque (ou linguathèque, c’est selon) le serbo-croate d’abord, puis le néerlandais, deux ou trois ans plus tard.
Pour cette dernière langue, ma détermination était plus forte : en effet, habite dans mon village un couple de vieux fermiers flamands ; ils seront dorénavant mes référents sonores en chair en os pour la langue parlée au pays des polders (et dans leur plat pays d’origine aussi)!
Pour « Le polonais sans peine », j’opère de la même façon, mais en allant frapper à la porte de Madame K., vieille dame polonaise qui parlait un français approximatif mais qui m’a beaucoup aidé pour la prononciation de sa langue maternelle.
Au fil des mois, des années et des décennies, se succèdent, toujours dans la collection « sans peine » (mais pas forcément dans un ordre chronologique) : le hongrois, le russe, le breton, l’allemand, l’italien, l’espagnol, le roumain, le portugais, le tchèque, le corse, le swahili, le turc, le basque, l’hébreu, l’arabe, le chinois, le coréen, le vietnamien, l’indonésien, l’occitan, le persan (farsi), le malgache, le hindi, le suédois, le norvégien, le danois, le finnois…
Bref, grâce au format unique et pratique d’Assimil, j’ai acquis de très solides bases dans un grand nombre de ces langues. Mais pour être honnête, j’en ai laissé tomber plusieurs au cours de mon cheminement linguistique. Non pas par lassitude, mais plutôt par manque de « connexion » et d’« affinité » avec certaines langues (asiatiques et sémitiques, notamment).
Oui, je fonctionne à l’instinct pour les langues.
Abordables, évolutives, ludiques, les méthodes Assimil sont idéales pour qui souhaite étudier et apprendre une langue en autodidacte.
Et ce qui est vraiment génial, c’est qu’Assimil a su, de tout temps, adapter ses contenus et ses supports pédagogiques (disques > CD > mp3, présentations des manuels, méthodes électroniques, etc.).
Par ailleurs, les supports audio dans la langue cible uniquement sont de grande qualité et les explications grammaticales sont progressives et distillées à doses mesurées tout au long de l’apprentissage. Autrement dit, pas de longues explications indigestes qui viennent entraver l’apprentissage naturel de celles et ceux qui souhaitent apprendre à communiquer dans la langue.
Atteint, je le concède, d’assimilite aiguë, j’ai récemment acheté les méthodes électroniques pour réviser mes langues « fortes » (espagnol, portugais du Brésil et russe), mais aussi pour me remettre à l’italien.
Mais en authentique assimiliste, je n’ai pas pu résister à la tentation d’acheter les livres correspondants pour pouvoir étudier et réviser n’importe où!
Ce qui est également extraordinaire avec Assimil, c’est que la méthode – qu’elle que soit le support utilisé – crée une proximité immédiate avec l’apprenant(e), sans doute du fait des dialogues vivants, des notes culturelles et des petits dessins humoristiques. C’est en tout cas mon ressenti depuis que j’utilise Assimil.
Certes, ces méthodes – comme toutes les autres – conviennent à certains et pas à d’autres. Et elles ont, bien entendu, leur lot de détracteurs. J’ai moi-même un regard critique sur certains aspects de la méthode.
En toute honnêteté, je trouvais les anciennes éditions (années 1970-1980) très en décalage par rapport à la réalité et à l’exploitabilité de la langue étudiée (dialogues peu intuitifs et surannés, tours bizarres et artificiels, etc.).
Or, dans les nouvelles méthodes (ou dans les méthodes actualisées), les dialogues, les expressions et les mises en situation sont beaucoup plus en phase avec, justement, la « vraie » langue telle qu’elle est utilisée dans le ou les pays concernés – il suffit d’ailleurs pour s’en convaincre de les essayer auprès de locuteurs natifs.
Personnellement, en tout cas, ces méthodes me conviennent (même si je les adapte presque complètement à ma propre démarche cognitive) et je les utiliserai encore longtemps.
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Aujourd’hui, le « tout-de-suite-maintenant » prime, y compris dans le domaine de l’apprentissage des langues. Mais c’est une illusion.
Car apprendre vraiment une langue, c’est passer beaucoup de temps avec elle : il faut l’apprivoiser, la tutoyer et se l’approprier entièrement.
