Si le français est la seule langue officielle de l’Hexagone, le pays compte une multitude de langues régionales, implantées géographiquement et historiquement du nord au sud de ses frontières.
Malgré leur net recul au fil des années, les langues régionales en France font partie intégrante de l’identité de chaque région, au même titre que leur culture et leur histoire.
Les langues régionales, de la naissance au déclin
On dénombre en France 75 dialectes régionaux, dont 54 en Outre-mer, nés des évolutions de la civilisation et des métissages avec les populations rencontrées ou frontalières.
Histoire des langues régionales
Au XVIe siècle, le français est supplanté par diverses langues régionales romanes d’oc (au sud) ou d’oïl (au nord), parmi lesquels le picard, le normand ou le champenois, et des dialectes non romans, comme le breton ou encore le flamand, issus de « métissages » avec le gallois ou le néerlandais. Déjà à cette époque, le grammairien britannique Jehan Palsgrave distingue le dialecte tourangeau comme étant la version la plus « pure » du français, puisqu’il s’agissait du français tel que les rois le parlaient.
Au XVIIe siècle, le souverain et son entourage rejoignent Paris avant de s’installer à Versailles. Le bon usage de la langue est alors défini comme étant le parler de la cour, un prestige largement contesté lors de la Révolution française. Au XIXe siècle, les écoles normales se voient confier la responsabilité de former les instituteurs, qui transmettent eux-mêmes la « norme » auprès des jeunes français, avec l’appui des manuels de prononciation. Les langues régionales de France et leur diversité s’effacent à mesure que l’éducation progresse, avec un enseignement dispensé essentiellement en français. Le XIXe siècle voit également naître la notion d’État-Nation, avec une langue unique et fédératrice au sein du pays.
Le XXe siècle finit d’installer la suprématie du français sur les dialectes régionaux. Avec le brassage social provoqué par les deux conflits mondiaux, le français de la bourgeoisie parisienne prend le pas sur les différents dialectes et s’étend aux classes moyennes et aux habitants de province. La radio et la télévision contribuent également à unifier la langue; on estime que 25% des Français parlaient une langue régionale en 1900, contre 3% au XXIe siècle.
Les langues régionales en chiffres
Si les langues régionales sont en déclin continu et ne sont souvent parlées que par la frange la plus âgée de la population, leur pourcentage de locuteurs varie en fonction des régions.
Ainsi, selon le rapport du Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la pluralité interne établi en 2013, l’alsacien compterait 900 000 locuteurs, soit 53% de la population locale. Le catalan serait parlé par 34% de la population régionale, soit 126 000 personnes et le corse serait toujours parlé par 60% des locaux, c’est à dire 150 000 personnes.
D’autres dialectes connaissent une paupérisation beaucoup plus rapide. C’est le cas du flamand, parlé actuellement par 30 000 personnes soit 2% de la population de la région, du franco-provençal (3% de locuteurs, soit 150 000 personnes) ou encore des langues d’oïl, parlées par 1% des locaux seulement.
Sauvegarde des langues régionales de France
En raison de la richesse culturelle et patrimoniale qu’elles représentent, les langues régionales de France sont au cœur de différentes initiatives visant à les sauvegarder et à pérenniser leur usage.
L’apprentissage scolaire
La loi Deixonne en 1951 ou encore la circulaire Savary en 1982, parmi d’autres initiatives et textes législatifs, ont permis de développer l’enseignement des dialectes régionaux à l’école. Aujourd’hui, plus de 272 000 élèves apprennent l’une de ces langues enseignées dans les régions où elles sont en usage, de la primaire au lycée. Les élèves ont la possibilité de choisir cette matière comme 2e langue vivante ou de valoriser leurs connaissances en la choisissant comme option au brevet et au baccalauréat.
Au total, 13 langues ou groupes de langues sont enseignés en France et Outre-mer. Il s’agit du basque, du breton, du catalan, du corse, du créole, du gallo, des langues amérindiennes, des langues mélanésiennes, des langues mosellanes, des langues régionales d’Alsace, de l’occitan-langue d’oc, du tahitien et du wallisien et futunien.
Fait encourageant : les efforts réalisés pour la sauvegarde culturelle portent leur fruit puisque le nombre d’élèves apprenant une langue régionale est en hausse chaque année. En Bretagne par exemple, le nombre d’élèves a augmenté de 80% entre 2004 et 2014.
Les limites de la constitution
Depuis 2008, la Constitution reconnaît les langues régionales comme faisant partie du patrimoine nationale, à travers l’article 75-1. Cependant, la seule langue officielle du pays reste le français, selon l’article 2 de cette même Constitution, rendant les deux textes incompatibles.
C’est pour cette raison que la France n’a pas ratifié la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, en 1999, estimant qu’elle allait à l’encontre de sa législation. En effet, la Charte prévoit non seulement la protection et la promotion des langues régionales, mais également l’emploi de ces langues, aussi bien dans le cadre privé que public.
La France fait ainsi partie des rares pays européens à ne pas avoir signé le texte, tout en étant directement concernée par son contenu. Mais François Hollande va demander au Parlement de réviser la Constitution afin de pouvoir ratifier la charte européenne. Rappelons que cette ratification faisait partie des promesses de campagne de l’actuel Président de la République.
- A lire aussi : Charte des langues régionales, qui est pour, qui est contre ?
- A lire, l’ouvrage de référence sur les langues en France, aux Presses Universitaires de Rennes : Histoire sociale des langues de France
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