Dans le paysage numérique actuel, difficile d’ignorer l’importance des claviers d’ordinateur ou de téléphone. Mais pourquoi sont-ils différents d’une langue à l’autre, voire d’un pays à l’autre ? Pourquoi en France utilise-t-on le clavier AZERTY plutôt que le clavier QWERTY ? Est-ce une question de langage ?
AZERTY vs QWERTY : toute une histoire
L’invention des claviers QWERTY et AZERTY ne date pas d’hier. Elle prend son origine au XIXe siècle et au début du XXe siècle, pendant l’âge d’or de la machine à écrire.
Invention du clavier QWERTY : un problème technique ?
Le clavier QWERTY voit le jour au XIXe siècle, aux États-Unis. Christopher Latham Sholes aurait imaginé le clavier QWERTY en raison d’un problème mécanique du clavier généralement utilisé sur les machines. Lorsque les lettres étaient rangées de façon alphabétique, il arrivait fréquemment que les marteaux de la machine à écrire se chevauchent et se bloquent. Pour éviter cela, Sholes aurait décidé d’éloigner certaines lettres les unes des autres pour fluidifier l’écriture à la machine. Une autre théorie récente a été émise par un chercheur japonais Koishi Yasuoka. D’après lui, Sholes se serait inspiré du morse américain de l’époque pour choisir les places de certaines lettres, comme le S, le E, le Z, ou encore le I. Le télégraphe étant très répandu et utilisé au XIXe siècle, il fallait des machines capables de retranscrire rapidement les messages envoyés en morse. C’est pourquoi Sholes aurait placé le Z, le S et le E dans le même alignement, par exemple.
Pourquoi créer un clavier AZERTY ?
La plupart des fabricants de machine à écrire étant américains, les modèles de machine à écrire français étaient équipés d’un clavier QWERTY. Au début, en tout cas, car très vite, le clavier AZERTY fait son apparition sur le marché francophone, au début du XXe siècle. Pour quelle raison ? Encore aujourd’hui, le mystère plane sur la création d’un clavier spécifique aux francophones. Il n’empêche que les fabricants de machines à écrire de l’époque s’alignèrent et proposèrent des machines fonctionnant avec un clavier AZERTY.
Les différents types de claviers AZERTY et QWERTY dans le monde
Une même langue ne suffit pas à homogénéiser les claviers. Il existe plusieurs variantes de claviers AZERTY et QWERTY dans le monde. Si la disposition des lettres reste relativement similaire d’un pays à l’autre, certaines touches peuvent varier, voire disparaître.
- Belgique vs France
Si nos amis belges utilisent le clavier AZERTY, ce dernier diffère quelque peu du clavier AZERTY français, notamment en ce qui concerne la place de certains signes comme l’accent circonflexe ou le point d’exclamation.
- Le QWERTY adapté selon les pays
S’ils parlent français, les Canadiens francophones n’utilisent pas le clavier AZERTY pour écrire. Ils préfèrent le clavier QWERTY agrémenté d’autres touches, comme le « e » majuscule avec accent aigu. Il en va de même pour nos voisins espagnols qui utilisent le clavier QWERTY avec une touche spécifique pour écrire le « ñ », notamment.
- Le clavier QWERTZ : une spécificité d’Europe
L’Allemagne et la plupart des pays d’Europe centrale et de l’Est utilisent une variante du clavier QWERTY : le QWERTZ. Ce type de clavier change également d’un pays à l’autre pour s’adapter aux spécificités de chaque langue.
- Le cas particulier de la Turquie
Si les Turcs écrivent avec l’alphabet latin, ils ont leur propre clavier d’ordinateur, imaginé dans les années 1950 : le clavier F. Ce clavier a été créé à partir d’une analyse statistique de la fréquence des lettres utilisées dans la langue turque et d’une étude sur l’anatomie de la main, pour offrir un confort optimal et une productivité accrue. Dans le pays, certains utilisent aussi un clavier QWERTY, avec quelques modifications.
Bon à savoir
Outre les claviers à l’alphabet latin, il existe évidemment des claviers adaptés aux autres types d’alphabets comme le cyrillique, l’arabe, ou encore l’hébreu, entre autres.
Il n’y a pas que QWERTY et AZERTY !
