Mundolingua a créé l’événement au salon Expolangues cette année. Mundolingua, c’est tout simplement un musée des langues et du langage installé à Paris depuis octobre 2013.
Nous avons rencontré Mark Oremland, créateur et concepteur de Mundolingua, dans les magnifiques espaces qui accueillent écrans tactiles, cartes, panneaux et collections de ce musée unique en son genre. Idéalement situé entre St-Sulpice et le Jardin du Luxembourg, le musée s’étend sur 170 mètres carrés et trois niveaux. Mark a privilégié les espaces modulables et fait cohabiter les technologies multimédia avec les matériaux naturels recyclés. L’ensemble est très réussi et ne ressemble vraiment à rien de ce que vous avez pu visiter. Sans aucune aide de l’Etat ni subvention, Mark s’est lancé dans cette folle aventure dans l’espoir d’en faire un lieu incontournable pour tous les amateurs de langues, les polyglottes, mais aussi les enseignants et les écoles.
D’où t’es venue cette idée d’un musée consacré aux langues et à la linguistique ?
Mark Oremland : Hé bien, j’ai toujours été intéressé par la variété des langues et la façon dont elles fonctionnent. Il y a une vingtaine d’années, je me suis rendu compte qu’il n’existait aucun lieu où le grand public pourrait tout simplement découvrir tout cela. J’ai envoyé un mail au célèbre linguiste américain Noam Chomsky pour savoir s’il connaissait un musée consacré aux langues. Il m’a répondu qu’il ne connaissait aucun musée dédié aux langues et au langage, mais que ce serait bien qu’un tel lieu existe. et que Paris serait le lieu idéal pour cela, étant donné l’histoire de la linguistique et l’importance de l’histoire de la capitale dans ces domaines. Depuis, un musée des langues a ouvert à Washington DC, mais à ma connaissance le nôtre est le seul en Europe.
Comment as-tu travaillé le concept du musée ?
M.O. : Pour être tout à fait honnête, à part un certain nombre de points-clés et de principes de base (comme la dimension ludique, les différents niveaux pédagogiques, les espaces modulables et les matériaux recyclables), les choses se sont faites au fur et à mesure de la réalisation des 35 sections thématiques. J’ai bien rencontré quelques spécialistes en muséologie qui voulaient faire des pages et des pages de principes conceptuels, de plans et de sous-plans, mais j’ai finalement renoncé à travailler avec eux et les choses ont suivi leurs cours.
Parle-nous un peu des personnes avec lesquelles tu as travaillé.
M.O. : Ilona, notre directrice/commissaire du musée originaire de la République tchèque, a préparé le contenu pédagogique pendant 3 ans, qui consistait surtout à rassembler des textes, à les sélectionner et à les découper au bon format. Puis, la dernière année, une grande équipe d’artisans, de spécialistes de l’informatique, d’étudiants, d’universitaires et de traducteurs ont travaillé d’arrache-pied pour que tout soit prêt pour l’ouverture en octobre 2013.
Quelles sont les principales sections thématiques du musée ?
M.O. : Le musée se divise en deux grands parties : le langage et les langues. La première section s’intéresse aux unités phoniques et sémantiques qui deviennent des mots que la grammaire assemble ensuite. La partie langues intéresse la multitude des langues et des écritures dans le monde. Enfin, nous présentons aussi une partie dédiée à l’apprentissage des langues, aux jeux avec les langues, sous toutes leurs formes.
Pour un projet tel que le vôtre, la communication et les cartels devaient se faire dans plusieurs langues. Comment as-tu tranché cette délicate question ?
M.O. : Oui, c’est essentiel pour un musée des langues que de pouvoir communiquer dans plusieurs langues. Pour éviter les critiques qui ne manqueraient pas d’arriver, de même que les accusations de favoriser telle ou telle langue, nous avons décidé d’adopter les 6 langues officielles des Nations Unies : l’arabe, l’anglais, le français, le mandarin, l’espagnol et le russe. J’espère pouvoir ajouter un peu de latin et de mandarin çà et là, juste pour m’amuser.
Est-ce qu’on peut visiter le musée avec des enfants ?
M.O. : Oui, mais des enfants à partir de 10 ans, car pour des enfants qui ne savent pas lire correctement, ça n’a aucun intérêt.
Quelles sont les animations culturelles prévues pour les semaines qui viennent ?
M.O. : Nous espérons organiser une rencontre mensuelle en soirée : des débats, des conférences, des ateliers L’info sera disponible sur notre site mundolingua.org Par exemple, nous aurons bientôt un atelier sur cette forme d’argot typiquement française, le Verlan ! Et on peut louer l’espace du musée pour des soirées culturelles ou des lancements. Nous allons également présenter, la seconde quinzaine d’avril, l’adaptation théâtrale de la Contrebasse de Patrick Süskind pendant deux semaines (une première à Paris, je pense). Cette représentation sera suivie d’un concert de musique de chambre avec violoncelle : la Truite de Schubert.
Combien de langues parles-tu ?
M.O. : En tant que kiwi, ma langue maternelle est l’anglais, et après vingt ans passés en France je commence à apprendre quelques subtilités du français. J’ai également appris l’allemand, et je réussis à mélanger complètement l’italien et l’espagnol.
Dernière question, au sujet du nom du musée ?
M.O. : Afin de rester neutre, il est plus ou moins emprunté au latin. « L’univers du langage », même si le slogan de notre logo est « l’univers du langage, des langues et de la linguistique ».
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