L’allemand est une langue faisant l’objet de nombreux préjugés chez les locuteurs Français. Elle est notamment connue pour être une langue difficile à apprendre et aux sonorités dures. Pourtant, si l’on prend le temps de la réflexion, apprendre l’allemand a bien des avantages. Quels sont les principales difficultés ? Quelles sont les raisons qui devraient vous motiver à l’apprendre ? Tout ce qu’il faut savoir.
Pourquoi la langue allemande est-elle jugée difficile à apprendre ?
Les particularités de l’allemand
Comme chaque langue, l’allemand a ses particularités. Pour un apprenant français, elles peuvent être déroutantes au premier abord.
- 3 genres à connaître
L’allemand compte 3 genres : le féminin, le masculin et le neutre. Un fait déroutant pour les locuteurs de nombreuses langues, qui n’en comptent que deux : le féminin et le masculin. C’est le cas en français, en anglais, mais aussi en espagnol. La logique d’association des mots aux différents genres allemands n’est donc pas toujours évidente.
- Des déclinaisons
Autre subtilité de la langue allemande : les déclinaisons. La forme des articles, noms et adjectifs varie selon leur fonction dans la phrase. Quatre cas sont possibles :
- le nominatif (sujet de la phrase) ;
- l’accusatif (complément d’objet direct) ;
- le datif (complément d’objet indirect) ;
- le génitif (cas de l’appartenance ou de la possession).
Les déclinaisons paraissent complexes, mais comme pour toutes les langues, l’apprentissage est progressif et la pratique permet d’y voir plus clair. On notera que les apprenants ayant fait du latin au collègue, au lycée et/ou à l’université ont probablement un petit avantage pour comprendre le fonctionnement des déclinaisons. Il y en a en effet beaucoup en latin.
- La place du verbe
Le verbe se trouve parfois à la fin d’une phrase. C’est notamment le cas lorsqu’il y a des propositions relatives.
- Le pluriel
-e, -n, -en, -er, -s… Il existe différentes terminaisons pour les mots au pluriel.
Un apprentissage qui n’est pas insurmontable
Au premier abord, les spécificités de la langue allemande peuvent surprendre, dérouter et paraître très complexes. Toutefois, il existe des règles particulières pour toutes les langues. En français par exemple, le pluriel est en apparence simple. Il est marqué par l’ajout d’un « s » dans la plupart des cas. Mais il peut aussi être marqué par un « x ».
Autre complication courante et souvent source d’erreur, même pour les natifs : les participes passés. La terminaison des verbes dépend du groupe mais aussi de la place du complément d’objet direct. -é, -ée, -ées, -s, -ses, -is, -ies : les possibilités en matière de terminaison sont nombreuses.
L’étude et la pratique, essentiellement, permettent de s’améliorer au fur et à mesure. Il faut donc simplement s’armer de patience et saisir toutes les occasions de s’immerger dans la langue. Livres, films, séries, voyages linguistiques, intégration de groupes de polyglottes : à vous de choisir les meilleurs moyens pour progresser en marge de l’utilisation de votre méthode de langue.
L’allemand, une langue « moche » et difficile à prononcer ?
En dehors des spécificités liées à la langue, l’allemand souffre aussi d’un certain désamour de la part des Français en raison de ses sonorités réputées plus dures et sèches. Même si la présence de nombreuses consonnes peut être une source d’étonnement, le désamour pour l’allemand trouve probablement son origine ailleurs…
Personne n’ignore en effet qu’avant de devenir des partenaires commerciaux, la France et l’Allemagne ont entretenu des relations tumultueuses. Des guerres ont jalonné leur histoire commune et ont laissé des traces plus ou moins conscientes dans les esprits, notamment dans les territoires frontaliers.
Outre le fait d’être un ennemi « historique » dans l’inconscient collectif, l’Allemagne souffre aussi d’une mauvaise presse au cinéma. La Seconde Guerre mondiale est par exemple une source d’inspiration intarissable pour les réalisateurs. Elle donné lieu à la création de nombreux films où la seule vision des Allemands se limite à des soldats donnant des ordres ou vociférant.
En dehors du cadre des films de guerre, l’allemand est aussi souvent la langue des antagonistes. C’est par exemple cas dans Die Hard, Indiana Jones, Sleepy Hollow et même plus récemment dans le film Pitch Perfect 2, qui est pourtant une gentille comédie sur les chorales acapella. On citera aussi le monument de pop culture Star Wars, où le nom du grand méchant, Dark Vador, a des consonances allemandes.