Et justement,avec Assimil, c’est une histoire d’amitié.
Une connivence et une complicité entendue sur la route exaltante du polyglottisme.
Merci, Assimil.
Pascal Virmoux-Jackson, 2019
Hi Pascal,
Nice story.
Ta sœur.
Lilla
Qui a appris le hongrois avec la méthode ASSIMIL et quelles sont vos impressions ?
Ayant déjà appris cette langue à l’Institut Culturel Hongrois de Paris (niveau A2), je trouve que cette méthode est difficilement abordable pour un complet débutant car elle entre vite dans la difficulté.
De plus, 85 leçons pour une langue aussi complexe, c’est vraiment peu…
Bonsoirr Pascal, Lilla, Chris et tout le monde,
En parcourant la « jungle » des messages de ce bloc-notes, où il est parfois difficile de s’orienter, je retombe sur cet article et j’en profite pour y ajouter ma contribution (sans doute un peu longue, je l’admets…) et répondre à la question de Chris.
Pascal, je suis en accord presque total avec toi. Ma propre expérience ressemble beaucoup à la tienne, et mon appréciation générale des publications d’Assimil est pour ainsi dire la même. Je précise cependant, par rapport au titre de l’article, que je ne crois pas qu’il existe un « don » (des langues, des mathématiques, de la musique…), mais plutôt qu’il faut travailler, et parfois très dur, pour arriver à maîtriser quelque matière que ce soit. Et donc, en effet, le « tout-de-suite-maintenant… dans le domaine de l’apprentissage des langues » est bien une illusion. Le seul « mystère » réside peut-être dans l’origine de la passion qu’on peut éprouver pour tel ou tel domaine de connaissance. Rien dans mon entourage familial ne me poussait a priori vers les langues, et pourtant elles m’ont attiré dès mon plus jeune âge et sont vite devenues mon centre d’intérêt majeur, au point que j’ai dû (et dois encore parfois) faire des efforts pour qu’elles ne dévorent pas entièrement mon temps. Ayant eu une grande importance dans la profession que j’ai exercée pendant plus de 35 ans, elles empiétaient parfois un peu trop sur mon temps libre, et c’est pourquoi depuis ma récente retraite, je prends bien garde à ménager de l’espace pour d’autres activités.
Chris, le Hongrois d’Assimil me semble en effet un peu hors de portée pour un débutant complet dans cette langue, bien plus difficile à maîtriser pour nous que celles des pays qui nous entourent. À une morphologie abondante et des structures parfois insolites s’ajoute, comme à chaque fois qu’on sort du domaine indo-européen, un vocabulaire très ardu à mémoriser, car les relations que l’on peut trouver même entre des langues a priori aussi éloignées que le français et le russe ou l’islandais, font ici presque totalement défaut. Et pourtant un bon tiers du vocabulaire hongrois est emprunté, essentiellement aux langues indo-européennes, mais il est parfois difficilement reconnaissable, surtout lorsqu’il s’agit d’emprunts anciens, transformés par la phonologie de la langue. Citons quelques exemples : « asztal » (table) est à rapprocher du russe стол et de l’allemand Stuhl ; « föld » (champ), tout comme ses équivalents finnois « pelto » et estonien « pöld » d’ailleurs, se rattache à l’allemand Feld et à l’anglais field (étymologie qui est cependant contestée par certains spécialistes) ; les noms des jours de la semaine « szerda, csütörtök, péntek, szombat » (mercredi, jeudi, vendredi, samedi) reflètent le russe среда, четверг, пятница, суббота. Il arrive aussi, très rarement, que le hasard fasse bien les choses : « ház » (maison), víz (eau, comme son équivalent finnois et estonien « vesi ») et « nem » (non) font bien sûr penser à l’allemand Haus, Wasser, nein ou l’anglais house, water, no (et, pour le dernier, à toutes les négations en n- de l’indo-européen), mais il s’agit en fait de coïncidences, car ces mots reposent sur des racines finno-ougriennes. Outre de tels cas, et les mots internationaux qu’on trouve principalement dans le domaine des sciences et techniques, il faut faire tourner à plein sa « mémoire vive » pour assimiler le lexique hongrois.
