Le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne (UE) depuis plus d’un an déjà, le Brexit ayant acté son retrait juridique le 31 janvier 2020, après 45 ans de vie commune. Une séparation qui a aussitôt fait naître des questionnements sur le statut de la langue anglaise au sein de l’UE. L’anglais doit-il encore faire partie des langues officielles de l’Union ? Quel est l’impact du Brexit sur les langues officielles de l’UE ?

L’anglais, langue dominante de l’UE

L’anglais est devenu l’une des langues officielles de l’UE en 1973, bien après le français et l’allemand qui étaient déjà officiellement reconnues depuis 1958. Un retard rapidement rattrapé par le Royaume-Uni qui réussit à imposer sa langue. Mais si l’anglais est devenu, au fil des ans, la langue la plus parlée par les ressortissants européens, il est important de rappeler qu’elle n’est pas la première langue maternelle de l’Union européenne, l’allemand occupant toujours la première place sur ce podium.

Pour autant, l’anglais reste aujourd’hui la langue la plus couramment utilisée au sein des institutions européennes, qu’il s’agisse de la Commission, du Parlement ou encore du Conseil. D’après un rapport de l’Assemblée parlementaire de la francophonie en 2019, plus de 80 % des documents de travail de la Commission sont d’abord rédigés en anglais, contre 2 % en moyenne pour le français ou l’allemand. De quoi parler d’une véritable suprématie de l’anglais sur ses concurrents.

Le saviez-vous ?
L’Union européenne compte 24 langues officielles. C’est en 1958 que les premières langues sont officialisées : l’allemand, le français, l’italien et le néerlandais. Le danois et l’anglais rejoignent la liste en 1973. L’espagnol devient langue officielle en 1986, en même temps que le portugais. Quant à la dernière arrivée, il s’agit du croate, en 2013.

Post-Brexit : vers un statu quo linguistique

Bien que l’anglais demeure une langue officielle en Irlande et à Malte, le Brexit n’est tout de même pas sans conséquence : sans le Royaume-Uni, à peine plus de 1 % de la population européenne vit dans un pays dont l’anglais est une langue officielle. Par ailleurs, l’anglais se place désormais à la 17e position des langues maternelles les plus parlées par les citoyens de l’UE.

Et le français dans tout cela ? Il représente désormais une langue officielle pour 18 % de la population européenne, détrônant ainsi l’anglais.

Dans ce contexte, la question peut se poser : l’hégémonie de la langue de Boris Johnson peut-elle encore perdurer ? Une question déjà posée en 2016, quelques jours après le référendum sur le Brexit. L’UE avait répondu : « Le Conseil de l’UE, agissant de manière unanime, décide des règles qui gouvernent l’usage des langues dans les institutions européennes. En d’autres mots, n’importe quel changement aux règles concernant les langues des institutions européennes est sujet à un vote unanime du Conseil ». Ce sujet est en effet évoqué dans l’article 342 du Traité sur le fonctionnement de l’UE.

Concrètement, pour changer la donne et faire en sorte que soit supprimé l’anglais des langues officielles de l’UE, il faudrait que les 27 états membres soient d’accord. Or, difficile d’imaginer l’Irlande et Malte suivre le mouvement, alors que leurs habitants parlent couramment l’anglais. Résultat : malgré le Brexit, l’UE opte pour un statut quo linguistique. L’anglais restera donc une langue officielle de l’Union européenne.

La piste du rééquilibrage linguistique

Si la suppression définitive de l’anglais n’est pas envisageable, certains politiques français proposent une solution moins radicale : un rééquilibrage linguistique, qui laisserait davantage de place au français dans les instances communautaires, sans nécessairement exclure l’anglais.

C’est la volonté de Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie. Parmi les arguments cités dans sa tribune publiée dans Le Monde en février 2020, elle évoque le fait que le français soit « une langue parlée par 130 millions d’Européens et dans laquelle se reconnaissent 19 des 27 États de l’UE, ceux qui ont adhéré à l’Organisation internationale de la francophonie ». Les francophones représenteraient aujourd’hui plus de 300 millions de personnes dans le monde, et devraient être plus de 700 millions au milieu du siècle. Un phénomène mondial, que l’Union européenne se doit donc de considérer.

La secrétaire propose notamment d’imposer aux fonctionnaires européens la maîtrise de deux langues couramment parlées dans l’UE (en plus de leur langue maternelle) dès leur recrutement. Elle émet également l’idée de fixer un pourcentage de textes officiels rédigés dans des langues différentes que la langue majoritaire.

Malgré tout, cette piste du rééquilibrage n’entend absolument pas faire « la guerre des langues » ni mettre fin à l’anglais en tant que langue officielle de l’UE. Car Louise Mushikiwabo le rappelle : le pluralisme des langues et des cultures est une valeur intrinsèque à l’Union européenne. Il est primordial de préserver au maximum ce multilinguisme pour emporter l’adhésion et la confiance des citoyens, tout en défendant leur ouverture sur le monde.

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