Combien d’antonomases pouvez-vous me citer ? Quoi ?! La question peut paraître compliquée et pourtant, sans le savoir peut-être, vous pouvez sans doute citer des dizaines d’exemples car vous en utilisez tous les jours. Les antonomases, ce sont ces noms propres qu’on utilise à la place de noms communs. Écrire un message sur un Post-It, essuyer avec un Sopalin ou se moucher dans un Kleenex, en voilà un tout petit échantillon.
Sommaire :
- Qu’est-ce qu’une antonomase ?
- Comment une marque devient-elle un nom commun ?
- Bénédiction ou mauvaise pioche pour les marques ?
- Saurez-vous retrouver le nom original de ces antonomases ?
- Et à l’étranger, qu’est-ce que ça donne ?
Qu’est-ce qu’une antonomase ?
D’après le dictionnaire de l’Académie Française, une antonomase consiste à mettre un nom commun ou une périphrase à la place d’un nom propre, ou un nom propre à la place d’un nom commun. Dans notre situation, c’est donc le deuxième cas de figure : on remplace un nom commun par un nom propre. Le papier essuie-tout devient alors un sopalin, le chariot de supermarché un caddie et la pâte de guimauve un chamallow. Les exemples sont légion dans la langue française mais aussi dans les autres langues.
Comment une marque devient-elle un nom commun ?
Un nom de marque devient généralement un nom commun lorsque le produit de la marque domine le marché. Mais cela peut aussi se produire même si le produit ou le service de la marque n’est pas le premier des ventes, mais s’avère tout simplement plus simple à prononcer ou plus facile à retenir. Mobylette est ainsi préféré à cyclomoteur, frigidaire à réfrigérateur, canadair à hydravion bombardier d’eau ou encore cellophane à film protecteur transparent.
Pour aller encore plus loin, on peut même observer qu’il arrive que le nom d’une marque soit tellement assimilé dans la langue courante que sa forme en est modifiée. C’est le cas de Durit par exemple, qui fabrique des tuyaux souples en caoutchouc ou en silicone et qui servent à transporter des fluides. On appelle aujourd’hui volontiers cet élément une « durite », avec un e.
Bénédiction ou mauvaise pioche pour les marques ?
Voir le nom de sa marque devenir un nom commun employé au quotidien par des millions de personnes pourrait être perçu comme une consécration ultime… et pourtant.
Le risque de déchéance des droits
Certaines marques se battent et refusent d’être des noms communs. C’est le cas de Caddie, Post-It ou encore Karcher pour ne citer qu’eux. Pourquoi ? Tout simplement car la marque risque la déchéance de ses droits.
Quand une marque est déposée, elle bénéficie du monopole absolu sur le mot pendant 5 années. Or, l’article L714-6 du Code de la propriété intellectuelle précise que le propriétaire d’une marque devenue de son fait la désignation usuelle dans le commerce encourt la déchéance de ses droits de propriété. Les marques se doivent donc de réagir pour conserver leurs droits.
Un travail de sape pour les marques
Pour les marques, il s’agit donc de se battre pour que leur nom ne soit pas utilisé dans le langage courant. Mais cette défense s’avère chronophage et onéreuse pour ces grandes entreprises : dépôt de la marque dans plusieurs pays, veille juridique, envoi de courriers recommandés pour exiger des concurrents à renoncer à utiliser le nom de la marque, actions en justice… Sans ce travail de longue haleine, les marques peuvent perdre gros.
Mais le jeu en vaut la chandelle. Dans un article paru dans les Échos en 2018, le président des Ateliers Réunis Caddie expliquait que la marque perçoit chaque année des royalties de la part du constructeur automobile allemand Volkswagen qui a nommé un de ses véhicules « Caddy ».
Saurez-vous retrouver le nom original de ces antonomases ?
Nous sommes tellement habitués à utiliser certains mots qu’on ignore parfois qu’il s’agit d’une marque, à l’instar d’un coton-tige. Parfois, il est même difficile de trouver l’équivalence. Prêt à jouer ?