Pour entrevoir la beauté de la langue, il convient d’interroger ses préjugés et de les dépasser. L’allemand n’est pas une langue plus désagréable qu’une autre à l’oreille. Il s’agit simplement d’éduquer son oreille et de s’intéresser à la culture du pays. Et pour commencer, quoi de mieux peut-être que de découvrir quelques mots d’amour…
Pourquoi apprendre l’allemand ? Les raisons qui devraient vous motiver
L’allemand n’a pas que des mauvais côtés, bien au contraire. Découvrez 6 bonnes raisons de l’apprendre.
1. L’allemand, une langue répandue
Contrairement à certaines idées reçues, la langue allemande n’est pas parlée qu’en Allemagne. On trouve aussi des locuteurs en Autriche, en Suisse, au Liechtenstein, au Luxembourg, en Belgique, ainsi que dans le Tyrol (province italienne). On dénombre environ 130 millions de locuteurs dont l’allemand est la langue maternelle ou la seconde langue.
2. L’Allemagne, premier partenaire économique de la France
Apprendre l’allemand a aussi son intérêt en matière d’emploi. L’Allemagne est le pays le plus riche d’Europe et entretient des liens étroits avec la France. Elle a implanté pas moins de 4 000 entreprises sur le territoire (contre 3 000 pour la France). Ces entreprises sont constamment à la recherche de locuteurs allemands connaissant la culture française afin de faciliter leur intégration sur le marché.
Les opportunités d’emploi sont aussi nombreuses outre-Rhin. Les locuteurs allemands y trouveront des postes intéressants et très bien rémunérés.
Bon à savoir
La plateforme de recherche d’emploi Indeed indiquait en 2018 que la langue allemande était la plus recherchée après l’anglais. Environ 4 000 offres d’emploi contenaient le mot clé « allemand ».
3. Des similitudes avec l’anglais
Si vous parlez anglais, sachez que cela est susceptible de faciliter votre compréhension de la langue. En effet, de nombreux mots sont similaires, à l’image de :
Mots en français | Allemand | Anglais |
École | Shule | School |
Été | Sommer | Summer |
Musée | Museum | Museum |
Père | Vater | Father |
Trouver | Finden | Find |
Parc pour enfant | Kindergarten | Kindergarden |
Au-delà des similitudes, de nombreux mots sont identiques en anglais et en allemand, comme « computer » (ordinateur), « album » (album), « winter » (hiver) et bien d’autres encore.
4. Des mots plus faciles à prononcer qu’en anglais
En anglais, il n’est pas rare que la prononciation des mots n’ait rien à voir, ou presque, avec leur orthographe. En allemand, un mot se prononce le plus souvent comme il se lit. Il n’y a pas beaucoup de mauvaises surprises.
5. Peu d’exceptions
La grammaire et la syntaxe peuvent être difficiles à appréhender dans un premier temps. Mais une fois la logique comprise, la suite de votre apprentissage sera nettement plus simple. Il y a peu d’exceptions dans la langue.
6. L’allemand, langue de culture
L’Allemagne a offert au monde des arts de nombreux poètes, musiciens et écrivains extrêmement talentueux. Apprendre l’allemand donne l’opportunité d’accéder à univers artistique exceptionnel et à des œuvres non traduites.
Vous hésitez encore à apprendre l’allemand ? La parole des apprenants reste encore le meilleur moyen de se faire une idée de la langue :
Bonus
Petit florilège des boutades et préjugés à l’égard de la langue allemande :
- « La langue allemande est si vibrante… une belle langue. La langue de la poésie. Une poésie très très en colère », John Oliver, humoriste.
- « La langue allemande n’est pas une langue, c’est un hache-paille », Edmond et Jules de Goncourt, écrivains, fondateurs de l’Académie Goncourt.
- « La vie est trop courte pour apprendre l’allemand », Richard Porson, érudit anglais.
- « L’allemand est la langue dans laquelle je me tais de préférence », Jules Renard, écrivain.
- « Lorsque quelqu’un parle allemand, attendre le verbe qu’il va prononcer en fin de phrase est une expérience terrifiante », Brian O’Nolan, écrivain.
Et vous, quelle vision avez-vous de l’allemand ?
Assimil vous accompagne…
Apprenez l’allemand grâce au guide de conversation Assimil. Les phrases, expressions et mots essentiels de la langue allemande n’auront plus de secrets pour vous grâce à des leçons pratiques adaptées à tous les niveaux.
