L’écriture inclusive constitue un débat polémique qui agite l’opinion publique comme les internautes et les institutions. Un choix militant pour certains, une complexification inutile pour d’autres ou encore une insulte à la langue française et sa beauté, cette graphie est loin de faire l’unanimité. Des années après sa première introduction dans le domaine public, elle continue de faire le sujet de certains programmes présidentiels. À l’approche des élections, retour sur les positions des candidats sur ce combat pour l’écriture inclusive.
L’écriture inclusive, qu’est-ce que c’est ?
C’est en octobre 2017 que le débat agite la toile et les institutions françaises : un manuel d’histoire-géographie en primaire tente l’écriture inclusive. Les exemples mettent en avant de nombreuses femmes, certes, mais le livre s’attache aussi à féminiser les titres, la syntaxe et à utiliser le point médian.
Sophie Le Callennec, auteure de cet ouvrage, rappelait à cette occasion le Guide pratique publié par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes en 2015. L’idée est d’écrire le français de telle façon que tous les lecteurs puissent s’y sentir représentés à égalité. Les défenseurs de cette écriture cherchent ainsi à effacer cette règle du masculin qui prime, afin de cesser d’invisibiliser les femmes.
Plusieurs nouvelles normes sont ainsi mises en avant :
● Intégrer tant le genre grammatical masculin que le féminin lorsque le groupe adressé est mixte, pour souligner la présence de chacun. Ce principe s’exprime de différentes manières : par l’utilisation du point médian, contesté car jugé illisible, le recours aux termes épicènes ou encore la double flexion. Par exemple, il est préconisé d’utiliser « un.e salarié.e », « un.e étudiant.e », d’opter pour des termes comme « les personnes élues » plutôt que « les élus » ou bien d’associer « celles et ceux », « tous et toutes ».
● Féminiser les métiers, les titres, les grades et autres noms de profession, généralement par l’ajout d’un « e » en fin de mot. C’est peut-être là le point le moins discuté de cette polémique, l’Académie française ayant elle-même fini par l’accepter en 2019. Il faut alors parler d’une chercheuse ou d’une professeure. Certains mots font tout de même débat, tels que celui d’auteur, qui se décline tant en « autrice », « auteure » qu’« auteuse ».
● Mettre fin à la règle du masculin qui l’emporte, en préconisant l’accord de proximité. Des formulations telles que « Les résidents et résidentes étrangères se réunissent » ou encore « C’est un pays dont les us et coutumes sont appréciées. »
● Préférer les termes inclusifs plutôt que les dénominations génériques comme les droits de l’Homme. Dans ce cas, il faut privilégier, par exemple, « les droits humains ».
Pourquoi est-ce que l’écriture inclusive fait polémique ?
Les détracteurs de cette graphie ont de nombreux arguments à apporter, certains plus justifiés que d’autres. Un des premiers éléments de contestation est la difficulté de lecture qu’entraîne l’écriture inclusive. C’est une inquiétude, notamment, pour toutes les personnes souffrant de troubles dys. Ces troubles d’apprentissage, comme la dyslexie, rendent déjà une scolarité compliquée. Introduire des éléments nouveaux, complexifiant les visuels écrits, ne semble donc pas très indiqué pour faciliter leur apprentissage.
Pour d’autres, autoriser cette écriture inclusive serait un nivellement des élèves par le bas. La langue française doit rester dans sa complexité, avec toutes ses curiosités, selon les opposants. Du côté des linguistes, cette opinion n’est pas forcément soutenue. Ces derniers s’attachent à remarquer les évolutions d’une langue. Le français, de siècle en siècle, a vu ses formes écrites s’ajuster selon son oralité. Depuis l’introduction d’un français défini par l’Académie en 1634, cette évolution ne veut plus s’illustrer dans sa graphie, créant un décalage entre ce qui est écrit et ce qui est parlé.
Quelle est l’opinion des candidats à la présidentielle sur ce débat ?
Si la question de l’écriture inclusive agite à nouveau après 2017, c’est en réalité une question que l’Académie française combat depuis des générations. Le gouvernement, pourtant, semblait avoir tranché. L’utilisation de cette graphie dans les textes officiels ou les pratiques d’enseignement sont proscrits, d’abord par circulaire d’Edouard Philippe en 2017, puis réaffirmé en mai 2021 par Jean-Michel Blanquer.
Malgré cela, cette polémique, qui devient plus une question politique qu’un débat linguistique, s’introduit une fois encore dans les discussions aux présidentielles. Qu’en disent les candidats en lice ?
Zemmour, Pécresse : ces candidats strictement contre l’écriture inclusive
Zemmour, candidat d’extrême-droite, est un fervent partisan du français et de sa grammaire telle qu’elle a été définie par l’Académie. Il ne parle ainsi pas d’une évolution qu’apporterait l’écriture inclusive, mais s’offusque au contraire d’une langue qui se désagrège.
De la même façon, Valérie Pécresse, candidate LR, annonce clairement sa volonté d’interdire l’écriture inclusive. Cette graphie, jugée dangereuse, détournerait la langue française. Elle souhaite faire appliquer une langue qui soit intelligible et claire, notamment dans tous les textes administratifs.
Macron, Mélenchon : soutiens de l’écriture inclusive, mais pas trop ?
Difficile de placer Macron sur l’échelle de sympathie à l’écriture inclusive. Le président, cherchant à renouveler son mandat, a une tendance orale inclusive. Il ponctue ainsi ses discours de double flexion, utilisant des termes tels que « toutes et tous ». Ce soutien, toutefois, ne semble pas se retrouver dans ses actions concrètes. C’est sous son premier ministre, Edouard Philippe, qu’un texte au Journal officiel impose de ne pas écrire en inclusif.
Si le candidat de La France Insoumise prend parole pour défendre la langue française, il ne s’exprime pas réellement sur ce débat. Le soutien de Mélenchon se fait plutôt par la communication de son parti, qui depuis des années utilise l’écriture inclusive. Tous les supports essaient ainsi de mettre en avant la graphie, déclinée dans ces trois solutions (point médian, mots épicènes, féminisation des mots). La réussite n’est pas toujours assurée, certains documents n’utilisant que partiellement l’écriture inclusive.
Hidalgo, Jadot : raisonné ou assumé, ces défenseurs de l’inclusif
L’une, Hidalgo, est investie mais raisonnée, quand l’autre, Jadot, assume pleinement son support. Anne Hidalgo a pour volonté de conforter l’égalité par tous les biais, et notamment celui de l’écriture. Les textes administratifs, par exemple, continuent d’être rédigés en utilisant le point médian après son interdiction. La candidate, toutefois consciente du débat, temporise son activisme : elle la pratique, mais elle conçoit que ce soit compliqué à appliquer. Surtout, ce n’est pas, pour elle, le cœur du débat.
Au contraire, Yannick Jadot, représentant des Verts, illustre cette volonté d’intégrer et de populariser l’écriture inclusive. Son parti et lui militent pour son utilisation au quotidien, la généralisant tant à l’oral qu’à l’écrit. Le point médian et les autres solutions se retrouvent ainsi dans ses publications Twitter ou sur son programme officiel. Le soutien le plus vocal pour l’écriture inclusive se trouve donc du côté des socialistes et des verts.
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