Pour en revenir à la méthode Assimil, je trouve qu’elle survole trop rapidement certains points et que les « gourous » de la magyarologie que sont en France Georges Kassai et Thomas Szende ont étonnamment manqué de pédagogie lors de sa conception. Ainsi, l’inclusion de textes « littéraires » (poésie, chanson, conte), dont certaines tournures ne sont plus utilisées dans la langue d’aujourd’hui, est une erreur pour un manuel de ce niveau et révèle un choix bien surprenant en matière de progression de la part de spécialistes de l’enseignement du hongrois aussi éminents que les deux auteurs.
Mais surtout, les explications qu’ils fournissent à certains phénomènes spécifiques sont trop peu développées et très mal illustrées. Des analyses et des exemples plus nombreux étaient nécessaires, notamment en ce qui concerne les questions d’accord, la formation du passé ou l’emploi de la conjugaison objective, du conditionnel et de l’impératif, pour ne citer que les points qui me paraissent les plus importants. Pour ce qui est du système verbal, il est particulièrement dommage que les auteurs aient été si rapides, d’autant que le hongrois ne compte finalement pas un très grand nombre de temps et modes si on le compare à d’autres langues, mêmes relativement proches comme le finnois et l’estonien qui lui sont historiquement apparentés, bien qu’il ne reste à présent presque rien de très visible de leur origine commune, ni dans le vocabulaire, ni dans la structure grammaticale.
Les notes qui accompagnent les leçons sont à mon avis un autre point faible du Hongrois, et je les qualifierais presque d’indigentes et paresseuses. En effet, elles vont rarement au fond des choses, et lorsqu’on arrive à la leçon de révision dans laquelle on pourrait s’attendre à de plus solides éclaircissements, on reste presque toujours sans réponses précises. De plus, beaucoup de ces notes sont assez inutiles, quand elles se contentent de renvoyer à d’autres dans les leçons qui précèdent, alors que la réapparition d’un phénomène grammatical dans un texte pourrait beaucoup plus avantageusement être l’occasion d’approfondir son explication. Et puis l’appendice grammatical est trop maigre et n’apporte rien de nouveau.
Enfin, la méthode telle qu’elle existe aujourd’hui est vraiment « vieillotte ». Sa réédition en 2013 aurait nécessité une mise à jour plus détaillée, à l’instar de ce qui a été fait pour beaucoup d’autres, même parmi celles qui ont été publiées après le Hongrois sans peine. Au lieu de ça, on retrouve un contenu presque entièrement identique à celui de l’édition de 1989, les seules modifications portant sur la typographie et les illustrations. Mis à part ces éléments extralinguistiques, on ne note que l’ajout de dialogues à la fin des leçons de révision, et la modification des données géographiques au début de la leçon 47 pour tenir compte de l’évolution géopolitique de l’Europe centrale à partir des années 90.
Je pense également, comme toi, que quatre-vingt-cinq leçons, c’est très peu, alors que la norme semble être maintenant de cent leçons pour chaque méthode, chiffre qui était même parfois largement dépassé dans les Sans peine des années 60 à 80.
Le hongrois fait partie des langues que j’ai été amené à étudier intensivement à une époque maintenant assez lointaine, dans des circonstances particulières, puisqu’au travers du russe, dans des cours tels qu’ils étaient organisés alors en U.R.S.S. : on sortait de ce « matraquage » soit en parlant parfaitement la langue enseignée, soit en la détestant et en y étant devenu allergique à vie. Je n’ai rejoint (malheureusement, et fort heureusement) aucune de ces deux catégories. Je suppose que j’ai tenu le coup grâce à mon goût pour la grammaire « dure », mais aussi certainement en raison de la séduction subtile que cette langue unique sait exercer sur ceux qui s’intéressent à elle. Je regrette de ne pas avoir pu par la suite entretenir comme il l’aurait fallu les connaissances que j’avais acquises, confronté aux mêmes obstacles que tous ceux (j’en connais pas mal, personnellement, et je sais qu’il y en a aussi beaucoup sur ce bloc-notes !) qui souffrent de boulimie linguistique et que les obligations de la vie (professionnelle, entre autres) empêchent de mettre suffisamment la théorie en pratique.
