Java, Python, C++… Si ces termes ne vous parlent pas, c’est sans doute que vous n’êtes pas familier avec le langage informatique. Autrement dit, ce qui permet d’écrire un programme afin de développer des logiciels ou des sites internet, par exemple. Mais pour beaucoup, le codage – ou la programmation informatique – représente tout simplement la langue du futur. À tel point que dans les écoles américaines, le langage informatique est enseigné, avec succès, comme troisième langue. Mais en dépit de son importance notable et du poids encore plus important qu’il devrait prendre, peut-on considérer que le code informatique est une langue étrangère et doit être apprise en tant que telle ? Le point avec Assimil.

Pourquoi le code informatique n’est pas une langue étrangère ?

Pour qui n’est pas initié, le code informatique – et son enchaînement de lignes de mots et de symboles entremêlés – ressemble à une langue étrangère complexe. Voire même à une langue venue d’ailleurs, sortie d’un film de science-fiction. En revanche, pour ceux ayant pris le temps d’apprendre et de pratiquer la programmation, utiliser ce langage vient naturellement, comme s’exprimer en anglais, espagnol, allemand ou japonais.

Pourtant, selon certains linguistes et professeurs d’informatique, le code informatique n’est pas une langue étrangère. Il serait même maladroit de comparer les deux formes de langages. Et ce, pour plusieurs raisons expliquées par la linguiste Gretchen McCulloch au média américain, Vox.

Le code informatique est moins complexe qu’une langue étrangère

En vulgarisant, on peut résumer simplement ce jeu des différences entre codage et langue étrangère : la programmation est une interface entre vous et un ordinateur, tandis que le langage est une conversation entre vous et d’autres êtres humains.

Plus concrètement, là où l’Homme peut apprendre le langage Java, Python ou C++ en quelques mois, les machines ne peuvent parler que de manière très basique, peu élaborée.

Le code informatique ne comprend pas les nuances d’une langue

La programmation est un langage où la nuance n’existe pas, où les incertitudes et les imprécisions doivent être évitées. Là-dessus, le code informatique se différencie d’une langue étrangère, qui trouve sa richesse dans les synonymes, les homonymes, les figures de styles, etc.

De même, les doubles sens ou autres subtilités que peut avoir un mot ou une phrase – en fonction du ton employé, de la situation, de l’heure, etc. – n’ont pas d’équivalent en programmation. Gretchen McCulloch illustre d’ailleurs cet argument : « Une personne dit « Voudriez-vous du café ? » et l’autre répond « Le café me maintiendrait éveillé ». Selon l’heure de la journée, cela signifie oui ou non. »

Le code informatique se corrige, la langue se compose

Autre élément mettant en avant le fait que le code informatique n’est pas une langue étrangère : les deux formes ne se pratiquent pas de la même façon. Du côté numérique, le programmateur écrit des lignes de codages de façon linéaire afin de constituer le futur logiciel ou site internet. Chaque ligne correspondant à une opération à exécuter. Or, selon la linguiste américaine, dans un second temps, le programmateur « passe surtout son temps à débugger ».

Un constat qui ne s’applique pas lorsque l’on parle une langue étrangère. Lors d’une conversation en anglais, allemand ou espagnol, vous allez simplement composer des phrases pour vous faire comprendre. Et même en cas d’erreur, de problème ou de méconnaissance d’un mot, vous aurez le réflexe de chercher une alternative dans la langue pour vous faire comprendre.

Le code informatique enseigné à la place des langues étrangères ?

Si le code informatique n’est pas une langue étrangère, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’a pas sa place dans les classes d’écoles. La demande est forte, aussi bien du côté des élèves et étudiants que de celui des politiques (largement encouragés par les entreprises). Mais si la programmation prenait tout bonnement la place des cours d’anglais ou d’espagnol ? Peu probable. Mais certaines décisions laissent penser que le code va venir bousculer un peu les langues vivantes dans les agendas des établissements scolaires.

Aux États-Unis, les étudiants ont le choix : code ou langue vivante

Cette réalité pourrait bientôt être celle des États-Unis. Des États américains comme le Texas (depuis 2013) ou la Floride (depuis mars 2016) ont déjà voté des lois permettant à leurs étudiants d’apprendre le code informatique à la place d’une langue vivante.

Pour la Floride, cette mesure sera d’ailleurs effective à partir de l’année scolaire 2018-2019. Une loi portée par Jeremy Ring, membre du Sénat de l’État du sud-est des États-Unis. Il explique que le code est « un langage plus global que le français, l’allemand, l’espagnol ou même l’anglais ».

Une décision également motivée par les encouragements des entreprises du pays. Chris Reykdal, représentant de l’État de Washington, confirme : « Apprendre un langage informatique est beaucoup plus utile pour trouver du travail et cela aidera les entreprises dans la compétition internationale. » Selon Code.org, organisation dédiée à la promotion de l’informatique auprès des élèves, près de 1,5 million d’emplois demanderont des connaissances en informatique aux États-Unis, en 2020. Sans mise en place de cours, ils seront seulement 400 000 Américains à être formés à cette date.

Quelle place pour le code informatique à l’école en France ?

En France, la situation est bien différente. Le code informatique n’a pas le même poids que les langues étrangères. Et cela ne devrait pas changer de sitôt. Pour autant, la programmation – et l’informatique d’une manière plus générale – n’est pas délaissée.

Depuis 2016, l’informatique est enseignée aux élèves de primaires et collège, en plus d’être en option pour les Terminales Scientifiques et Informatique et Sciences du Numérique (ISN). De plus, bon nombre d’organismes et d’associations spécialisés lancent des initiatives comme des aides aux enseignants, ou la publication de guides pratiques.

Des efforts, certes, mais encore insuffisants pour la Société informatique de France (SIF) qui estimait, en août 2016, que « le temps alloué est encore trop faible. […] Pour être à la hauteur de l’enjeu, il s’agit de voir les choses en grand et pas de seulement bricoler quelques adaptations dans un coin. » D’ici à ce que les jeunes Français délaissent les langues étrangères pour apprendre le code informatique, il y a encore un monde.

 

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