Le français et l’anglais, les 2 langues officielles du Canada, sont employées par les instances gouvernementales et législatives fédérales. Cependant, chaque province a le pouvoir de décider sa (ses) langue(s) officielle(s) ; le cas échéant, ce sont celles prédominantes sur le territoire qui deviennent manifestes.
Composé d’une majorité de francophones, le Québec est depuis 1977 la seule province dont la langue officielle est celle de Molière.
Une langue qui semble singulière pour les Français de l’Hexagone mais qui n’a rien perdu de ses particularités : bien au contraire, elle les entretient. La langue québécoise est fortement liée à son Histoire, et le revendique. Un parler dont seul le Québécois a le secret !
Les origines de la langue québécois
La langue québécoise (que d’aucuns nomment la parlure) est la variante la plus usitée du français. L’Office québécois de la langue française, le Conseil supérieur de la langue française et la Commission de toponymie du Québec veillent aujourd’hui conjointement à l’application de la politique linguistique.
Parler québécois au fil de l’histoire
Les colons français venus s’installer en Nouvelle-France parlaient essentiellement des langues régionales de l’Ouest et du Nord de l’hexagone. Avec la proximité des dialectes amérindiens, la langue française s’est adaptée aux réalités du Nouveau Monde.
Dès l’arrivée des filles du Roy, choisies par les hospices et hôpitaux généraux français pour immigrer en Nouvelle-France, se marier, fonder un foyer, établir une famille et inculquer le français du roi, le français québécois évolua selon les usages de la cour de France. Bougainville écrit en 1757 dans Mémoire sur l’État de la Nouvelle-France, « Les Canadiens ont de l’esprit naturellement, ils parlent avec aisance, ils ne savent pas écrire, leur accent est aussi bon qu’à Paris, leur diction est remplie de phrases vicieuses, empruntées de la langue des Sauvages ou des termes de Marines appliqués dans le style ordinaire ».
En 1759, la conquête britannique transforme le français parlé au Québec ; en coupant les liens avec la France, le Québec se sépare également du français parlé en métropole.
Un vocabulaire riche et singulier
Le québécois regorge d’expressions et de mots liés à l’Histoire et à la culture de la province. En répertoriant les influences de cet « autre français », tout devient plus clair, pour nous Français qui paradoxalement sommes les gardiens de notre langue et qui nous laissons envahir par les anglicismes.
- Les termes amérindiens
De nombreux mots ont été empruntés aux populations autochtones, notamment pour décrire l’environnement et le mode de vie comme par exemple caribou, mocassin, parka, anorak, etc.
- Les archaïsmes du vieux français
Ces mots souvent désuets pour le Français trouvent encore leur place dans la parlure québécoise : la « guenille » pour un vêtement, un « char » à la place d’une voiture, « bavasser » pour bavarder, et bien d’autres.
- Les dialectes régionaux
Certains mots et prononciations ont été importés des provinces françaises par les colons comme par exemple « garrocher » pour lancer, « achaler » pour embêter.
- Les termes liés au nautisme
La mer, les fleuves et les cours d’eau font partie intégrante de l’Histoire et du développement du Québec, notamment en matière de transport et de commerce. Encore aujourd’hui, les expressions québécoises intègrent des termes nautiques : on ne monte pas en voiture mais l’on « embarque ou débarque », nous sommes bien « greyés » ( gréé) pour dire nous sommes bien habillés , on ne lace pas ses chaussures mais « on amarre ses souliers », etc.
- Les américanismes
La règle essentielle au Québec : lutter contre les anglicismes, quitte à semer la confusion. Certains mots américains ont ainsi trouvé leur place comme par exemple être « badloqué » (bad luck) pour malchanceux, « ouatcher » (to watch) pour surveiller, « tomber en amour » (fall in love) pour être amoureux, la « boîte à malle » (mail box mot qui vient-lui même du français… « malle ») pour boîte aux lettres, etc.
- Les créations « made in », excusez-moi faites au Québec !
« Quand ya de la poudreuse ou qu’il mouille, et que le vent souffle en formant des bancs de neige, il vaut mieux mettre sa tuque sur la tête ». Autrement dit, traduit dans notre bon vieux français « Quand il neige ou qu’il pleut, que le vent forme des congères, il vaut mieux mettre son bonnet de laine sur la tête ».
Expressions québécoises : les incontournables
Résultent de toutes ses influences, des expressions québécoises qui, si elles nous font sourire, demeurent pleines de bon sens. Petit recueil d’expressions qui amusent tant elles deviennent imagées ou incongrues : les faux-amis, les argotiques …
- À la revoyure : au revoir
- Aller gazer ou fouler son char : faire le plein d’essence
- Astheure ou à c’t’heure : maintenant
- Accommoder : rendre service
- Accrocher ses patins : démissionner
- Allo : bonjour
- Bienvenue : de rien
- Dormir au gaz : être lent
- Niaiser : se moquer
- Plate : pénible
- Tire-toi une bûche : prends une chaise
- Abrier : se couvrir
- Se branler le manche : hésiter
- Arriver sur un saut pis sur un pet : arriver rapidement
- Dur de comprenure : difficile à raisonner
- Barrer/ débarrer la porte : ouvrir et fermer la porte
- Crouser : draguer
- Une agasse-pissette : une allumeuse
- Fermer sa trappe : se taire
- Magasiner : faire les magasins
- Un dépanneur : une épicerie
- Péter une coche : s’énerver
- Faire du pouce : faire du stop …
S’ajoutent à ses expressions quelquefois très imagées, une prononciation et des contractions particulières. Le pronom « il » est souvent remplacé par un « y » (Y peut pas venir ce soir), le Québécois contracte « je suis » en « chu » (chu fatigué), le Ï se prononce AI, enfin un « t » persiste souvent à la fin des mots (Une pomme « pourrite »).
Le québécois montre la volonté de tout un peuple de défendre une unité et de s’affirmer à travers une langue. Une langue qui demeure très sérieuse et dont les termes sont indexés dans le Grand dictionnaire terminologique, autrefois Banque de terminologie du Québec.
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