Pour la première fois, la Polyglot Conference 2019 s’installe sur le continent asiatique, et plus précisément à l’Université Sangyo de Fukuoka, sise dans l’île de Kyushu au sud du pays, du vendredi 18 octobre au dimanche 20 octobre. Une occasion unique de découvrir le Japon, de rencontrer de nouveaux polyglottes et de retrouver les autres. Tim Keeley, hyperpolyglotte et professeur à l’Université Sangyo, organise avec Richard Simcott cette édition 2019, dont Assimil est toujours le sponsor.
Assimil : Avant qu’on en vienne aux questions relatives à la Polyglot Conference, une question plus personnelle. Je vois que votre liste de langues est impressionnante ! parlez-nous un peu de votre vie d’hyperpolyglotte.
Tim Keeley : J’ai grandi en Floride aux États-Unis, que j’ai quitté pour la Colombie pour la première fois en 1975, juste avant mes 19 ans. Pendant mon année en Colombie, j’ai étudié le portugais, le français et l’allemand. Après avoir voyagé en Amérique du Sud, je suis parti étudier à Genève. J’ai commencé à ajouter des langues slaves en faisant du vélo en Yougoslavie. Après avoir obtenu mon diplôme à l’Université de Floride, je suis allé étudier la littérature slave en Pologne, puis la littérature chinoise au Japon. J’ai vécu en Asie pendant 38 ans et j’ai enseigné le management interculturel à l’Université de Kyushu Sangyo (KSU) pendant 29 ans, à l’endroit même où la Conference va se tenir. J’enseigne principalement en japonais à la KSU, mais je parle également chinois, thaï, vietnamien, népalais, tamang et coréen avec mes étudiants. Pour le moment je me concentre surtout sur le tamang et le tibétain puisque je m’embarque dans un trek de 35 jours en ce début de mois d’août, au Népal tibétanophone.
A : Comment as-tu commencé à travailler avec Richard sur la Conference ?
T.K. : Quand Richard a commencé à chercher la prochaine destination, il m’a contacté pour étudier la possibilité d’aller au Japon. Il était excité à l’idée de transporter la Conference en Asie et pensait qu’il s’agirait d’un véritable changement. De nombreuses personnes demandait à ce que la Conference ait lieu dans différents endroits du monde. Le japon est un endroit unique en asie et Richard était très excité à l’idée d’y organiser la PC.
A : Pourquoi le Japon, et pourquoi Fukuoka ?
T.K. : Richard aime travailler avec des partenaires locaux et je suis à Fukuoka. C’était un bon choix parce qu’il ne s’agit pas de la ville typiquement trop chère et survoltée comme Tokyo. C’est plutôt une authentique ville japonaise qui correspond bien à l’objectif de la PC de célébrer et de mettre en valeur la langue et la culture du pays. Cela rend également la PC plus abordable pour ceux qui se déplacent au Japon également. Enfin, Fukuoka est aussi une ville magnifique dont les abords présentent de magnifiques paysages aux participants, comme autant de possibilités de découvertes pendant l’événement.
A : L’année dernière à Ljubljana on pouvait accéder à de nouveaux ateliers, en sus des interventions habituelles. Peut-on s’attendre à de nouvelles activités également cette année ?
T.K. : Nous aurons aussi ces ateliers cette année, mais on mettra beaucoup l’accent sur les langues indigènes, minoritaires ou en voie d’extinction, une thématique en phase avec l’intiative de l’ONU de faire de 2019 l’année internationale des langues indigènes. Le vendredi est réservé à la journée d’échange linguistique, qui permet aux participants de mieux faire connaissance tout en pratiquant des langues de façon agréable. Il y aura aussi des animations culturelles relatives au Japon et à la région de Fukuoka, mettant en valeur la riche diversité aussi bien des étudiants japonais que des étudiants étrangers.
A : Même si le programme des interventions n’est pas encore complet, que pouvez-vous nous dire des conférenciers et du programme ?
T.K. : Le programme célèbre le Japon et la région de l’Asie du sud-est, et nous aurons des intervenants évoquant des sujets en relation avec les langues locales, les comparant et les mettant en relation avec leurs histoires linguistiques personnelles. Nous restons aussi fidèles, dans ce programme d’interventions, à ce que j’évoquais plus haut, c’est-à-dire l’année internationale des langues indigènes. Mais comme nous le faisons tous les ans, nous espérons aussi surprendre l’assistance avec un sujet étrange et hors des sentiers battus. C’est toujours bien de mélanger un peu les genres.
A : Allez, transformez-vous en guide et donnez-nous quelques astuces pour découvrir Fukuoka…
T.K. : Fukuoka est une ville très agréable à explorer, à pieds, aussi bien le jour que la nuit. Il y a beaucoup d’endroits où l’on mange bien et il se passe toujours quelque chose. Le Japon traditionnel est présent dans la ville dans les zones autour de la gare de Hakata, aussi bien que dans les temples ou les mausolées disséminés dans toute la ville. Evidemment, le plus simple reste de faire une recherche sur Google pour localiser les activités idéales. Dans tous les cas il y a énormément à faire ici et à Kyushu comme au Japon en général, selon le temps dont les visiteurs disposeront.
A : Comment les les habitants de la ville et plus généralement les japonais vont-ils réagir à l’événement ? Le Japon est le pays le plus monolingue du monde !
T.K : Vraiment, je ne dirais pas que le Japon est le pays le plus monolingue qui soit. En se promenant autour du centre de Fukuoka, vous entendrez bien des langues différentes, car les visiteurs viennent de partout, et surtout d’Asie. Et puis, il y a aussi des amateurs de langues au Japon.
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