Je suis depuis très longtemps convaincu par l’intérêt et la beauté de la langue allemande, même si c’est une langue de caractère (c’était même ma 1ère langue au lycée en classe de 6ème…)
Dans cet article, il est question de l’allemand standard, le « Hochdeutsch », et ce qui peut être déroutant c’est qu’en Allemagne (et aussi dans tous les pays germanophones), le plus souvent chacun parle le dialecte spécifique de sa région, et ils sont nombreux !
A titre d’exemple, un allemand de Hambourg ou de Kiel aura du mal à comprendre un allemand de Munich ou de Dresde dans leurs dialectes bavarois et saxons respectifs; l’allemand standard sera donc utilisé pour garantir l’intercompréhension.
Ce phénomène multidialectal ne s’observe quasiment pas en France.
Bonjour,
Il est un peu triste, d’une certaine façon, d’avoir à convaincre de la beauté de la langue allemande, ou de son utilité. Cet article est donc le bienvenu.
Quelques petites remarques critiques, cependant : les mots illustrant les similitudes entre l’allemand et l’anglais ne sont pas très bien choisis. Sur les six donnés, deux (dont l’un comporte une belle faute d’orthographe : Shule au lieu de Schule !) sont des emprunts au latin, et indirectement au grec, et se retrouvent pour cette raison également en français (école < schŏla < σχολὴ / musée < mūsēum < μουσεῖον ), et un autre est… un emprunt de l’anglais à l’allemand (Kindergarten). Le même genre de remarque s’applique à « computer » et « album ». Il aurait pourtant été très facile de trouver des dizaines d’autres paires dans le fonds proprement germanique des deux langues et, pour la dernière, de faire le parallèle simplement entre Garten et garden.
N’est-il pas aussi un peu curieux de terminer l’article en proposant d’apprendre l’allemand « grâce au guide de conversation Assimil », et pas avec le Sans peine ou le Perfectionnement ?…
Bonne fin de week-end,
Michel.
Rebonjour,
En relisant l’article, je m’aperçois aussi de deux autres erreurs, plus graves :
– le mot correspondant à l’allemand « Kindergarten » est écrit en anglais « kindergarden » avec un -d-, ce qui est considéré comme un faute (voir par exemple l’Oxford English Dictionary, ou bien outre-Atlantique le Merriam-Webster), bien que cette orthographe se rencontre parfois ;
– ce même mot, « Kindergarten/kindergard**en » est traduit par « parc pour enfant », alors qu’il a dans les deux langues le sens de « crèche », « jardin d’enfant » ou « école maternelle » !
Ce qu’on appelle « parc pour enfant » en français a deux sens, chacun ayant sa traduction en allemand et en anglais.
– parc d’activités de plein air plus spécialement destinées aux enfants : Kinderpark / children’s park.
– petit enclos de protection dans lequel les enfants en bas âge peuvent s’amuser (notons de plus que dans ce sens-là, le terme français le plus adapté est « parc pour bébé ») : Laufstall (ou Laufgitter) / playpen.
J’ai peine à le dire, mais ces erreurs viennent une fois encore prouver le peu d’attention accordée par les administrateurs de ce site à l’exactitude des articles publiés…😭. C’est un laisser-aller qui, à la longue, finit par nuire à la bonne image de la marque.
Merci,
Michel.
… considéré comme UNE faute…, cela va de soi, et je bats ma coulpe bien volontiers !
Sans compter qu’entre l’anglais et l’allemand, il existe pas mal de faux amis dans le vocabulaire…
Pour apprendre l’allemand avec ASSIMIL, oubliez le guide de conversation et focalisez vous plutôt sur la méthode complète de la collection « sans peine » depuis la plus ancienne édition jusqu’à la plus récente.
Pour se perfectionner, utilisez l’ancien ouvrage ASSIMIL « la pratique de l’allemand » (vieilli mais intéressant) et les deux éditions du « perfectionnement allemand » de Volker EISMANN (éditions de 1991 et de 2012) qui sont remarquablement bien faites.
Hormis ASSIMIL, il est intéressant d’avoir aussi des manuels scolaires d’allemand pour classes de terminales (LV1 ou LV2) qui ont été édités avant et après la chute du Mur de Berlin pour le choix des textes littéraires, historiques, et d’articles de presse presse.
Pour les anciens livres scolaires d’allemand (années 50, 60, et 70), je recommande ceux de la collection « Deutschland » écrits par Isler et Bodevin, ainsi que ceux écrits par Chassard & Weil et par Holderith.