Cela dit, je ne pense pas que le hongrois soit une langue exceptionnellement difficile. Personnellement, je placerais un cran au-dessus le finnois, par exemple. Cependant, le hongrois est bel et bien déroutant au premier abord, et il nécessite un apprentissage méticuleux et rigoureux, ainsi que d’importants efforts de mémorisation.
Si le Hongrois d’Assimil n’est pas tout à fait « à la hauteur », il n’en demeure pas moins hautement recommandable et intéressant, car cette langue est encore mal servie par l’édition française. Tout récemment, les éditions Ellipses y ont consacré un volume (Hu là là, premiers pas en hongrois, par Zsófia Manga-Zoltán) dans une série de manuels (« Made in ») inaugurée il y a un an et demi, qui a déjà abordé 9 langues au niveau A1/A2, les autres étant le français, l’allemand, le néerlandais, le grec moderne, le russe, l’hébreu moderne, le japonais et le chinois. Cette collection doit s’accroître et inclura prochainement l’anglais (qui n’a donc pas eu la primeur, en dépit des exigences du fameux marché), un second volume sur le grec moderne, et un autre sur le français, mais cette fois au niveau B1/B2, ce qui laisse penser qu’une série de « perfectionnement » est aussi programmée.
Je n’ai pas encore eu l’occasion d’examiner la méthode de Zsófia Manga-Zoltán, mais hélas je n’ai pas l’impression que l’auteure soit plus versée dans la pédagogie que Georges Kassai et Thomas Szende… Tout d’abord, à la différence des autres volumes de la série qui proposent une progression par leçons ou unités mêlant l’acquisition de la grammaire à celle du vocabulaire, Hu là là est divisé en deux parties. La première, Grammaire, présente les règles de base de la langue de façon théorique, hors d’un véritable contexte, car elles ne sont illustrées que par des phrases isolées, et dans certains chapitres même uniquement par des mots. C’est donc de la grammaire « à l’ancienne », probablement assez ennuyeuse pour la plupart des utilisateurs, et en tout cas pas très efficace. La seconde partie, Vocabulaire, compte 20 chapitres thématiques dans lesquels les mots sont présentés dans des phrases et des tableaux récapitulatifs (« Lexiques »), avec pas mal d’indications sur la vie en Hongrie et, dans trois cas, un texte se rapportant au sujet du chapitre. Malheureusement, comme ces textes sont déconnectés de la partie grammaire, à laquelle aucun renvoi n’est proposé, ils compliqueront probablement plus l’étude de beaucoup d’utilisateurs qu’ils ne la faciliteront. Par ailleurs, certaines remarques « de civilisation » sont si peu originales qu’on se demande parfois à quoi elles peuvent bien servir. Qu’on en juge par le chapitre La santé, qui contient deux paragraphes, dans lesquels on « apprend » que
– Chez le médecin : En Hongrie pour se soigner on peut aller chez le médecin généraliste (ou chez le pédiatre avec les enfants jusqu’à l’âge de 14 ans) qui vous envoie chez un spécialiste si vous en avez besoin. Dans un cas urgent vous devez appeler le SAMU (104) qui vous emmène à l’hôpital.
– À la pharmacie : Dans les pharmacies, on peut trouver toute sorte de médicaments : des comprimés sur ordonnance, des remèdes homéopathiques, des sirops, des pommades, des tisanes.
En revanche, pas un mot n’est dit sur le système de santé du pays. Notons aussi au passage que le nom local du « SAMU » (Országos Mentőszolgálat, soit Service National de Secours, dont le sigle, OMSZ, fait immédiatement penser à OMS !) n’est même pas mentionné dans le chapitre.
J’ai aussi relevé des erreurs assez importantes dans les premières pages du livre. En voici deux : page 10, le mot « kertben » est traduit par « dans les jardins », alors qu’il signifie « dans le jardin », le pluriel étant « kertekben » ; page 13, le suffixe -ban/-ben est dit exprimer la « direction », ce qui est faux, puisqu’il exprime au contraire la position ou localisation, la direction étant rendue par -ba/-be.