Si les claviers QWERTY et AZERTY ont été d’abord pensés pour répondre à un besoin mécanique, ils ne sont pas du tout adaptés à un usage intensif. Ils sont même responsables de certains troubles musculosquelettiques. Depuis plusieurs décennies, différents types de claviers ont vu le jour dans le but d’améliorer le confort. Seul problème : ils peinent à séduire le public déjà habitué à un clavier en particulier.
Le clavier Dvorak : un clavier au service de l’ergonomie
Dans les années 1930, August Dvorak imagine un clavier ergonomique spécialement pensé pour le confort de l’utilisateur. Les lettres et les caractères les plus utilisés dans la langue anglaise sont déplacés et installés sur la rangée du milieu, les rendant plus accessibles. Ce type de clavier a été adapté à d’autres langues, mais les utilisateurs, déjà familiarisés aux claviers QWERTY et AZERTY, n’arrivent pas à les remplacer.
L’offensive française : le clavier Marsan
En France, dans les années 1970, Claude Marsan propose une alternative au clavier AZERTY, se basant elle aussi sur une analyse fréquentielle de plus de 400 000 mots français. Suivant la logique de Dvorak, les lettres les plus utilisées sont déplacées dans la ligne de repos – rangée du milieu sur le clavier. La forme du clavier évolue également, créant deux groupes de touches séparés. Là encore, c’est un échec et ce nouveau clavier ne s’impose pas.
Le clavier Colemak : une nouvelle variante du clavier Dvorak
Dans les années 2000, Shai Coleman remet au goût du jour le clavier QWERTY, toujours dans un souci d’ergonomie : le clavier Colemak. Si Coleman s’inspire grandement du clavier Dvorak, certaines touches (Z, X, C, et V) conservent leurs positions originelles pour faciliter les raccourcis déjà bien ancrés dans l’inconscient collectif. Le clavier Colemak aurait plusieurs avantages : ergonomie accrue, fautes de frappes réduites et vitesse de frappe améliorée. Malgré tout, QWERTY garde son monopole.
Le dernier né de la France : le clavier Bépo
Après l’échec du clavier Marsan, les Français mettent au point le clavier Bépo, dont la première version a été imaginée au début des années 2000. Se rapprochant du clavier Dvorak, la disposition des touches et des lettres est prévue pour améliorer l’ergonomie, et garantir un confort d’utilisation au quotidien. Ainsi, les lettres les plus utilisées dans l’alphabet français sont déplacées dans la ligne de repos. Les symboles, la ponctuation et les lettres majuscules à accent sont également plus faciles d’accès.
Du nouveau du côté des claviers francophones ?
Une réflexion sur l’évolution des claviers francophones a été lancée en 2015 à l’initiative de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. En juin 2017, l’Afnor (Association Française de Normalisation) a dévoilé une nouvelle version du clavier Bépo (aussi appelé Bépoè!) et du clavier AZERTY. Les internautes ont pu donner leur avis sur ces deux claviers jusqu’en juillet 2017. Plus de 3 000 commentaires ont été déposés et pris en compte. De cette consultation, une norme relative aux claviers francophones a vu le jour en avril 2019 : NF Z71-300.
Cette norme a plusieurs buts :
- Homogénéiser les différents claviers informatiques en France ;
- Offrir une meilleure ergonomie ;
- Faciliter l’utilisation de caractères spéciaux ainsi que la saisie de caractères issus de langues régionales françaises et de langues d’alphabet latin en Europe ;
- Proposer des modifications faciles à intégrer pour les utilisateurs.
Pour un clavier AZERTY plus pratique
Avec cette nouvelle norme, l’Afnor propose une évolution du clavier AZERTY dans un but purement pratique. L’ordre des lettres et leur emplacement ne changent pas. Seuls certains signes souvent utilisés trouvent une place plus pratique. C’est le cas des voyelles accentuées, de l’arobase, de certains signes de ponctuation, des hashtags – très utilisés sur les réseaux sociaux, des symboles monétaires et des accolades.
Une nouvelle version du clavier Bépo
Déjà adopté par une communauté, certes encore confidentielle, le clavier Bépo évolue également. Les touches mortes couplées avec d’autres touches offrent désormais de nouvelles possibilités pour créer des caractères spéciaux.
Bon à savoir
La norme NF Z71-300 est une norme d’application volontaire, c’est-à-dire que rien n’oblige les fabricants à les mettre en place. Reste à savoir donc si les conseils de l’Afnor seront réellement instaurés.
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