Ils s’appellent Bangtan Boys, Block B, SHINee, I.O.I, ou encore f(x). Si vous ne savez pas à quoi correspondent ces noms, demandez à un adolescent, il vous répondra sûrement que ce sont des stars de la K-pop. Autrement dit de la musique pop coréenne. Depuis une petite dizaine d’années, ce courant musical venu d’Asie a fait une arrivée remarquée dans la vie chez des jeunes Européens et Américains. Assimil vous fait découvrir le phénomène K-pop.
Qu’est-ce que la K-pop ?
La K-pop, mot dérivé de Korean pop – littéralement « pop coréenne » – est un mouvement musical venu tout droit de Corée du Sud. Le terme englobe plusieurs genres musicaux : la pop, évidemment, mais aussi le rock, le RnB, le hip hop, la dance ou encore la musique électronique.
L’histoire de la K-pop
La K-pop a historiquement vu le jour à l’aube des années 1960. Après plusieurs décennies marquées l’occupation japonaise (1910-1945) et la guerre de Corée (1950-1953), ce courant musical symbolisait notamment le retour à un quotidien plus calme, où le pays d’Asie pouvait enfin profiter pleinement de divertissements. Mais c’est à partir des années 1990 que ce genre musical connaît un véritable essor. Comme quoi, il n’y a pas que l’Europe qui a marqué par les boys/girls bands à la fin du siècle dernier.
Au « pays du Matin calme », c’est le groupe Seo Taiji & Boys qui a lancé véritablement le phénomène K-pop, en 1992. Phénomène qui devra attendre les années 2010 pour débarquer de façon notable en Amérique et en Europe. Le courant est porté par l’artiste Psy et son désormais célèbre Gangnam Style, en 2012. Le clip est d’ailleurs devenu, en décembre de la même année, la première vidéo à franchir la barre symbolique du milliard de vues sur la plate-forme de vidéos, YouTube. Aujourd’hui, nombreux sont les groupes coréens à avoir traversé les frontières et à faire danser et chanter les jeunes Français et Européens. Ils s’appellent, entre autres, BTS, SHINee, I.O.I, f(x), ou encore Block B.
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La K-pop, une musique répondant à des codes
Ce phénomène est également accompagné d’éléments incontournables : des styles vestimentaires et capillaires généralement excentriques et très colorés ; des chansons entièrement en langue coréenne et traitant de sujets comme l’amour, l’amitié, les rapports humains, la sexualité (à très petite dose), ou des concepts manichéens comme le bien et le mal.
Des paroles touchant un maximum de personnes, des mélodies simples et entêtantes, des clips et des campagnes de communication extrêmement flashy et visuelles complètent ce cocktail musical qui a permis à la musique coréenne de s’imposer partout dans le monde.
Et, comme les boys/girls bands des années 1990, le public visé est majoritairement des jeunes adolescentes. Au-delà de l’aspect musical, la K-pop représente évidemment une grande industrie, boostée par la vente de billets de concerts et de multiples produits dérivés, mais une industrie aux coulisses peu reluisantes. Les membres des groupes de K-pop sont conditionnés pour plaire à leur jeune public et enchaîner les dates. Pire, leurs contrats signés avec les trois majors de l’industrie musicale coréenne – SM Entertainment, JYP Entertainment et YG Entertainment – sont relativement précaires. Récemment, un cas de suicide – Kim Jong-Hyun, 27 ans, membre de SHINee – visiblement épuisé par toutes les sollicitations, a secoué le monde de la pop coréenne.
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Le K-pop à la conquête du monde
En exportant sa musique coréenne, la K-pop a séduit un nouveau public, américain et européen. En dépit de la frontière du langage, tous les pays, qu’ils soient anglophones ou francophones, se sont mis au coréen sous l’impulsion de ces groupes venus d’Asie.
Le K-pop et la France
Et sur le vieux continent, les fans francophones représentent un public de choix, aussi bien en France, qu’en Belgique, ou Luxembourg. Et l’hexagone fait figure de plaque centrale où se réunissent tous les amateurs de pop coréenne. Pour preuve, en 2016, c’est Paris qui a été choisie pour accueillir la K-Con – Korean Convention – le tout premier festival de K-pop organisé en Europe. Au programme, six groupes bien connus des fans se produisaient sur scène : Block B, BTS, FTIsland, f(x), I.O.I, et SHINee.
