Les jeunes (et moins jeunes) Français ont la réputation d’être mauvais en langue. L’idée reçue, si elle n’est pas entièrement justifiée, est pourtant tenace et colle aussi à la peau de nos voisins anglais et espagnols. Quelles solutions existent pour améliorer l’apprentissage des langues étrangères en France et se défaire de cette « épée de Damoclès » linguistique qui pèse sur les apprenants ?

L’apprentissage des langues étrangères : l’école comme ciment

Pour la plupart des petits Français, c’est à l’école que se fait le premier contact avec une langue étrangère. Sous forme d’éveil en maternelle ou d’apprentissage de lexique à l’école primaire, c’est à ce moment là que l’intérêt pour l’apprentissage des langues étrangères doit être initié.

Créer un besoin chez l’apprenant

Ainsi, il est nécessaire de « veiller à ce que certains (…) facteurs soient présents pendant l’apprentissage afin qu’un jeune, quels que soient sa provenance et son âge, arrive à maîtriser les langues qui seront importantes pour lui plus tard (…) » selon François Grosjean, professeur honoraire et ancien directeur du laboratoire du traitement du langage et de la parole de l’université de Neuchâtel. En d’autres termes, l’apprentissage de l’enfant doit lui permettre de maîtriser, en plus de sa langue nationale, les langues qui lui permettront plus tard de voyager ou de mener à bien sa vie professionnelle.

Pour cela, il faut créer un besoin chez l’apprenant, accompagné si possible d’une motivation, pour l’inciter à progresser dans la langue en question, à travers la communication écrite ou orale. L’apprentissage d’une langue étrangère doit être plus qu’une matière scolaire : il doit être perçu comme un moyen de communiquer et de construire son avenir. En effet, la nécessité d’utiliser une autre langue est à la base du plurilinguisme, lorsqu’une personne se met en couple avec une personne parlant une autre langue, ou lorsque l’on part travailler à l’étranger par exemple. C’est cette nécessité qui doit être développée dans l’enseignement des langues.

Offrir des bases solides au cours de la scolarité

Pour François Grosjean, l’école « porte actuellement une très (trop ?) grande partie de la charge menant à l’apprentissage des langues chez un enfant ». Avec un nombre d’enfants trop important par classe, des moyens limités et trop peu d’heures de cours, les conditions ne sont pas optimales pour assurer un enseignement de qualité et adapté au niveau de chacun. Toutefois, cet enseignement doit offrir des bases linguistiques solides aux élèves qui pourront être étendues et mises en pratique lorsque l’enfant devra utiliser ces langues. D’autres approches permettant de consolider les acquis, comme les programmes d’immersion ou les échanges scolaires, doivent également être encouragées pour relever le niveau de langue des Français à l’oral.

Un intérêt à cultiver en dehors de l’école

Les travaux de la linguiste Barbara Abdelilah-Bauer révèlent qu’un enfant a besoin d’au moins 2 700 heures d’exposition à une langue pour obtenir un niveau d’aisance suffisant. Or, en France, les élèves sont en contact avec la langue pendant 756 heures « seulement » après trois ans de scolarité. L’entourage, et les différents acteurs de l’éducation doivent donc s’engager pour accompagner l’apprentissage d’une langue étrangère en dehors de l’école, à l’aide de supports variés et sur une longue durée.

La famille, en particulier, joue un rôle prépondérant dans la réussite de cet apprentissage. Elle doit montrer une attitude positive envers l’étude des langues et éviter de critiquer ou dénigrer, certaines langues apprises. « Combien d’enfants disent ne pas aimer telle langue – souvent une langue nationale –parce qu’ils ont entendu un parent ou un proche la critiquer ? », questionne François Grosjean. En effet, une langue moquée, « dévalorisée » par l’entourage familial sera potentiellement mise de côté par le jeune apprenant. Au contraire, si l’apprentissage est valorisé et encouragé, l’enfant aura d’autant plus envie de continuer à découvrir la langue et à l’utiliser. La famille peut aussi contribuer à l’assimilation de la langue par le biais de séjours linguistiques, de rencontres avec d’autres familles, de séjours au pair. Des échanges qui se transforment avec l’apparition des réseaux sociaux et des sites et logiciels de conversation en ligne, facilitant un peu plus les conversations avec des personnes à l’autre bout du monde, sans bouger de chez soi. Un moyen, s’il en fallait un autre, d’encourager les apprenants dans leur progression et d’améliorer le niveau de langue des Français.