Enfin, signalons pour finir que bien que l’auteure ait une connaissance remarquable de la langue française, elle n’utilise pas toujours des formulations naturelles aux francophones de naissance. Cette critique s’adresse en premier lieu à l’éditeur, qui de toute évidence n’a procédé à aucune relecture (ce problème semble se généraliser, hélas, et le reproche a même pu parfois être adressé à Assimil). Il n’est pas normal à mon avis de lire dans un manuel d’enseignement « les voyelles avec L’ACCENT POINT ou DEUX POINTS » (pour parler des lettres i, ö et ü), « les verbes ne s’expriment pas À la même façon », « la négation en hongrois s’exprimeNT sous trois formes », « DANS le restaurant, DANS le café » (titre du chapitre 41), etc., etc., etc.
Il faut bien dire qu’il existe d’autres très bonnes méthodes de hongrois, mais ce n’est pas en France qu’il faut les chercher. Et pourtant les éditeurs anglophones ne sont pas forcément les meilleurs dans le domaine et on ne trouve pas non plus grand-chose en Allemagne. Certaines publications en russe sont excellentes, en tout cas pour ceux que l’étude systématique de la grammaire ne rebute pas. Pour en revenir au français, toutefois, le manuel qui me semble être le meilleur est hélas depuis longtemps épuisé. Il s’agit de celui publié à Budapest en 1967 (je possède la réédition de 1976) par Tankönyvkiadó (« Société d’Édition de Manuels ») sous le simple titre de « Manuel de hongrois », ouvrage de Lelkes István dans la grande tradition des méthodes pour étudiants étrangers que l’on trouvait dans les « pays de l’est » par le passé, qui étaient en général très bien faites sur le plan linguistique. Il fait partie d’une série (Tanuljunk nyelveket!, « Apprenons les langues ! ») qui a publié en Hongrie, entre les années 60 et la chute de l’ancien régime, manuels et guides de conversation consacrés à plusieurs langues, ainsi que des cours de hongrois pour étranger comme celui de M. Lelkes (j’en possède les équivalents en anglais, russe et italien).
Rappelons pour terminer une excellente méthode publiée en Hongrie et que nous avons déjà évoquée par le passé, « Halló, itt Magyarország! » d’Erdős József et Prileszky Csilla. Mais, c’est bien connu, la perfection n’est pas de ce monde… et ce manuel est entièrement en hongrois, ce qui pourra poser un problème à ceux qui travaillent en autodidactes, malgré la présence d’un lexique anglais et d’un volume d’accompagnement donnant des explications en français, italien et allemand.
Bonne fin de dimanche,
Michel.
Bonjour Michel,
Je suis d’accord avec toi, le « Manuel de hongrois » de Lelkes István (1967) que je possède depuis longtemps est le meilleur et le plus complet des ouvrages francophones d’apprentissage du hongrois si on fait abstraction des textes très orientés sur l’idéologie communiste de l’époque (ce qui rajoute néanmoins un intérêt historique à l’ouvrage).
Bien qu’épuisé, on peut encore le trouver d’occasion sur internet à des prix raisonnables.
Pour en revenir à la méthode ASSIMIL de hongrois remise à jour en 2013, je regrette qu’elle ne soit pas plus progressive et plus claire sur certains points de grammaire, et aussi qu’il n’y ait pas eu au moins 100 leçons au lieu de 85.
En effet, la faible épaisseur du livre est complètement disproportionnée par rapport à la complexité de la langue hongroise !
Quand aux méthodes anglophones classiques « Teach Yourself Hungarian » et « Colloquial Hungarian », je n’ai pas encore eu l’occasion de les étudier en détail, peut-être as-tu un avis sur ces deux méthodes ?
Bonjour Chris,
En ce qui concerne les méthodes anglophones publiées par les deux éditeurs que nous connaissons bien, dont les catalogues sont les plus étoffés, ma préférence va à Teach Yourself Hungarian de Zsuzsa Pontifex, car je trouve que Colloquial Hungarian de Carol Rounds et Erika Sólyom « concentre » un peu trop le matériau grammatical. Cela dit, les deux cours sont agréables et intéressants (mais il y en a peu qui ne le sont pas chez ces éditeurs) et permettent d’acquérir les bases indispensables de la langue.
En revanche, et là encore tu ne seras pas surpris, je ne recommanderais pas le Beginner’s Hungarian de Katalin Boros publié chez Hippocrene, car ce livre relève plus du guide de conversation et ne fait que survoler la grammaire de la langue.
Bon après-midi,
Michel.