Les 12 000 places pour le show ont trouvé preneurs en seulement quelques heures. Et dans l’AccorHotels Arena qui accueillait l’événement, ce sont des milliers de jeunes venus de l’Europe entière qui se sont réunis. Allemand, espagnol, britannique, néerlandais : toutes les langues étaient à l’honneur dans la célèbre salle parisienne. Symbole du succès international du phénomène K-pop et de la « hallyu », autrement dit la « vague coréenne ».
Prochainement, les 19 et 20 octobre 2018, ce sont les superstars de BTS – pour Bangtan Boys – qui se produiront à l’AccorHotel Arena. Comme tous les autres concerts de K-pop, le concert est déjà complet malgré des billets loin d’être donnés : 67,50 € pour les moins chers.
Depuis janvier 2018, la France possède même un magazine officiel sur la musique coréenne : « K ! World ». Tiré à 15 000 exemplaires, le fanzine est né en Haute-Vienne, à Rançon, à côté de Limoges. La fondatrice du journal destiné aux jeunes amateurs de K-pop reconnaît avoir été inspirée par sa propre fille, passionnée de Korean pop.
Quand la K-pop devient un outil géopolitique
Preuve de la force de la K-pop et de son importance pour la Corée du Sud : la musique pop et leurs nombreux groupes font figure de moyens de tractations dans les rapports qu’entretiennent Séoul et ses voisins nord-coréens et chinois.
En 2017, dans un contexte plus que tendu entre les deux Corée, le Sud avait répondu aux essais nucléaires du Nord avec de la K-pop ! À la frontière, Séoul a fait installer de puissants haut-parleurs qui ont craché pendant de longues heures, des tubes de pop coréennes. Le ministre de la Défense s’était fendu d’une conférence de presse, expliquant, non sans provocation, avoir « fait une sélection très diverse des plus grands succès récents pour que ce soit intéressant ». Comble de l’ironie, cette vengeance musicale a eu lieu le jour de l’anniversaire du leader nord-coréen, Kim Jong-Un.
À l’inverse, en mars 2018, dans une volonté de « donner un élan supplémentaire aux échanges et à la coopération inter-coréens relancés par les Jeux olympiques d’hiver à Pyeongchang », comme l’explique le ministre sud-coréen de la Culture, Séoul envoie une délégation d’artistes de K-pop pour un grand concert à Pyongyang, la capitale nord-coréenne.
Les groupes de pop coréenne sont également au cœur des tractations entre la Corée du Sud et la Chine. En cas de désaccord entre les deux pays, la non-venue d’un groupe de K-pop à Shangaï ou un embargo chinois sur les produits dérivés musicaux peuvent servir d’arguments de « réprimande ». Et inversement. En signe d’apaisement ou de relations conclues, autoriser un concert de K-pop en Chine peut être perçu comme une récompense, les fans chinois n’échappant pas à la vague pop coréenne.
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La K-pop donne des envies de voyage aux jeunes
Pour les jeunes passionnés de musique coréenne, la K-pop ne se limite pas à des chansons d’amour. Elle est aussi synonyme d’apprentissage et de perfectionnement en langue. Il n’est pas rare de voir des fans françaises utiliser des mots et expressions coréennes au quotidien, comme « saranghae », littéralement « je t’aime ». Les demandes d’inscriptions dans les rares établissements scolaires proposant une filière coréenne au programme n’ont d’ailleurs jamais été aussi importantes.
De même, écouter de la K-pop donne des envies de voyage à beaucoup de fans désireux de découvrir Séoul et la Corée du Sud. Au-delà de la musique, ce phénomène pousse les jeunes à découvrir de plus près la culture asiatique et coréenne. Nourriture, coiffure, vêtements, divertissements, littérature : certains fans n’hésitent pas à adopter un nouveau style de vie pour se rapprocher de leurs idoles. C’est donc tout naturellement que les envies de partir pour le « pays du Matin calme » se font ressentir.
Enfin, Internet et réseaux sociaux obligent, les fans échangent énormément entre eux. Et pour communiquer avec des personnes du monde entier, toute cette communauté parle anglais. Un moyen efficace de se perfectionner dans la langue de Shakespeare : il est toujours plus simple d’apprendre quand on parle d’un sujet qui nous passionne. Tant mieux si la K-pop motive les jeunes à se tourner vers de nouvelles langues et cultures.
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