« Ouaf », « woof », « haw », « wang »… Le chien n’a beau aboyer que d’une seule manière, la façon de transposer son cri à l’écrit, dans une onomatopée, peut changer radicalement entre les langues. Quels bruits font les animaux entre les différentes langues ? Et comment expliquer ces particularités ? Le point sur les onomatopées d’animaux et leurs différences entre les langues.

Quels sons font les animaux en différentes langues ?

Un chien aboie-t-il différemment suivant s’il se trouve à Paris ou Londres ? Le miaulement d’un chat va-t-il être le même s’il fait ses griffes sur un canapé de Berlin ou de Madrid ? A priori, on aurait tendance à croire que oui. Mais quand on regarde la retranscription des onomatopées représentant les bruits des animaux, on peut se poser quelques questions. Il y a sans doute autant d’exemples qu’il y a d’animaux sur terre. Donc ne prenons que quelques cas rapides pour illustrer tout cela.

Par exemple, si l’on vous demande quel bruit fait le chien, en tant que francophone, il y a de grandes chances que vous écriviez « ouaf » ou « ouah ». Mais quel son ferait ce même chien ailleurs ? Pour nos voisins anglais, il fait « woof woof », et en Allemagne « wau wau ». Des onomatopées finalement assez proches. Mais elles diffèrent beaucoup ailleurs : ainsi, le chien fait « bau bau » en italien, « gau gau » en espagnol, « ão ão » en portugais, « haw haw » en arabe ou encore « wang wang » en chinois.

Le chat fait, lui, partie des rares animaux dont la quasi-totalité des onomatopées sonnent de la même façon. Le monde semble s’être mis d’accord sur le bruit que font les félins quand il ne dorment pas. Ainsi, on retrouve le classique « miaou » en français mais aussi en arabe. Dans les autres langues, les matous poussent des « meow » en anglais, « miau » en allemand, espagnol et portugais, « miao » en italien ou encore « miāo » en chinois.

Mais pour certains animaux, on note de vraies différences dans les onomatopées. On peut par exemple citer le coq et son fameux « cocorico » en français qui peut devenir « gaggalagaggalagó » en islandais, « Ō ō ō » en chinois, voire « cock-a-doodle-doo » en anglais.

Enfin, on peut aussi se tourner vers le cochon. S’il fait « groin groin » en français, en revanche, c’est « oink oink » en anglais et en italien, « wǔ wǔ yī » en chinois, « nöff nöff » en suédois ou « chrum chrum » en polonais. Vous avez l’embarras du choix entre ces onomatopées très différentes. Reste maintenant à comprendre pourquoi existe-il de tels écarts d’orthographe pour qualifier un son identique dans le monde entier.

Pourquoi existe-t-il des onomatopées différentes entre les langues ?

Comme on l’a dit, a priori les chiens, les chats ou les cochons ne sont pas bilingues ou trilingues. Et ils n’adaptent pas leurs aboiements, miaulements, grognements ou autres pépiements en fonction du pays où ils se trouvent. L’explication vient donc des Hommes et de leurs rapports à la langue.

Tout d’abord, sur l’onomatopée en tant que telle, il existe cette singularité linguistique d’un rapport entre le mot et le son auquel il est rattaché. Cela explique notamment certaines ressemblances qui peuvent exister entre les langues, comme on l’a vu pour le miaulement, par exemple.

Toutefois, l’onomatopée n’échappe pas à une part d’arbitraire. La construction de l’onomatopée s’effectue à l’intérieur des limites du système phonétique de la langue. Il est donc logique de trouver des différences, parfois significatives.

Les onomatopées que nous utilisons, peu importe la langue, ne sont pas des imitations directes des animaux. Un coq ne fait pas vraiment « cocorico », pas plus qu’un chien ne fait réellement « ouaf ». Ce ne sont que des interprétations des sons qu’ils émettent. Interprétations elles-mêmes filtrées à travers les phonèmes propres à chaque langue. Ce qui explique donc les différences.

Naturellement, ces onomatopées influencent notre manière d’imiter les animaux. Il n’y a qu’à voir cette amusante vidéo réalisée par l’internaute anglais « properniceinnit » où des habitants du monde entier se prêtent au petit jeu de l’imitation d’animaux.

L’onomatopée reflète le rôle de l’animal dans la culture

Il n’existe que très peu d’études sur le sujet des onomatopées d’animaux et leurs différences entre les pays et les langues. On peut toutefois citer le Professeur Derek Abbott de l’université d’Adélaïde, en Australie. Lui le premier, il reconnaît et regrette une forme de « négligence académique » sur le sujet. Il cite l’exemple des dictionnaires qui « excluaient traditionnellement ces types de mots ». Un peu comme s’ils étaient considérés comme trop enfantins ou frivoles pour mériter l’intérêt d’une étude sérieuse.

Cette étude, le Professeur Abbott l’a, lui, prise au sérieux. Parmi les nombreuses constatations permises par son travail et ses recherches, il y en a une très intéressante : l’onomatopée animalière reflète le rôle de l’animal dans la culture du pays. Par « rôle », comprenez son importance.

Par exemple, Derek Abbott a mis en lumière la « diversité obsessionnelle » des Anglais pour les chiens. Dans la plupart des pays, il n’existe qu’un mot pour caractériser le bruit du chien. Les Anglais, eux, en ont au moins cinq : « woof », « yap », « bow wow », « ruff », et « growl ». C’est plus que dans les autres langues. Et la théorie d’Abbott souligne que les pays anglophones comptent le plus grand nombre de chiens par habitants.

Autre exemple : des chameaux ont été introduits dans l’Outback australien. C’est-à-dire dans l’arrière-pays inhabité et aride, au cœur de l’île. C’est donc tout naturel que l’anglais australien compte une onomatopée pour symboliser le bruit émis par le chameau : « grumph ». En France, si l’on sait que le chameau blatère, il n’existe pas d’onomatopée pour caractériser son cri. Et c’est normal puisque cet animal ne fait pas partie de notre culture. Ou alors seulement quand Jean Dujardin l’imite sur des plateaux de télé.

Plus près de chez nous, on retrouve cette particularité culturelle chez nos amis Suédois. Ils sont les seuls au monde à posséder dans leur langue une onomatopée pour l’élan. Là encore, c’est parce que la présence de cet animal est plus fréquente chez eux qu’ailleurs, et qu’il fait partie intégrante du quotidien des Suédois. Et pour la petite anecdote, ça se prononce « broel ».

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