Nom de la marque | Signification |
Abribus | Aubette, mobilier urbain pour protéger les usagers des transports en commun |
Bateau-mouche | Bateau de promenade sur la Seine à Paris |
Caddie | Chariot de supermarché |
Canadair | Hydravion bombardier d’eau spécialisé dans la lutte contre les feux de forêts |
Cellophane | Film plastique protecteur transparent |
Chatterton | Ruban de coton isolant pour protéger les conducteurs |
Cocotte-Minute | Autocuiseur |
Coton-tige | Coton finement enroulé autour d’un bâtonnet destiné à nettoyer les oreilles |
Cubitainer | Récipient cubique destiné au stockage de liquides |
Dictaphone | Magnétophone |
Digicode | Clavier électronique pour avoir accès à un bâtiment |
Durite | Tuyau en caoutchouc ou en silicone assurant le transport de fluides |
Escalator | Escalier mécanique automatique |
Fermeture Éclair | Fermeture à glissière |
Flash-ball | Arme de défense pour tirer des balles en caoutchouc |
Formica | Stratifié recouvert de résine artificielle |
Gomina | Gomme capillaire pour se coiffer |
Gore-Tex | Textile synthétique imperméable et respirant |
Interphone | Téléphone à haut-parleur |
Jacuzzi | Bain bouillonnant |
Jeep | Véhicule tout terrain |
Jet-ski | Embarcation propulsée par jet d’eau d’un moteur à turbine |
Kalachnikov | Fusil soviétique |
Karcher | Nettoyeur à haute pression |
Klaxon | Avertisseur sonore |
Kleenex | Mouchoir jetable |
K-Way | Coupe-vent imperméable |
Maïzena | Farine de maïs destinée à la cuisine |
Massicot | Machine à couper le papier |
Mobylette | Cyclomoteur < 50cm3 |
Motocyclette | Cyclomoteur > 125cm3 |
Opinel | Couteau pliable |
PC | Ordinateur personnel |
Photomaton | Appareil automatique de photographie |
Placoplatre | Plaque de plâtre |
Pierrade | Appareil de cuisson sur pierre |
Post-it | Papier enduit de colle |
Boule Quiès | Protection auditive |
Rustine | Rondelle de caoutchouc pour réparer une chambre à air |
Scotch | Ruban adhésif |
Sucrette | Comprimé de sucre de synthèse |
Tabasco | Sauce piquante |
Velux | Fenêtre de toit |
Zodiac | Canot pneumatique |
Et à l’étranger, qu’est-ce que ça donne ?
Les marques qui deviennent des noms communs, ce n’est pas l’apanage des Français. En dehors de nos frontières aussi, les noms de marques sont lexicalisés. Pour en témoigner, rien de tel que des exemples.
En Allemagne
Chez nos voisins germaniques, « OB » est utilisé pour désigner un tampon hygiénique. En effet, Outre-Rhin, OB est une marque de tampons hygiéniques, ou de Tampax si vous préférez ! Comme quoi, à chaque pays son antonomase.
On peut aussi citer les « Weckglas », qui désignent les bocaux en verre, ou encore le « Knirps », à ne surtout pas oublier un jour de pluie. Oui, il s’agit d’une marque de parapluies pliants. Enfin, on peut citer « Uhu » qui est volontiers utilisé pour désigner de la colle. En France, certains disent de la « Glue », qui est également une antonomase.
En Pologne
Les Polonais utilisent le terme « Adidasy » pour désigner des chaussures de sports, en référence à la marque allemande. Quant aux « Pampersy », elles désignent – vous l’aurez deviné – les couches-culottes.
En Angleterre
Rien ne vaut une petite « Popsicle » en pleine canicule. Et oui, Popsicle c’est une marque de glace à l’eau passée dans le langage courant. On peut aussi citer le « Kitty litter », qui désigne la litière pour chat. Comme en français, les Anglais parlent de « frisbee » pour désigner le disque volant avec lequel on joue à la plage ou dans les parcs.
En résumé
Comment des marques deviennent des noms communs ?
Il arrive qu’un nom de marque devienne un nom commun quand une marque domine un marché. Cela peut aussi se produire si la marque a un nom plus court ou plus facile à retenir que ses concurrents. Parfois, le langage courant s’approprie tellement le nom d’une marque que son orthographe en vient à être modifiée.
Est-ce légal ?
Non, quand une marque est déposée, cette dernière bénéficie du monopole absolu sur le mot pendant 5 années. Ensuite, c’est à elle de se défendre pour éviter que son nom ne soit repris. Une démarche souvent coûteuse et chronophage.
La France est-elle le seul pays où se produit le phénomène ?
Non, on enregistre le même phénomène aussi à l’étranger. Des pays comme l’Allemagne, l’Angleterre et la Pologne possèdent eux aussi leurs propres antonomases.
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