Ci-dessus : vue de Kinshasa (RDC) la nuit, une des villes qui compte le plus de francophones au monde.
Apparu à la fin du XIXe siècle, le terme « francophonie » a mis plusieurs décennies avant de devenir l’institution que l’on connaît tous, l’Organisation Internationale de la Francophonie, qui célèbre son cinquantième anniversaire en 2020. Zoom sur son histoire et sur les principaux défis qui se sont dressés sur son passage au fil des ans.
Un balbutiement dès la fin du XIXe siècle
Le terme francophonie doit son origine au géographe français Onésime Reclus qui décrivait alors à travers ce mot toutes les personnes et pays parlant le français. À l’époque, le français jouissait d’une grande visibilité dans le monde et le géographe français souhaitait développer son rayonnement arguant que « la langue est le socle des empires ». Toutefois, Reclus doutait de la capacité de la France à conserver cette place dans le monde. D’une part, en raison d’un taux de natalité insuffisant pour maintenir le flot d’émigration nécessaire pour occuper et franciser son empire colonial ; d’autre part, en raison de l’avancée de l’anglais sur le plan international. Il « oublia » alors la France pour voir l’avenir de la francophonie porté par les colonies francophones, principalement en Afrique.
Un retour de la francophonie… sans la France
Si le terme « francophonie » disparaît brièvement, il revient dans le courant du XXe siècle sous l’impulsion notamment des érudits issus des anciennes colonies devenues indépendantes. Ces intellectuels militent pour une communauté francophone afin de créer un équivalent français au Commonwealth britannique. Malheureusement, dans les années 60, la France est réticente à un tel projet et préfère rester sur des relations bilatérales avec ses anciens territoires plutôt que de profiter d’un système multilatéral. La Francophonie s’organise toutefois sans la France dans un premier temps, de façon associative avec l’Afrique et le Québec. La première institution intergouvernementale francophone naît en 1960 – la Conférence des Ministres de l’Éducation (CONFEMEN), regroupant 15 pays, à l’époque. Cette conférence a désormais lieu tous les deux ans pour amorcer les orientations en matière d’éducation et de formation avec pour objectif le développement des pays membres. À la fin de la décennie, une autre conférence ministérielle permanente de la Francophonie naît : la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports (CONFEJES).
La France entre dans le jeu de la Francophonie
C’est à la toute fin des années 60 (1969) que se tient la première conférence de Niamey au Niger en présence du président du Niger, Hamani Diori, et du ministre de la Culture de la France, André Malraux. Un an après, en 1970, toujours à Niamey, est créée l’Agence de coopération culturelle et technique. Mais il faudra attendre l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir en France pour voir la Francophonie institutionnelle se développer grandement. Cette francophonie devient alors un véritable outil de la diplomatie française. Plusieurs sommets sont organisés régulièrement à partir de la moitié des années 1980 pour réunir les différents acteurs de la Francophonie dans le monde.
C’est en 1997, que la Francophonie se dote d’une véritable structure politique. L’Agence de coopération culturelle et technique devient l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Un secrétaire général est élu pour un mandat de 4 ans renouvelable par les chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’organisation. Ce secrétaire général conduit l’action politique de la francophonie et représente l’organisation au niveau international. Depuis 1997, quatre personnalités politiques d’horizons différents se sont succédé au poste de secrétaire général de la Francophonie :
- Boutros Boutros-Ghali (1997-2002) – Égypte
- Abdou Diouf (2003-2014) – Sénégal
- Michaëlle Jean (2015-2018) – Canada
- Louise Mushikiwako (depuis le 1er janvier 2019) – Rwanda
Une institution perpétuellement critiquée
Si son secrétaire général est élevé au rang de quasi-chef d’État, l’Organisation internationale de la francophonie peine à convaincre. Si elle a été créée dans un élan humaniste dans le courant des années 60, la Francophonie essuie des controverses et des critiques constantes, notamment en raison de ses objectifs parfois contradictoires.
Un rôle politique aux lignes floues
Dans les missions de la Francophonie, la politique tient naturellement une place importante. L’organisation se doit de soutenir la paix, la démocratie, les droits de l’Homme, et l’éducation, notamment. Le respect des droits de l’Homme figure même parmi les objectifs prioritaires de la Francophonie. Or, c’est bien là que l’institution est critiquée et considérée comme hypocrite. En effet, la présence de certains États et de personnalités politiques peu démocratiques dans l’OIF vient ternir cette dimension politique et humaniste. D’après Amnesty International, pas moins d’une trentaine de pays membres de l’OIF sont (ou ont été) coupables de violation de ces mêmes droits. De son côté, Reporters sans frontières recense une quinzaine de pays où la liberté de la presse est bafouée.
Et la langue française dans tout ça ?
Créée autour d’un point commun évident, la langue française, l’OIF accueille de plus en plus de pays non francophones ou peu francophones. En 2019, l’institution compte 88 États, parmi lesquels des pays qui ont un rapport plus que lointain avec la langue française. D’après Xavier Deniau à la fin du XXe siècle, cet élargissement de la Francophonie à des pays parlant peu – voire pas le français, dilue ses actions. En 20 ans, cela n’a pas forcément changé et à chaque nouveau sommet, des États supplémentaires rejoignent l’OIF. L’institution apparaît alors pour certains comme un melting-pot illisible et incohérent.
Pour imposer sa présence sur le plan international et acquérir davantage de crédibilité, l’OIF semble avoir encore des progrès à faire sur deux points essentiels : les droits de l’Homme et la pertinence des pays membres à rejoindre l’organisation.
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