Pour les livres scolaires les plus récents, tous se valent, avec une préférence personnelle pour « Einblick » (manuels de 2nde, 1ère, et terminale édités chez Hatier en 2012).
Et moi j’ai écrit le mot « presse » deux fois (!)
Dommage que l’on ne puisse pas modifier et corriger ses propres commentaires sur ce blog une fois qu’ils ont été envoyés…
Cette option doit pouvoir facilement se paramétrer.
Bonjour tout le monde,
Moi, de mon côté, je serais très intéressé par un suisse allemand Sans Peine. La Suisse étant un pays frontalier avec la France (j’imagine qu’il y a pas mal de Français qui partent s’installer en Suisse ou bien des frontaliers – mes beaux parents, alsaciens, travaillent à Bâle), et aussi un pays où une partie plutôt grande de la population parle le français (j’imagine que le marché suisse pour Assimil doit être plutôt grand ; en tout cas, c’est en Suisse que j’ai acheté mes toutes premières méthodes Sans Peine, quand j’habitais à Lausanne), une méthode Sans Peine pour le suisse allemand serait, à mon avis, un choix intéressant et probablement économiquement justifié.
Je comprends, bien sûr, qu’il n’y a pas vraiment « un seul » suisse allemand (en même temps, on pourrait dire la même chose de la plupart des langues du monde, non?), et que cela pourrait rendre la tâche de créer une méthode Sans Peine plutôt difficile… mais je trouverais cela intéressant, d’accorder une vingtaine de leçons à chaque grand groupe de dialectes suisses (dans 100 leçons, il y a assez de place pour les dialectes de la Suisse centrale (Lucerne, Schwyz, Uri, Obwald, Nidwald et Zoug), du nord-ouest (région de Bâle), orientale (Schaffhouse, Thurgovie, Saint-Gall, Glaris, Appenzell Rhodes-Extérieures, Appenzell Rhodes-Intérieures et la partie germanophone du canton des Grisons), et de l’espace Mittelland et Haut-Valais (Berne et Fribourg et la partie sud du canton de Soleure). Ce serait un joli défi, en tout cas…
À part ça… Je me suis finalement mis à travailler l’ouvrage Apprendre le Japonais de la collection Objectif Langues A2 et je dois dire que, malgré le fait que le choix pédagogique des auteurs de tout présenter en hiragana/katakana ait une raison d’être (j’imagine que c’est les mêmes raisons qui se trouvent derrière le choix de faire la même chose pour la Grammaire du Japonais), je trouve la lecture des textes très très très pénible. Même ayant étudié le japonais à l’université pendant des années et en ayant fait la méthode Sans Peine (aussi de Mme Garnier, méthode que je trouve exceptionnelle !), je finis par lire le texte en rōmaji, tellement c’est dur de lire le texte en kana sans espaces (les kanji ont une raison d’être !). C’est dommage, je trouve personnellement, parce que les dialogues sont bien, les enregistrements sont très vivants et naturels, les explications qui suivent et les exercices sont aussi bien… Mais je ne comprends toujours pas pourquoi on n’aurait pas pu écrire les textes des dialogues en « vrai » japonais (kana, kanji, furigana, ET rōmaji !), faute de préciser dans l’introduction que les kanjis (et les difficultés que leur utilisation et apprentissage représentent) ne seront pas abordés dans la méthode. C’est très étrange comme choix, je trouve… Pour l’ouvrage Grammaire du Japonais, je peux le comprendre (même si j’aurais quand même préférés que les kanjis aient été inclus – je possède pas mal de grammaires du japonais où les kanjis sont utilisés, et je ne vois pas vraiment le problème là-dedans, au contraire). Mais bon, je suis prof de langue, pas auteur de méthodes de langue !
Est-ce que quelqu’un ici a essayé d’aborder le japonais pour la première fois avec cet ouvrage Objectif Langues A2 ? Je suis curieux de savoir… Est-ce que vous trouvez qu’on peut arriver à un niveau A1/A2 ? J’ai commencé le chinois Objectif Langues A2, et je dois dire que c’est dur ! Le nombre de nouveaux mots qui apparaissent dans chaque leçon est effrayant à mon avis. C’est clair que le principe n’est pas le même que pour une méthode Sans Peine, où la progression est plus douce… Mais du coup je me demande quelle est la bonne approche… Est-ce qu’on est censé faire une leçon par jour ? J’y mets plus d’une heure !
/Gastón